Les hommages affluent pour le célèbre universitaire d’Al-Aqsa qui s’intéressait particulièrement aux traumatismes causés par le conflit
Les hommages affluent pour l’universitaire palestinien Fadel Abu Hein, professeur et psychologue à l’université Al-Aqsa de Gaza, après qu’il a été tué par un sniper israélien le 23 janvier.
La mort d’Abu Hein s’est produite quand les forces israéliennes ont encerclé la zone de Khan Younis de Gaza, où se trouve l’université d’ Al-Aqsa.
L’université a été endommagée par les attaques israéliennes, mais les Palestiniens déplacés continuent de s’y abriter et Israël demande qu’ils partent.
Abu Hein, qui était à Khan Younis quand il a été tué, était considéré comme un expert des traitements des traumatismes et des pathologies de santé mentale résultant d’années de guerre.
Ses étudiants et ceux qui connaissaient son travail ont laissé une série d’hommages après avoir appris sa mort.
« Fadel Abu Hein a été interviewé pendant des années sur son rôle dans sa communauté, vous devez lire ses mots, reconnaître son travail universitaire. Mon coeur se brise pour la vie qu’il a endurée, la dignité qu’il a montrée et sa mort sans nécessité, une immense perte pour le peuple de Gaza », a posté un universitaire sur X, la plateforme de réseau social connue auparavant sous le nom de Twitter.
« C’est si triste de perdre un collègue … le professeur de psychologie Fadel Abu Hein a apporté une expertise indispensable, ses recherches et ses activités communautaires dans le domaine des traumatismes et de leur impact sur la santé mentale des Palestiniens, particulièrement des enfants de Gaza », a dit un autre.
Le travail d’Abu Hein impliquait des voyages en Europe et aux États-Unis dans le cadre de conférences et de réunions universitaires.
Israël a tué au moins 94 autres universitaires dans sa guerre contre l’enclave assiégée. Un total d’au moins 25000 Palestiniens ont été tués dans le conflit jusqu’à présent, dans une large majorité des civils.
Abu Hein a été professeur de psychologie à l’université d’Al-Aqsa pendant plus de 20 ans et il avait publié plusieurs journaux et articles de recherche dans son domaine.
Il était aussi directeur du Centre d’entrainement communautaire pour la gestion des crises (CTCM) à Gaza.
Dans un interview avec The Guardian en 2005, Fadel disait que les enfants palestiniens étaient devenus « indifférents à la mort » après la Deuxième Intifada.
« Dans le long terme, le traumatisme grandira avec l’enfant et deviendra une partie de sa personnalité », ajoutait-il, disant que les enfants avaient été traumatisés par les tirs israéliens, les raids de nuit, les démolitions et le stress d’autres personnes.
Pas d’accès pour les ambulances
Abu Hein a été arrêté par les forces israéliennes en 2003 pendant une incursion qui a provoqué la mort de 13 Palestiniens, dont ses trois frères.
Un rapport dans le New York Times de la même année disait qu’il avait plaidé non coupable aux accusations de possession d’armes et d’incitation à la violence, après sa mise en détention.
Sa maison familiale a été plus tard complètement rasée par Israël.
Le Centre pour les droits humains a dit qu’Abu Hein avait été soumis à la privation de sommeil et contraint à rester dans des positions douloureuses pendant des périodes de temps étendues au cours de son interrogatoire.
Un des centres d’intérêt académiques d’Abu Hein était le travail pour surmonter la stigmatisation autour des questions de santé mentale, particulièrement pour les hommes.
Il disait que le conflit continu avait un « effet désastreux » sur la psyché des enfants de Gaza et que des symptômes courants de traumatisme au long terme incluaient la panique, le manque de confiance en soit et l’absence de sentiment de sécurité, qui les rendaient plus introvertis ou plus agressifs envers les autres.
« Il est difficile d’offrir un traitement psychologique [aux enfants] parce que Gaza vit dans une réalité qui change », disait-il dans une interview de 2022.
Khan Younis, où Abu Hein est mort, est le dernier objectif de la campagne dévastatrice d’Israël à Gaza, qui a laissé la plupart de la zone nord du territoire inhabitable.
Depuis que la guerre a commencé, les Palestiniens ont été forcés de se déplacer d’une zone à une autre étant donné qu’Israël cherche à déraciner le Hamas de Gaza.
Quand les snipers et les tanks se sont mis en place à Khan Younis mardi, les ambulances ont été dans l’incapacité d’atteindre les blessés.