Déclaration transatlantique de fonctionnaires concernant Gaza : Il est de notre devoir de parler lorsque les politiques de nos gouvernements sont erronées

Plus de 800 fonctionnaires aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans l’Union européenne ont publié vendredi une lettre publique de dissidence contre le soutien de leurs gouvernements à Israël dans sa guerre à Gaza.

Publié le 2 février 2024

Déclaration de fonctionnaires concernant Gaza :

Rappelant que :

  • Nous avons le devoir de respecter, de protéger et de faire respecter nos constitutions et les obligations juridiques internationales et nationales auxquelles nos dirigeants démocratiquement élus nous ont engagés ;
  • Nous sommes censés, en tant que fonctionnaires, respecter, servir et faire respecter la loi lors de la mise en œuvre des politiques, quels que soient les partis politiques au pouvoir ; nous l’avons fait tout au long de notre carrière ;
  • Nous avons été engagés pour servir, informer et conseiller nos gouvernements/institutions et nous avons fait preuve de professionnalisme, d’expertise et d’expérience sur lesquels nos gouvernements se sont appuyés au cours des dernières décennies ;
  • Nous avons exprimé en interne nos préoccupations quant au fait que les politiques de nos gouvernements/institutions ne servaient pas nos intérêts et nous avons demandé des alternatives qui serviraient mieux la sécurité nationale et internationale, la démocratie et la liberté, qui refléteraient les principes fondamentaux de la politique étrangère occidentale et qui tiendraient compte des leçons apprises ;
  • Nos préoccupations professionnelles ont été supplantées par des considérations politiques et idéologiques ;
  • Nous sommes tenus de faire tout ce qui est en notre pouvoir au nom de nos pays et de nous-mêmes pour ne pas être complices de l’une des pires catastrophes humaines de ce siècle ; et
  • Nous sommes obligés d’avertir les publics de nos pays, que nous servons, et d’agir de concert avec nos collègues transnationaux.

Nous réitérons publiquement nos inquiétudes sur les points suivants :

  • Israël n’a montré aucune limite dans ses opérations militaires à Gaza, qui ont entraîné des dizaines de milliers de morts civiles qui auraient pu être évitées ; et que le blocage délibéré de l’aide par Israël a conduit à une catastrophe humanitaire, mettant des milliers de civils en danger de famine et de mort lente ;
  • Les opérations militaires d’Israël n’ont pas contribué à son objectif de libérer tous les otages et mettent en danger leur bien-être, leur vie et leur libération ;
  • Les opérations militaires d’Israël n’ont pas tenu compte de l’expertise antiterroriste acquise depuis le 11 septembre ; et l’opération n’a pas contribué à l’objectif d’Israël de vaincre le Hamas et a plutôt renforcé l’attrait du Hamas, du Hezbollah et d’autres acteurs négatifs ;
  • L’opération militaire en cours sera préjudiciable non seulement à la sécurité d’Israël, mais aussi à la stabilité régionale ; le risque de guerres plus vastes a également un impact négatif sur les objectifs de sécurité déclarés de nos gouvernements ;
  • Nos gouvernements ont apporté à l’opération militaire israélienne un soutien public, diplomatique et militaire ; ce soutien a été accordé sans conditions réelles ni obligation de rendre des comptes ; et face à la catastrophe humanitaire, nos gouvernements n’ont pas appelé à un cessez-le-feu immédiat et à la fin des blocages de la nourriture, de l’eau et des médicaments nécessaires dans la bande de Gaza ;
  • Les politiques actuelles de nos gouvernements affaiblissent leur position morale et leur capacité à défendre la liberté, la justice et les droits de l’homme dans le monde entier, ainsi que nos efforts pour rallier le soutien international à l’Ukraine et pour contrer les actions malveillantes de la Russie, de la Chine et de l’Iran ; et
  • Il existe un risque plausible que les politiques de nos gouvernements contribuent à de graves violations du droit humanitaire international, à des crimes de guerre, voire à un nettoyage ethnique ou à un génocide.

Nous appelons donc nos gouvernements/institutions à :

  • Cesser d’affirmer au public que l’opération israélienne repose sur une logique stratégique et défendable et qu’il est dans l’intérêt de nos pays de la soutenir ;
  • Tenir Israël, comme tous les acteurs, responsable devant les normes internationales humanitaires et des droits de l’homme appliquées ailleurs et répondre avec force aux attaques contre les civils, comme nous le faisons dans notre soutien au peuple ukrainien ; cela inclut l’exigence d’une mise en œuvre immédiate et complète de la récente ordonnance de la Cour internationale de justice ;
  • Utiliser tous les moyens de pression disponibles – y compris l’arrêt du soutien militaire – pour obtenir un cessez-le-feu durable, un accès humanitaire total à Gaza et la libération en toute sécurité de tous les otages ; et
  • Élaborer une stratégie pour une paix durable comprenant un État palestinien sûr et des garanties pour la sécurité d’Israël, afin qu’une attaque comme celle du 7 octobre et une offensive sur Gaza ne se reproduisent plus jamais.

Coordonné par des fonctionnaires dans les pays et institutions suivantes : 

  • Institutions et organes de l’Union européenne
  • Pays-Bas
  • États-Unis d’Amérique

Également approuvé par des fonctionnaires dans les pays suivants :

  • Belgique
  • Danemark
  • Finlande
  • France
  • Allemagne
  • Italie
  • Espagne
  • Suède
  • Suisse
  • Royaume-Uni

Source : Déclaration transatlantique de fonctionnaires concernant Gaza