Des organisations palestiniennes de défense des droits humains appellent la communauté internationale à intervenir pour arrêter les massacres israéliens à Gaza et à protéger les civils palestiniens

Au cours des deux derniers jours, l’armée israélienne a conduit une série implacable d’attaques aériennes, maritimes et terrestres contre la population civile de Gaza, détruisant des dizaines de maisons et leurs habitants restés à l’intérieur, des bâtiments d’habitation et d’activités économiques – souvent sans lancer préalablement des avertissements de précaution – et effaçant complètement des familles entières. Des moquées et des équipements médicaux se sont trouvés attaqués.

La population est incitée, par des textes aléatoires, à évacuer les maisons, ce qui accroît la peur, la terreur et la panique dans la population civile tandis que des avions de guerre sont en survol permanent. Selon le ministère palestinien de la santé, entre le 7 octobre et le 9 octobre 2023 à 15h, 560 Palestiniens ont été tués et 2 900 blessés. Des centaines de maisons ont été détruites, causant le déplacement de milliers de civils. La fourniture d’eau et d’électricité est toujours arrêtée.

Al-Mezan, Al-Haq et Le Centre Palestinien des Droits Humains condamnent fermement le ciblage généralisé et systématique d’Israël sur les civils de la bande de Gaza, qui peut être qualifié de crime de guerre et de crime contre l’humanité, justifiant l’intervention de la communauté internationale pour assurer que la responsabilité soit reconnue. Dans les conflits armés, tous les civils et biens civils doivent toujours être protégés. Toutes les parties doivent se plier à leurs obligations légales selon le droit international humanitaire – dont les principes de distinction, proportionnalité et précaution régulent la conduite des hostilités. Israël ne doit pas traiter la totalité de la bande de Gaza come un seul objectif militaire. Il est interdit de de traiter comme un seul objectif militaire un certain nombre d’objectifs militaires clairement distincts situés dans une ville ou localité où sont concentrés des biens civils.

Ce qui suit représente les plus flagrantes attaques israéliennes menées dans la bande de Gaza entre le 8 et le 9 octobre 2023 [1], contrôlées et documentées conjointement par Al-Haq, Al-Mezan, et le Centre Palestinien pour les Droits Humains :

