On rapporte qu’une conférence est en cours d’organisation par des donateurs juifs d’envergure, y compris l’empereur du divertissement de Hollywood Haim Saban.
Les grands donateurs juifs ont invité les militants pro-Israël à une réunion à huis clos tenue à Las Vegas, qui vise à établir ainsi qu’à financer des stratégies efficaces pour contrer la vague d’activités anti-Israël sur les campus universitaires.
L’organisation de cette rencontre, qui aura lieu le week-end prochain et sera animée par le milliardaire du jeu Sheldon Adelson, est le fait de plusieurs autres bailleurs de fonds, dont Haim Saban, magnat du divertissement de Hollywood, Adam Milstein, promoteur immobilier d’origine israélienne, et Heather Reisman, femme d’affaires canadienne.
Les organisateurs ont cherché à tenir secret cet évènement et ont refusé de répondre aux demandes de renseignements de Forward, qui s’est fait confirmer la tenue prochaine de cette réunion auprès de deux sources distinctes bien informées.
Ce sommet prévu à Las Vegas marque un tournant dans l’approche quant à la question de l’activité anti-Israël sur les campus universitaires, dont la croissance des dernières années a constitué un enjeu clé parmi les préoccupations de la communauté juive. Dans ce cas, l’initiative ne vient pas d’étudiants sur le terrain, ni du travail des nombreux organismes militants pro-israéliens dans les universités. Il s’agit cette fois d’une idée émanant de riches philanthropes juifs qui ont décidé de passer à l’action. Par voie de communiqués, ils ont lancé à divers regroupements de Juifs une invitation à un remue-méninges dans le cadre d’un rassemblement qui se déroulera sur un week-end au Veneitian, l’hôtel de luxe que possède Adelson sur la Strip de Las Vegas.
Saban, un milliardaire de Los Angeles, important donateur du Parti démocrate entretenant des liens étroits avec les Clinton, discuterait de cette idée depuis plus d’un an, a déclaré une source disposant d’une information directe sur cette initiative. Saban a parlé à des responsables israéliens, y compris l’ancien ambassadeur à Washington, Michael Oren, et à des hauts responsables du ministère israélien des Affaires étrangères à propos de la mise en place d’une équipe spéciale qui s’emploierait à réagir à l’augmentation sur les campus d’appels visant à faire adopter des mesures de boycott, de désinvestissement et de sanctions contre Israël, mesures communément appelées BDS.
Selon un responsable de la communauté juive, c’est un autre philanthrope californien d’origine israélienne, Adam Milstein, qui aurait mis sur pied l’initiative et y aurait rallié les méga donateurs Adelson et Reisman – ce dernier étant de plus en plus engagé, ces dernières années, dans des démarches de soutien à Israël.
L’invitation du philanthrope a un peu pris par surprise au moins quelques-uns des invités. Un représentant de l’un des groupes d’envergure sollicités a déclaré que les dirigeants des organismes n’avaient pas été mis au courant de l’initiative avant de recevoir une invitation à la dernière minute, ni n’avaient été consultés alors que cette invitation se matérialisait. Le responsable a ajouté que les dirigeants de ces groupes n’étaient pas tout à fait certains de comprendre quel est l’objectif de ce sommet de Las Vegas. Une autre organisation officielle juive a précisé que si elle a l’intention d’y participer, elle n’y dépêchera pas de dirigeant de haut niveau.
Toutes les organisations juives sollicitées par Forward ont refusé de s’exprimer sur ce dossier, mentionnant que les organisateurs auraient demandé à ce que la collecte de fonds soit tenue à l’abri du regard du public.
Selon plusieurs participants potentiels, les organismes juifs qui prévoient d’assister à la réunion comprennent la Coalition Israël on Campus, Hillel, StandWithUs, la Anti-Defamation League et les Fédérations juives d’Amérique du Nord. Le Réseau d’action Israël, un organisme communautaire créé spécifiquement pour contrer le BDS et la dé-légitimation d’Israël, n’y participera pas, mais sera représenté par un de ses organismes affiliés, JFNA.
J StreetU, la filiale étudiante du lobby israélien de tendance pacifiste, qui dispose d’une présence sur la plupart des campus et qui s’oppose au BDS, n’a pas été invitée.
Le but, dit un responsable d’un des groupes invités, consistait à « trouver les meilleures stratégies » de lutte contre les campagnes anti-israéliennes sur les campus et de « s’assurer qu’il y ait du financement » pour ces programmes. Cependant, ces groupes n’ont pas été invités à préparer un discours à présenter au panel de mégadonateurs juifs.
Un autre responsable a expliqué que l’exigence du secret était « raisonnable », puisque « il est logique de ne pas inviter le public quand on s’assoit avec les bailleurs de fonds pour établir des priorités. »
Parmi les activités des organisations juives, ce sont celles menées sur les campus universitaires qui ont connu une des plus fortes croissances. La plupart des grandes organisations, notamment le American Israel Public Affairs Committee, l’Anti-Defamation League et l’American Jewish Committee, ont mis en place des opérations destinées aux étudiants, aux côtés des groupes traditionnellement centrés sur ce type d’activité comme Hillel et la Coalition Israël on Campus. Pourtant, malgré la croissance de l’activisme pro-Israël, les manifestations et les résolutions pro-palestiniennes sont à la hausse. L’année écoulée a vu un nombre record de 15 universités adopter des résolutions demandant le désinvestissement des fonds provenant d’universités israéliennes.