Harvard renvoie des dirigeants de son Centre d’Études sur le Moyen-Orient

Le doyen par intérim pour les sciences sociales de Harvard, David M. Cutler (promotion 1987), a renvoyé les dirigeants (membres du personnel enseignant) du Centre d’Études sur le Moyen-Orient (CMES), mercredi 26 mars, selon un enseignant familier avec la situation — un bouleversement dans un centre qui s’est retrouvé sous le feu des critiques pour ses programmes sur Israël et la Palestine.

Le directeur du CMES, le professeur d’Études turques Cemal Kafadar, et sa directrice adjointe, la professeure d’histoire Rosie Bsheer, ont tous les deux été contraints de quitter leurs postes, selon l’enseignant.

Le professeur en santé mondiale Salmaan A. Keshavjee — directeur par intérim du centre pendant que Kafadar était absent — sera maintenu à son poste.

Ces départs ont lieu après que le CMES a été confronté à plusieurs reprises à des critiques publiques d’affiliés à Harvard qui ont allégué que certains programmes du centre étaient antisémites et n’avaient pas représenté la perspective israélienne.

Au milieu d’une campagne de pression croissante de l’administration Trump, des homologues de Harvard ont commencé à fermer ou à réviser des programmes dont la Maison blanche dit qu’ils requièrent une supervision. À l’université Columbia, où l’administration Trump a annoncé une coupe de 400 millions de dollars dans les subventions fédérales, les administrateurs ont accédé aux demandes de la Maison blanche de placer les programmes d’études sur le Moyen-Orient de l’université sous un contrôle plus étroit de l’administration.

Cutler a annoncé dans un email à quelques affiliés du centre, email obtenu par The Crimson, que Kafadar quitterait la direction du CMES à la fin de l’année. Cutler a remercié Kafadar pour son travail au CMES avant de demander à ses collègues de suggérer avant le 16 avril des candidats potentiels pour la future direction.

« J’aimerais avoir vos idées sur la personne qui, en plus d’une direction intellectuelle et d’une vision convaincante pour le Centre, amènerait aussi les compétences administratives nécessaires pour réussir dans ce rôle crucial », a écrit Cutler.

L’email de Cutler ne donnait aucune raison pour le départ de Kafadar. Bsheer n’était pas nommée dans le mail.

Un porte-parole pour la Faculté des arts et des sciences a refusé tout commentaire. Bsheer, Keshavjee et Kafadar n’ont pas non plus répondu immédiatement à nos demandes de commentaires vendredi après-midi.

Ces apparents renvois sont une mesure particulièrement remarquable de la part de Cutler, un économiste qui devait avoir le rôle de doyen de la division de sciences sociales seulement pendant un semestre, alors que le doyen en titre Lawrence D. Bobo est en congé.

Kafadar est en congé pour l’année universitaire 2024-2025. Keshavjee, qui est aussi affilié au département d’anthropologie et est doyen de faculté pour Adams House, servait en son absence de directeur par intérim du centre.

Récemment, Harvard a pris publiquement ses distances de programmes sous le feu des critiques pour antisémitisme allégué ou pour des critiques d’Israël de personnes affiliées. L’École de santé publique de Harvard a récemment suspendu son partenariat de recherches avec l’université Birzeit en Cisjordanie, cédant à des demandes répétées pour briser les liens avec cette institution.

L’ancien président de Harvard Lawrence H. Summers a écrit dans un post sur X en mars qu’un panel en février au CMES sur « la guerre d’Israël au Liban » était « très probablement » antisémite selon la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, qu’Harvard a adoptée dans le cadre d’une convention de règlement en janvier.

Un rapport de l’Alliance des anciens étudiants juifs de Harvard, un groupe de plaidoyer d’anciens étudiants, a accusé en mai le CMES de diaboliser Israël comme « la dernière puissance coloniale de peuplement restante incarnant les pires maux du monde : racisme, apartheid et génocide. »

Le rapport accusait le CMES de se focaliser de manière disproportionnée sur le conflit Israël-Palestine par rapport à d’autres régions ou conflits. Cela incluait une longue liste d’événements que les auteurs du rapport estimaient suspects, non équilibrés ou répréhensibles. Un étudiant, cité anonymement dans le rapport, a ciblé Kafadar pour avoir exprimé des opinions pro-Palestine devant ses étudiants.

Kafadar et Bsheer garderont leurs positions en tant qu’enseignants.

C’est une histoire en cours qui sera développée.

Correction: 28 mars 2025

Une version antérieure de cet article affirmait que le professeur de santé mondiale Salmaan A. Keshavjee avait quitté la direction par intérim du Centre pour les Études sur le Moyen-Orient. En fait, Keshavjee restera dans sa position par intérim jusqu’à la fin du semestre.