Fermeture au MoMA tandis que plus de  500 Protestataires se sont infiltrés dans l’Atrium en soutien à la Palestine

Les organisateurs ont dévoilé un panneau affichant : « Les actionnaires du MoMA financent le génocide et le colonialisme de peuplement »

Des activistes ont “pris” le deuxième étage de l’Atrium du Musée d’art moderne pour y mener une manifestation de masse (toutes les photos sont de RheaNayyar/Hyperallergic, sauf mention contraire)

Le Musée d’Art Moderne (MoMA) de Manhattan a, de façon inattendue, fermé ses galeries au public à 15h45 le samedi 10 février, après que plus de 500 protestataires propalestiniens ont envahi le deuxième étage de l’atrium du bâtiment pour une manifestation de masse. Selon les estimations de certains organisateurs, plus de 800 activistes ont empli le musée.

Coorganisé par plusieurs groupes de plaidoyer et de militants, la manifestation a comporté diverses tactiques. Ayant débuté à 15h30, les organisateurs se sont dispersés pour distribuer plus de 1 000 imitations de dépliants du musée, personnalisés, mettant en cause cinq administrateurs du musée — Leon BlackLarry FinkPaula CrownMarie-Josée Kravis et Ronald S. Lauder — et de possibles investissements financiers et d’entreprise de leur part dans l’industrie de l’armement israélienne , la technologie de surveillance et « des valeurs conservatrices ». Peu après, des centaines de manifestants ont commencé un sit-in dans l’atrium.

Depuis le deuxième étage, un groupe de manifestants a dévoilé une banderole surplombant le lobby du musée et une sortie arrière, sur laquelle on lit : « Les administrateurs du MoMA financent le génocide, l’apartheid et le colonialisme de peuplement » à la vue des personnes se trouvant au premier étage.

Les organisateurs ont mis en cause les liens supposés des administrateurs du MoMA avec des investissements financiers et d’entreprises dans les actions militaires israéliennes.
Un dépliant distribué par les manifestants.

Depuis les troisième et cinquième étages d’autres banderoles – appelant à un cessez-le feu immédiat, une Palestine libre et la libération de tous les prisonniers – ont été déployées depuis les corniches d’observation et suspendues le long de l’exposition en cours de sculptures en forme de filets de pêche de l’artiste Carolina Caycedo.

“Free, free Palestine,” scandaient les manifestants après le dévoilement des inscriptions, suivi de la lecture par un groupe d’un passage du dépliant contrefait s’adressant aux visiteurs sur le principe de la protestation et sur la décision de critiquer spécifiquement le musée.

Un illustrateur et auteur d’estampes du Queens, âgé de 27 ans, qui a participé au sit-in et a requis l’anonymat a dit à Hyperallergic qu’ils ont été informés de la manifestation par les réseaux sociaux. « Nos impôts servent déjà au génocide »a-t-il dit. « Ce qui peut résulter de mieux de cette manifestation est que les gens résilient leur adhésion au MoMA et le boycottent jusqu’à ce que le musée se sépare des membres du conseil d’administration qui financent le génocide ».

« Le musée devrait être un lieu pour nous, Newyorkais, et une majorité d’entre nous ne sont pas au conseil d’administration à financer le génocide » a poursuivi l’artiste. « Ne soyez plus membres du musée, ne payez plus le ticket à 30 dollars ».

En moins de 15 minutes le service de sécurité du MoMA a fermé les galeries et a commencé à refouler les gens qui voulaient entrer et à laisser sortir les visiteurs. Les membres de la presse ont été admis à l’intérieur vers 16h45.

Le sit-in du MoMA s’est terminé vers 17h, après quoi les manifestants encore présents ont quitté le musée et ont commencé à défiler vers le haut de la ville. Au milieu des six voitures de police stationnées à la sortie, des dizaines de visiteurs potentiels du MoMA faisaient la queue à l’extérieur du musée, attendant de pouvoir entrer. Trois membres de l’équipe de sécurité ont confirmé à Hyperallergic que le musée était fermé tandis que les organisateurs de la manifestation distribuaient les dépliants restants aux personnes qui attendaient à l’extérieur.

Beaucoup de gens étaient troublés du fait que le musée reste fermé alors qu’il restait une heure et demie de l’horaire d’ouverture du jour après la dispersion de la manifestation et un homme à l’extérieur a commencé à crier à plusieurs reprises « Fuck the Palestinians » tandis que la queue commençait à se clairsemer. Un autre homme, pris d’exaspération, félicitait les manifestants qui distribuaient les tracts pour avoir mené cette action ».

Le musée a fermé ses galeries au public vers 15h45
Des manifestants brandissent des panneaux en signe de solidarité avec la Palestine en face du musée de Brooklyn. (photo Maya Pontone/Hyperallergic)

L’action d’aujourd’hui au MoMA coïncidait avec une autre manifestation qui a amené 300 personnes devant le musée de Brooklyn, organisée par Within Our Lifetime Palestine – WOL Palestine (De Notre Vivant Palestine). Quatre manifestants au moins ont été arrêtés dans ce lieu, comme l’a confirmé Hyperallergic qui était présent.

Les deux actions se sont aussi produites en même temps que la publication d’une lettre ouverte signée par plus de 100 travailleurs de la culture dans des organisations telles que le Musée d’Art Métropolitain, le Musée de Brooklyn, et le Studio Musée en signe de protestation contre « le silence scandaleux de nos institutions alors qu’Israël commet un génocide à Gaza ».

« Tandis que les musées et les institutions culturelles de notre ville prétendent être engagés pour la justice, l’action sociale et l’équité, leur silence les a rendus complices de l’assassinat de plus de 27 000 personnes en Palestine, sachant que des milliers d’autres sont coincés sous les gravats des bombardements depuis le 7 octobre » dit la lettre.

Le MoMA n’a pas encore répondu à la demande de commentaire de Hyperallergic.

Au MoMA, des banderoles ont été déployées depuis les corniches d’observation et suspendues le long des sculptures en forme de filets de pêche de l’artiste Carolina Caycedo.

Rhea Nayyar (she/her/elle) est une artiste enseignante de New-York, qui œuvre passionnément à élever le niveau des perspectives offertes aux minorités dans les sphères académique et éditoriale du monde de l’art