  • À environ 11h30 dimanche 8 octobre 2023, des avions de chasse israéliens ont visé la maison de 4 niveaux de la famille Al-Nabaheen, à l’est du camp de réfugiés de Al-Bureij dans le district central de Gaza, sans avertissement préalable, tuant 13 Palestiniens, dont 10 enfants et deux femmes. L’attaque a aussi entrainé la destruction totale de la maison.
  • À environ 12h30 le même jour, des avions de chasse israéliens ont visé la maison de quatre niveaux de Jamil Hassan Mohammad Al-Za’anin, âgé de 66 ans, située à proximité de la mosquée Abdul Azzam à Beit Hanoun dans le district nord de Gaza. Cet immeuble de quatre étages était le lieu d’habitation de quatre familles. L’attaque a tué 20 Palestiniens à l’intérieur, dont cinq femmes et 11 enfants et elle a démoli la maison. 
  • À environ 16h30 le dimanche 8 octobre 2023, des avions de chasse israéliens ont visé la maison de quatre niveaux de la famille Al-Assar, à l’est du camp de réfugiés de Al-Nusairat dans le district central. Quatre Palestiniens ont été tués dans l’attaque, dont deux enfants et une femme. L’attaque a aussi conduit à une destruction totale de la maison visée et de trois maisons voisines.
  • À environ 17h30 le même jour, des avions de chasse israéliens ont visé la maison de la famille Harara, à l’est du quartier de Al-Sheja’eyya dans la partie est de la ville de Gaza, tuant cinq Palestiniens et détruisant totalement la maison.
  • À environ 20h30 le même jour, des avions de chasse israéliens ont visé la maison à deux niveaux de la famille Shmallakh, située dans le quartier de Sheikh Ejlein, au sud de la ville de Gaza, domicile de trois familles. Neuf Palestiniens ont été tués dans cette attaque, dont deux femmes et trois enfants et la maison a été complètement détruite.
  • À environ 21h50 le même jour, des avions de chasse israéliens ont visé un appartement dans un immeuble d’habitation propriété de la famille de Abu Zohri dans le camp de réfugiés de Shaboura, dans la ville de Rafah, sans avertissement préalable. L’attaque a tué cinq Palestiniens, dont deux femmes et un bébé ; 30 autres personnes ont souffert de diverses blessures.
  • À environ 1h20 du matin le lundi 9 octobre 2023, des avions de chasse israéliens ont visé la maison de Rafat Abu Helal, un dirigeant des Brigades Al-Nasser Salah al-Deen, dans le quartier de Bashit du camp de réfugiés de Rafah, sans avertissement préalable. L’attaque a complètement détruit la maison de Abu Helal et plusieurs maisons voisines, avec leurs habitants encore à l’intérieur. Rafat Abu Helal a été tué ainsi que 19 civils membres de sa famille et quatre autres familles, dont neuf femmes et quatre enfants ; 40 autres civils ont souffert de diverses blessures.
  • À environ 2h du matin le même jour, des avions de chasse israéliens ont visé la maison à deux niveaux de la famille de Abu Al-Amrein dans le village de Al-Qarara, au nord-est de la ville de Khan Younis, sans avertissement préalable. L’attaque a détruit la maison et ses habitants et a causé de graves dommages sur plusieurs maisons des environs. Cinq Palestiniens, dont deux femmes et deux jeunes filles ont été sauvées des décombres. À l’heure où ce texte est écrit, les équipes de défense civile essaient de localiser d’autres personnes manquantes sous les décombres.
  • À environ 3h du matin le même jour des avions de chasse israéliens ont ciblé la maison à quatre niveaux de Mousa Samir Al-Qatanani, âgé de 64 ans, en face de l’école Um Al-Fahm de Beit Laiya, dans le district nord de Gaza, sans avertissement préalable. La maison, habitée par cinq familles, a été complètement détruite et la totalité de ses 13 occupants civils, dont quatre femmes et cinq enfants ont été tués.
  • À environ 3h30 du matin, le lundi 9 octobre 2023, des avions de chasse israéliens ont ciblé la maison de deux niveaux des fils de feu Ibrahim Hassan Abdulqadir, située dans la zone de Tal-al-Zaatar à Jabbaliya, dans le district nord de Gaza, sans avertissement préalable. La maison, habitée par cinq familles a été complètement détruite et quatre Palestiniens ont été tués dont deux femmes et deux enfants.
  • À environ 4h30 du matin le même jour, des avions de chasse israéliens ont visé la mosquée Ahmed Yassin, une structure de quatre niveaux, située en face de l’école élémentaire Al-Shate’ dans le camp de réfugiés de Al-Shate’, dans l’ouest de la ville de Gaza. L’attaque a complètement détruit la mosquée et tué trois civils, deux femmes et une fillette.
  • À environ 5h du matin, des avions de chasse israéliens ont ciblé la maison à deux étages de la famille Fayyad située au sud de Deir Al-Balah, dans le district du centre de Gaza, sans avertissement préalable. L’attaque a abouti à la destruction complète de la maison ainsi que de deux maisons adjacentes et à la mort de trois Palestiniens.
  • À environ 6h du matin le même jour, des avions de chasse israéliens ont visé un espace ouvert rue Al-Sammouni, au sud-est du quartier Al-Zaytoun de la ville de Gaza. L’attaque a abouti à la mort de deux sœurs, Mira Mahmoud Fouad Abu Ghneima âgée de 6 ans et Lara de 5 ans.
  • À environ 7h10 le même jour, des avions de chasse israéliens ont ciblé la maison de deux niveaux de Faisal Qishta dans le quartier de Qishta, au sud de la ville de Rafah, sans avertissement préalable. L’attaque a tué Faisal et sa fille et blessé quatorze autres personnes. La maison a été complètement détruite par cette attaque.
  • À environ 11h10 le même jour, des avions de chasse israéliens ont visé la mosquée AL-Sousi dans le camp de réfugiés de Al-Shate’, tuant 11 civiles dont des enfants.
  • Enfin, à midi aujourd’hui, l’armée israélienne a perpétré l’un des crimes les plus haineux des deux derniers jours en attaquant un immeuble d’habitation du camp de réfugiés de Jabbaliya dans le district nord de Gaza. Le bâtiment, qui appartenait à la famille Abu Eshkian, était situé dans une zone densément peuplée à proximité de lieux d’hébergement conçus pour des personnes déplacées. L’attaque a tué trente-cinq civils qui ont été admis à l’hôpital indonésien de ce même quartier où ils ont été emmenés dans des voitures et des ambulances. Un nombre significatif de personnes a subi des blessures.

