Blinken a ignoré les évaluations du blocage de l’aide à Gaza par Israël : Rapport

Admettre qu’Israël bloquait l’aide des États-Unis aux Palestiniens aurait déclenché une interdiction des livraisons d’armes à Israël

Le secrétaire d’État Antony Blinken a ignoré, plus tôt dans l’année, les études effectuées par des agences et des agents du gouvernement des États-Unis indiquant qu’Israël bloquait l’aide états-unienne à Gaza  , ainsi que l’a révélé un nouveau rapport : le diplomate chef des États-Unis a présenté une conclusion différente au Congrès.

Le journal d’investigation ProPublica a rapporté  mardi que l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID) avait indiqué au Département d’État dans un rapport datant de fin avril qu’Israël soumettait l’aide humanitaire destinée à Gaza à une « interdiction, une restriction et des empêchements arbitraires ».

ProPublica a dit que des représentants du bureau des réfugiés du Département d’État avaient également découvert à la fin avril que des « faits sur le terrain indiquaient que l’aide humanitaire états-unienne était entravée ».

Mais, en mai Blinken a présenté au Département d’État un rapport dont la conclusion était différente.

« Nous ne constatons pas pour le moment d’interdiction ni d’autre forme de restriction par le gouvernement israélien  du transport ni de la livraison de l’aide humanitaire états-unienne » a dit le Département d’État dans son rapport du 10 mai.

Les notes qui ont fuité auraient des implications considérables sur la politique états-unienne si elles avaient été prises en compte par Blinken, notamment sur les livraisons d’armes états-uniennes à Israël.

C’est parce que la législation des États-Unis interdit l’aide pour la sécurité à un pays qui « prohibe, ou restreint d’autre façon, directement ou indirectement, le transport ou la livraison d’aide humanitaire des États-Unis ».

Les États Unis fournissent à Israël au moins 3,8 milliards de dollars (3,4 milliards €) par an et cette année, Biden a approuvé une aide complémentaire de 14 milliards de dollars (12,5 milliards €) pour l’effort de guerre israélien contre Gaza.

Ce soutien a attiré une large condamnation et vigilance tandis que la guerre sur Gaza s’éternise.

Le rapport de mai du Département d’État, dont la conclusion était qu’Israël ne bloquait pas l’aide états-unienne pour Gaza, soulignait en même temps les encouragements des responsables israéliens à des manifestations empêchant l’aide de parvenir aux Palestiniens.

Le document précisait aussi qu’Israël mettait en oeuvre des « retards bureaucratiques importants » à la livraison de l’aide et lançait des frappes militaires  sur des « mouvements humanitaires coordonnés et sur des sites humanitaires hors combat ».

L’armée israélienne a tué plus de 41 000 Palestiniens à Gaza tout en imposant un siège strict sur ce territoire, qui a amené sa population au bord de la famine .

34 enfants palestiniens au moins sont morts de malnutrition cette année, selon le bureau d’information gouvernemental de Gaza.

En mars, le directeur de la CIA, Bill Burns a reconnu que les Palestiniens de Gaza mouraient de faim.

« En réalité, il y a des enfants qui meurent de faim » a dit Burns dans un exposé aux sénateurs états-uniens. « Ils sont malnutris parce que l’aide humanitaire ne peut leur parvenir ».

Plus tôt dans l’année, la Maison Blanche a également reconnu qu’Israël agissait pour bloquer l’aide pour Gaza.

Le ministre des Finances d’Israël, Betsalel Smotrich, a déclaré publiquement qu’il bloquait la livraison de farine états-unienne pour Gaza, ce qui a provoqué une réponse de la Maison Blanche.

« J’aimerais pouvoir vous dire que la farine entre, mais je le peux pas actuellement » a dit John Kirby, le porte-parole de la Maison Blanche à des reporters le15 février.

ProPublica a signalé mardi que l’ambassadeur des États-Unis en Israël, Jack Lew, avait incité Blinken à croire l’affirmation par Israël qu’il ne bloquait pas l’aide pour Gaza.

« Aucun autre pays n’a apporté autant d’aide humanitaire à ses ennemis » a dit Lew à ses subordonnés, d’après le rapport.

La Cour Internationale de Justice a jugé que Gaza était sous occupation israélienne.

En vertu de la Quatrième Convention de Genève, une puissance occupante a le « devoir d’assurer la nourriture et les soins médicaux » dans le territoire qu’elle occupe.

Le Conseil des relations Américano-Islamiques (CAIR), une organisation pour les droits civils des Musulmans et de plaidoyer, a appelé mardi à la démission de Blinken. 

« Lorsqu’un représentant de haut niveau ment au Congrès en plein génocide afin que le gouvernement poursuive le financement de ce génocide, il enfreint délibérément la loi et prolonge la souffrance de millions d’innocents qui ont un besoin désespéré que notre gouvernement cesse de financer leur massacre » a dit le directeur général national de CAIR, Nihgad Awad, dans une déclaration.

  • Photo : Des Palestiniens font la queue pour recevoir de la nourriture à Deir el-Balah, au centre de la bande de Gaza, 25 août [Hassan Jedi/Anadolu Agency]