Deux colons, parmi ceux qui ont mené une campagne d’intimidation sous la surveillance des autorités israéliennes, sont sous sanctions du Royaume Uni.
De violents colons israéliens, dont deux sous sanctions du Royaume Uni, ont forcé environ 150 Palestiniens à quitter leur village de Cisjordanie occupée, avec une campagne d’intimidation de cinq jours menée sous la surveillance de la police et de l’armée israéliennes.
Dimanche matin, des colons ont installé un avant-poste illégal, composé d’un abri rudimentaire et d’un enclos pour les moutons, à 100 mètres d’un habitat palestinien à Mughayyir al-Deir, à l’Est de Ramallah. Avant vendredi, les dizaines de villageois avaient déjà emmené leurs troupeaux, empaqueté leurs affaires et étaient en train de démonter la charpente de bois et de métal de leurs logements.
Les colons se sont infiltrés entre les hommes qui travaillaient vite et presque en silence, aux prises avec la dure réalité de devoir quitter l’endroit où la plupart d’entre eux étaient nés et avaient grandi. Un enfant pleurait alors qu’on l’emmenait sur un camion chargé des canapés rouges de la famille.
« Nous partons » a dit un villageois qui n’a pas voulu qu’on donne son nom. Les colons ont jeté des pierres sur certains camions alors qu’ils partaient et ont fêté cela sur les réseaux sociaux.
Elisha Yered, porte-parole non officiel du groupe extrémiste Les Jeunes des Collines, a écrit : « Voilà à quoi ressemble la rédemption ! C’est un avant-poste relativement grand qui contenait environ 150 personnes de la population ennemie, mais il a été détruit. »
Yered fait l’objet de sanctions de la part du Royaume Uni et de l’UE, qui ont dit qu’il faisait « partie d’un groupe de colons armés » impliqués dans une attaque de 2023 qui s’est conclue par la mort d’un Palestinien de 19 ans, Qusai Jammal Mi’tan.
Deux autres colons soumis à des sanctions du Royaume Uni, Neria Ben Pazi et Zohar Sabah, ont passé du temps cette semaine à l’avant-poste illégal, et Ben Pazi a également travaillé à la construction d’une barrière autour de la terre palestinienne.
D’autres Bédouins sont venus aider les villageois à faire leurs bagages et à partir, dont certains qui comprenaient au fond d’eux-mêmes leur peur et leur chagrin parce que des colons israéliens violents les avaient eux aussi chassés de leur terre.
Les tactiques utilisées cette semaine par les colons n’étaient pas nouvelles. Les collines voisines sont parsemées de ruines de villages abandonnés, au moins un, Wadi as-Seeq, également ciblé par Ben Pazi sanctionné par le Royaume Uni.
Jamais auparavant les colons n’avaient construit un avant-poste si près de logements palestiniens et la rapidité et l’intensité de la campagne menée à Mughayyir al-Deir a été un signe de leur confiance grandissante, ont dit les activistes.
Vendredi, la police a patrouillé dans le village et des soldats israéliens se tenaient à côté. Aucun n’est intervenu, bien qu’un ordre d’« arrêt des travaux » ait été émis pour l’avant-poste illégal après qu’il ait été érigé, et plusieurs colons qui y passaient du temps étaient également connus des autorités israéliennes pour leur extrême violence.
Un précédent chef israélien de la région centrale, le général de division Yehuda Fuchs, avait essayé en 2023 d’interdire l’accès à la Cisjordanie à Ben Pazi pour ses violentes attaques contre les Palestiniens.
Le seul autre responsable israélien venu pendant cette semaine fut le membre d’extrême droite de la Knesset, Zvi Sukkot, qui était venu pour soutenir les colons. La semaine dernière, Sukkot a dit dans un débat à la télé qu’Israël « peut tuer 100 Gazaouis en une nuit au cours d’une guerre et le monde entier s’en fiche ».
Une famille palestinienne a déposé jeudi une requête auprès de la cour suprême d’Israël exigeant une injonction et une audition urgente pour savoir pourquoi l’armée, la police et les autorités locales n’avaient rien fait pour empêcher les évictions forcées et protéger les Palestiniens.
Un porte-parole de l’armée israélienne a dit que les troupes agissaient « pour assurer la sécurité de l’État d’Israël et de la Judée Samarie [nom qu’Israël donne à la Cisjordanie occupée »] et que le gouvernement précisait comment l’armée doit appliquer les ordres concernant la construction illégale.
L’armée répondra à la requête juridique au tribunal, a dit le porte-parole. Une audition est prévue pour la semaine suivante, quoique, au moment où les juges la mèneront, le village sera vide.
Pour un grand nombre des familles expulsées de force, leur départ vendredi était un deuxième déplacement aux mains des Israéliens, puisque leurs parents et leurs grand-parents avaient été expulsés de force de leur terre près de la ville israélienne de Bee’er Sheva lors de la création de l’État en 1948.