Des centaines d’Israéliens soutiennent l’action en justice de l’Afrique du Sud à la CIJ accusant Israël de génocide à Gaza

Les audiences sont prévues à La Haye cette semaine. L’Afrique du Sud vise aussi une suspension d’urgence de la campagne militaire d’Israël contre Gaza.

Gifle au gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahou, des centaines d’Israéliens ont signalé qu’ils soutenaient la requête portée devant la Cour internationale de justice par l’Afrique du Sud et accusant Israël de génocide à Gaza. 

Plus de 600 Israéliens ont signé une pétition appelant la Cour internationale de justice (CIJ) à statuer en faveur de l’action en justice de l’Afrique du Sud contre l’État d’Israël, réclamant une décision qui mettra immédiatement fin à la guerre.

L’offensive d’Israël à Gaza a tué plus de 23 000 Palestiniens jusqu’à présent, principalement des femmes et des enfants selon des responsables palestiniens de la santé, et a rendu la plus grande partie de l’enclave de Gaza inhabitable pour les 2,2 millions de Palestiniens qui y vivent.

L’Afrique du Sud a accusé Israël le mois dernier de violer ses obligations selon la Convention sur la Génocide de 1948, la traité rédigé dans le sillage de l’Holocauste en Europe et qui a rendu criminelle la tentative de détruire un peuple, en totalité ou en partie.

Les audiences sont prévues à La Haye cette semaine, les 11 et 12 janvier. L’Afrique du Sud vise aussi une suspension d’urgence de la campagne militaire d’Israël sur Gaza.

La Bolivie, la Turquie et la Malaisie ont exprimé leur soutien à cette action en justice, et le ministre des Affaires étrangères de Jordanie a dit aussi qu’Amman appuiera l’Afrique du Sud.

Dr Anat Matar, qui fait partie des initiateurs de la pétition, a dit à The New Arab qu’elle dépose la pétition à la CIJ à La Haye ce mardi.

« J’ai lancé cette pétition en premier lieu parce que je voulais montrer qu’une partie des citoyens israéliens sont d’accord avec la démarche de l’Afrique du Sud. »

Dr Anat Matar est maîtresse de conférences à l’université de Tel Aviv, où elle enseigne la philosophie politique. De plus, elle défend les « réfractaires à l’appel », un petite partie des Israéliens qui refusent de servir dans l’armée israélienne parce qu’ils s’opposent à l’occupation.

« Ce dont je suis sûre, c’est que cette guerre doit être arrêtée immédiatement. Chaque moment qui passe est un crime ».

Ofer Cassif, du Front démocratique pour la Paix et l’Égalité-Jabha, membre israélien de la Knesset a annoncé qu’il soutenait aussi l’initiative.

« Mon devoir constitutionnel est envers la société israélienne et tous ses résidents, et non envers un gouvernement dont les membres et la coalition appellent à un nettoyage ethnique et même à un génocide effectif », a écrit Cassif sur la plateforme du réseau social X.

Les Israéliens ajoutant leurs voix aux millions de voix dans le monde entier qui accusent le gouvernement du Premier ministre Netanyahou de commettre un nettoyage ethnique et un génocide dans Gaza peuvent donner de la crédibilité à l’action en justice de l’Afrique du Sud.

« Croyons-nous que les tendances du public général pourraient avoir un impact sur la décision des juges ? Globalement, ma réponse est oui. Je crois vraiment que cette pétition par des citoyens israéliens peut aider à éduquer l’opinion publique », a dit à TNA Ofer Neiman, un des signataires de la pétition et militant anti-occupation. 

Néanmoins, une écrasante majorité d’Israéliens soutiennent encore la guerre, un sondage montrant qu’environ 75% des Israéliens rejettent les tentatives pour une désescalade des attaques militaires contre les Palestiniens.

L’Afrique du Sud a soutenu  depuis des décennies la cause palestinienne pour un statut d’État dans les territoires occupés par Israël, comparant la souffrance des Palestiniens à celle de la majorité noire en Afrique du Sud pendant l’ère répressive de l’apartheid, une comparaison qu’Israël réfute. Israël a été un allié majeur de l’Afrique du Sud de l’apartheid, fournissant un soutien politique et militaire, ainsi qu’une technologie nucléaire partagée pour le développement d’une bombe.

Une autre cour à La Haye, la Cour pénale internationale (CPI), enquête séparément sur des allégations d’atrocités à Gaza et en Cisjordanie occupée mais n’a nommé aucun suspect. Israël n’est pas membre de la CPI et rejette sa juridiction.

Israël a nommé l’ancien président de la Cour suprême Aharon Barak comme son délégué à la commission de la Cour internationale de justice qui doit cette semaine entendre l’allégation de génocide déposée contre lui.

Selon les règles de la CIJ, un État qui n’a pas déjà un juge de sa nationalité dans la commission peut choisir un juge ad hoc afin d’y siéger pour son affaire.

L’Afrique du sud, qui accuse Israël de génocide dans la guerre de Gaza, a aussi désigné un juge ad hoc, Dikgang Moseneke, ancien vice-président de sa Cour suprême, ont dit les médias sud-africains.

Le Premier ministre de l’Écosse, Hamza Yusuf, après des remarques de responsables du cabinet israélien, appelant à déplacer des Palestiniens hors de l’enclave et à la recolonisation juive de Gaza, a accusé Israël de nettoyage ethnique.

« Si cela n’est pas équivalent à un nettoyage ethnique, alors je ne sais pas ce qui l’est », a-t-il dit à Sky News.

Israël et les États-Unis ont blamé la requête de l’Afrique du Sud auprès de la CIJ. Israël, qui fait face à des appels internationaux croissants à mettre fin à son offensive, invoque l’auto-défense.

Le Président israélien Isaac Herzog a dit mardi 9 janvier qu’il « n’y a rien de plus atroce et grotesque » qu’une action en justice déposée à la Cour internationale de justice accusant Israël de génocide contre les Palestiniens dans sa guerre contre Gaza.