Israël a confirmé que son but est de détruire l’UNRWA, l’agence de l’ONU qui fournit des services de base en santé, éducation et autres services humanitaires à plus de cinq….
Israël a confirmé que son but est de détruire l’UNRWA, l’agence de l’ONU qui fournit des services de base en santé, éducation et autres services humanitaires à plus de cinq millions de réfugiés palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza occupées, en Jordanie, au Liban et en Syrie.
Cette nouvelle arrive quelques jours après que l’administration Trump a laissé entendre qu’elle prévoyait de couper ses financements à l’agence, à titre de représailles contre les objections de l’Autorité Palestinienne à la reconnaissance par les États Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël.
Les États Unis sont le plus gros contributeur à l’UNRWA et une coupe dans les crédits pourrait avoir des conséquences humanitaires désastreuses. Rien qu’à Gaza, un million de Palestiniens – la moitié de sa population – dépendent des rations d’urgence de l’UNRWA, un nombre qui est monté en flèche d’à peine 80 000 en 2000, après des années de siège et d’attaques militaires d’Israël.
Mais, pour Israël, l’UNRWA fait partie d’un problème à éliminer : l’existence d’institutions et d’agences internationales qui apportent un soutien aux Palestiniens et à leurs droits.
L’UNRWA “doit disparaître du monde”
Israël cible l’agence depuis longtemps, au sens propre et politiquement : lors de ses attaques sur Gaza, Israël a bombardé de façon répétée des écoles et des services de l’UNRWA, tuant des dizaines de personnes.
« L’UNRWA est une organisation qui perpétue le problème des réfugiés palestiniens. Elle perpétue aussi la narration du droit au retour, pour ainsi dire, de manière à éliminer l’État d’Israël ; donc, l’UNRWA doit disparaître du monde » a dit Benjamin Netanyahou dimanche au début de la réunion hebdomadaire de son cabinet.
Le premier ministre israélien a exhorté à ce que les fonds de soutien de l’UNRWA soient progressivement transférés au HCR, le Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés. « Voilà comment débarrasser le monde de l’UNRWA et traiter de vrais problèmes de réfugiés, pour autant qu’il en demeure », a ajouté Netanyahou, appelant la plupart des réfugiés palestiniens « des réfugiés fictifs ».
Netanyahou marche sur le sentier battu par l’extrême droite israélienne selon laquelle les réfugiés palestiniens n’existent que parce qu’une agence spéciale, l’UNRWA, a été créée pour s’occuper d’eux et non parce qu’Israël nie leur droit internationalement reconnu au retour chez eux.
Israël refuse le droit au retour aux Palestiniens uniquement parce qu’ils ne sont pas juifs et donc il les voit comme une « menace démographique » à la poursuite de son existence comme État suprématiste juif qui refuse l’égalité des droits à tous ses résidents.
Des media d’extrême droite anti-Palestiniens en Israël et aux États Unis ont rapidement fait écho au message de Netanyahou, donnant une nouvelle vie à une campagne de dénigrement de l’UNRWA qui dure depuis des année.
Un mandat pour le retour
Ironiquement, la proposition de Netanyahou de dissoudre l’UNRWA et de passer le mandat de prise en charge des réfugiés palestiniens au HCR pourrait de fait renforcer le droit au retour.
Le HCR a un mandat spécifique qui ne consiste pas seulement à protéger les réfugiés tant qu’ils sont réfugiés mais à agir pour faciliter l’exercice de leur droit au retour dans leurs pays.
À contrario, l’UNRWA n’a pas de mandat de rapatriement des réfugiés palestiniens dans les maisons dont les Israéliens les ont chassés mais, seulement d’un soulagement à leur apporter jusqu’à ce qu’une « solution » politique soit trouvée.
« Ce qui perpétue la crise des réfugiés, c’est la faillite des parties à traiter le problème » a dit le porte parole de l’UNRWA, Chris Gunness, à l’Electronic Intifada en réaction aux commentaires de Netanyahou. « Ce problème doit être résolu par les parties au conflit dans le cadre de pourparlers de paix basés sur les résolutions de l’ONU et sur le droit international ; et cela requiert l’engagement actif de la communauté internationale ».
Jusque là, a expliqué Gunness, « l’UNRWA est mandatée par l’Assemblée Générale pour poursuivre son service jusqu’à ce qu’une solution juste et durable soit trouvée pour les réfugiés palestiniens ».
Des coupes déjà effectuées?
La semaine dernière, le président Donald Trump et son ambassadrice à l’ONU, Nikki Haley, ont menacé de couper l’aide américaine aux Palestiniens, mais la déclaration ne disait pas clairement si cela incluait l’UNRWA ou seulement l’Autorité Palestinienne.
Un article dans la presse de vendredi avançait que les États Unis avaient déjà retiré un versement de 125 millions de dollars (105 millions d’euros) à l’UNRWA prévu ce mois-ci.
Gunness a dit que l’UNRWA a vu ces articles mais que « de toute façon, l’organisation n’avait pas été informée directement d’une décision formelle par l’administration américaine ».
Il semblerait néanmoins qu’Israël cherche à user de la latitude que lui donne l’administration Trump pour frapper ce qu’il espère être un coup décisif pour mettre fin au soutien international des Palestiniens.