Dix neuf membres du Conseil d’Administration de Science Po Strasbourg dénoncent fermement l’instrumentalisation politique de la motion de suspension du partenariat entre leur école et l’Université Reichman de Tel Aviv, et les accusations diffamatoires de « révisionnisme » ou encore d’« antisémitisme ». Ils dénoncent également les pressions exercées sur les membres du CA pour annuler cette décision.
Le Conseil d’Administration (CA) de Sciences Po Strasbourg réuni le 25 juin dernier a voté la suspension du partenariat qui le lie à l’Université Reichman.
Cette décision ne résulte en aucun cas d’un appel au boycott généralisé des universités israéliennes mais tient au positionnement de cet établissement dans la guerre en cours, tel qu’il apparaît dans ses prises de positions publiques, qui reprennent la propagande du gouvernement de Netanyahou, dans son soutien matériel et ses conseils à l’armée israélienne, dans l’organisation de cours et de stages en « Public diplomacy » (« Hasbara »), qui forment les étudiant-e-s aux éléments de langage de la communication gouvernementale en vue de « renforcer la présence pro-israélienne » dans les médias sociaux, et, enfin, dans l’attribution du titre de docteur honoris causa à un militaire israélien accusé du meurtre d’un adolescent palestinien en 2015. Gideon Levy, membre de la direction du journal israélien Haaretz, écrivait à ce propos dans l’édition du 16 juin 2024 : « À Reichman, un doctorat honorifique est décerné à un tueur d’enfants. (…) A lui l’honneur, à l’université Reichman la honte. (…) Une université (…) qui excelle dans les liens étroits avec l’establishment de la défense – comme s’il s’agissait de l’Académie militaire israélienne, plutôt que d’une université privée – qui a depuis longtemps outrepassé les limites du monde universitaire, décerne des médailles à des officiers dont la conduite scandaleuse a offusqué même le chef d’état-major ». L’université de Milan a pris la même décision au regard de ces éléments.
Le vote de cette motion a été en tous points conforme aux procédures de la démocratie interne de l’école. Il était inscrit à l’ordre du jour, les membres du CA disposaient du texte en amont, et celui-ci avait déjà fait l’objet d’une première discussion en commission paritaire une semaine auparavant. Il a eu lieu après un débat contradictoire où chacun a pu s’exprimer comme en atteste le procès-verbal de cette séance. La régularité de ce vote n’a par ailleurs suscité aucune contestation à l’issue du scrutin, ni lors de l’approbation du compte-rendu de cette séance à l’unanimité au CA du 15 octobre.
Nous dénonçons fermement l’instrumentalisation politique de cette décision et les accusations diffamatoires de « révisionnisme » ou encore d’« antisémitisme ». Nous dénonçons également les pressions exercées sur les membres du CA pour annuler cette décision. Nous rappelons enfin que les porteurs de cette motion ont évoqué à plusieurs reprises, lors de la commission paritaire préparatoire au CA puis lors du débat en CA, leur soutien aux universitaires israéliens œuvrant pour la paix et ont appelé de leurs vœux de nouveaux partenariats avec des universités israéliennes où s’exerce effectivement l’esprit critique.
19 membres du Conseil d’Administration de Science Po Strasbourg
– CB, représentante étudiante
– JB, représentant étudiant
– Vincent DUBOIS, représentant enseignant-chercheur
– Michel FABREGUET, représentant enseignant-chercheur
– ZG, représentante étudiante
– Vladimir Gilg, représentant étudiant
– Valérie LOZAC’H, représentante enseignant-chercheur
– Simon LEVAN, représentant étudiant
-AM, représentante étudiante
– Eloïse OUHENDI, représentante étudiante
– Bénédicte P., Représentante étudiante
– Héloïse PITREL, représentante étudiante
– Raphaël Prod’homme, représentant étudiant
– MS, représentante étudiante
– Jade SACARD, représentante étudiante
– Alan S, représentant étudiant
– Jérémy SINIGAGLIA, représentant enseignant-chercheur
– Nadine WILLMANN, représentante enseignant-chercheur
– Théo VERNEUIL, représentant étudiant