Le nombre de gens déplacés de force de leur maison s’est accru. L’Office de Secours et de Travaux de l’ONU pour les Réfugiés Palestiniens (UNRWA) a annoncé qu’il fournit désormais des abris à environ 73 538 personnes déplacées en interne dans 64 de ses écoles dans toute la bande de Gaza, dont 45 sont conçues pour des urgences. On suppose que des milliers d’autres personnes se sont mises à l’abri dans leur famille élargie. L’UNRWA a aussi annoncé  que 14 de ses écoles étaient endommagées. Nos organisations ont documenté le ciblage direct de certaines de ces écoles.

Au sein de cette guerre totale contre la population civile palestinienne, le gouvernement israélien a aussi coupé l’adduction d’eau et d’électricité de la bande de Gaza, où maintenant l’électricité ne fonctionne plus que 4 heures par jour. La perturbation de la fourniture d’eau et de la production d’électricité laisse présager des conséquences catastrophiques. L’Autorité palestinienne de l’eau a estimé  la baisse de fourniture d’eau à 40% du fait de l’interruption de la fourniture par Mekorot, la compagnie nationale israélienne de l’eau.

Le Centre Palestinien pour les Droits Humains, Al-Haq et Al Mezan condamnent avec la plus grande fermeté le ciblage de civils et la destruction de maisons et d’autres structures privées et publiques. Nous condamnons, de plus, le fait de terroriser la population de Gaza et de déplacer des milliers de personnes de leurs maisons, le déni de la protection des civils et leur droit à l’accès à l’eau et à l’électricité. Ces actes sont en violation du droit international et sont considérés comme une punition collective et clairement comme crimes de guerre.

La population civile protégée de Gaza, en particulier les femmes et les enfants, sont ceux qui paient le prix du manque de volonté et de l’inaction de la communauté internationale pour mettre fin aux crimes d’Israël contre le peuple palestinien et pour traiter des causes de fond de la situation actuelle en Palestine. Tandis que nous écrivons, les crimes d’Israël augmentent, et au vu du silence de la communauté internationale, une issue humanitaire catastrophique est imminente à Gaza.

Nos organisations appellent au respect des principes du droit humanitaire international et à s’abstenir de viser des civils en toute circonstance, notamment de viser l’infrastructure économique civile, d’endommager des moyens de subsistance civils et d’empêcher l’acheminement de fournitures humanitaires. Nous appelons la communauté internationale à agir d’urgence pour arrêter les attaques et protéger les civils comme partie intégrante de ses obligations légales.

Nous renouvelons également notre appel au procureur de la Cour Pénale Internationale à accélérer l’enquête sur la situation en Palestine pour faire rendre compte à ceux qui sont responsables de la commission de crimes internationaux.

Nous appelons les peuples du monde, les groupes de solidarité et les amis de la Palestine à continuer à faire pression sur les gouvernements pour qu’ils prennent des mesures urgentes afin de faire cesser les attaques militaires israéliennes et de protéger les civils, leurs biens et les services indispensables nécessaires à Gaza.

Pour des questions de journalistes à Al-Haq, contact: zainah@alhaq.org

Pour des questions de journalises à Al-Mezan Center for Human Rights, contact: advocacy@mezan.org


[1] Chiffres du 9 octobre à midi