La formation d’un gouvernement d’extrême droite montre très clairement qu’il ne faut pas espérer d’amélioration en Israël à partir de l’intérieur. Plus que jamais l’occupation de la Cisjordanie et de….
La formation d’un gouvernement d’extrême droite montre très clairement qu’il ne faut pas espérer d’amélioration en Israël à partir de l’intérieur. Plus que jamais l’occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem Est ainsi que le blocus inhumain de Gaza vont se poursuivre inexorablement. Le mouvement israélien pour la paix, en dépit de ses bonnes intentions, est incapable d’arrêter la vague de racisme déclaré, pas plus que l’extrémisme politique et religieux.
La société palestinienne est en train de s’effondrer en raison d’une crise économique, sanitaire et psychologique, aussi bien sociale. Du fait du Mur de séparation, la Cisjordanie a été fragmentée en enclaves – on pourrait dire des ghettos, et elle est, jour et nuit, à la merci des agressions arbitraires des colons et de l’armée. Quant à la bande de Gaza, elle a du subir une fois de plus, il y a neuf mois, une cruelle guerre punitive. Plus de deux mille personnes ont péri dont 501 enfants, et il y a eu des milliers de blessés. Une quantité considérable d’infrastructures a également été détruite, et n’ont jusqu’à présent pas été reconstruites. Aujourd’hui Gaza, aux prises avec une crise humanitaire, s’effondre et attend la prochaine guerre. Le seul espoir que les Palestiniens puissent avoir de retrouver leur liberté et leur dignité humaine, vient de l’extérieur, c’est à dire d’une pression internationale croissante sur Israël. S’inspirant du mouvement de boycott contre l’apartheid en Afrique su Sud, les organisations palestiniennes de la société civile nous appellent à participer à un mouvement large et structuré pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS). Le boycott devra se poursuivre tant que l’État d’Israël refusera de respecter le droit international et les principes universels des droits de l’homme.
L’appel pressant au boycott émane également des universitaires et des intellectuels palestiniens. Il a comme moteur le « PACBI » (Palestinian Campaign for an Academic and Cultural Boycott of Israel), c’est-à-dire la « Campagne palestinienne pour un boycott académique et culturel d’Israël » . Cet appel a reçu le soutien de la Fédération palestinienne des syndicats des enseignants et du personnel des universités (PFUUPE), et de plus de 70 autres organisations palestiniennes.
Des centaines de professeurs et de chercheurs israéliens, ont, c’est vrai, condamné publiquement la politique coloniale israélienne, mettant en danger leur emploi. Beaucoup d’entre eux appellent même au boycott. Ils ont droit à notre soutien sans faille. Toutefois les institutions universitaires en tant que telles ou bien observent un silence complice, ou bien, dans la plupart des cas, collaborent étroitement avec l’État, l’armée, les services de sécurité et/ou l’industrie de l’armement. Beaucoup d’entre elles ont également soutenu la guerre contre Gaza. En bref le caractère militarisé de l’ensemble des institutions israéliennes fait organiquement partie du projet colonial israélien et en est également l’instrument; il n’autorise aucun espoir de changement venant de l’intérieur.
Au même moment, les universités palestiniennes, leurs enseignants, leurs chercheurs et leurs étudiants sont soumis à des mesures discriminatoires et répressives. Il y a une longue histoire de confiscation des archives palestiniennes et de destruction des bâtiments universitaires, des bibliothèques et des centres de recherche. De la même façon, Israël ignore le droit à l’éducation et les libertés académiques des Palestiniens et fait obstacle aux libres contacts et aux échanges universitaires avec le reste du monde. Sur ce point aussi des universitaires israéliens (400 sur un total de 9000) ont protesté en 2008 contre les infractions aux libertés universitaires de leurs collègues palestiniens. En même temps ils se disaient « très préoccupés par la détérioration en cours du système d’enseignement supérieur en Cisjordanie et dans le bande de Gaza ». Mais par ailleurs, pas une seule institution universitaire israélienne ne s’est adressée au gouvernement israélien pour lui demander de protéger – ou de cesser de s’ingérer dans – le droit des Palestiniens à l’éducation et de ne plus détruire leurs écoles et leurs collèges.
Les signataires du présent appel, universitaires et chercheurs belges, ressentent donc la nécessité de se joindre à leurs collègues qui, dans le monde entier soutiennent l’appel palestinien et appellent au boycott des institutions universitaires israéliennes. C’est pourquoi nous avons décidé de créer une branche belge du PACBI : le « BACBI », c’est-a-dire la « Campagne Belge pour le Boycott Académique et Culturel contre Israël ». Notre appel, il faut le souligner, vise les institutions et pas les individus, quelle que soit leur nationalité. Aujourd’hui nos principes fondamentaux ont été adoptés par plus de 300 collègues, répartis dans différentes institutions universitaires belges d’enseignement supérieur et de recherche, francophones et néerlandophones. Nous appelons nos autres collègues à se joindre à nous. « Il est temps plus que jamais que tous ceux qui se sentent concernés par le calvaire qu’endurent les Palestiniens, redoublent d’efforts » ( David Glick, 25 mars). Et « Il n’y pas de voie meilleure que celle du boycott » (Robert Cohen, 12 avril).
Une dernière remarque : le Moyen-Orient, aujourd’hui, est devenu la proie de catastrophes et tragédies humaines indicibles. Cela peut-il être une raison, comme certains le font, pour ignorer les violations par Israël du droit international et des droits humains ? Nous ne le croyons pas. Ce que l’on appelle conflit ‘israélo-palestinien’, est, depuis plus de soixante ans, l’une des racines de la radicalisation anti-occidentale chez les Arabes et les Musulmans, au Moyen-Orient aussi bien qu’en Europe et dans le reste du monde. Sa solution – qui est encore possible aujourd’hui par des moyens non-violents – mettra fin au moins à l’une des confrontations de longue durée entre « l’Orient » et « l’Occident ».
Herman De Ley
BACBI: Déclaration de principe
Nous, universitaires et intellectuel(le)s belges, soutenons l’appel palestinien de 2005 aux boycott, désinvestissement et sanctions (BDS). Nous invitons nos collègues de la communauté belge à boycotter de façon complète et constante toutes les institutions académiques et culturelles d’Israël en appliquant ce qui suit :
- S’abstenir de participer à toute forme de coopération académique et culturelle, de collaboration et de communauté de projet avec les institutions et entités de recherche israéliennes ;
- Prôner un boycott complet des institutions israéliennes, et non pas des universitaires israéliens à titre individuel, et ce, aux niveaux national et international, y compris la suspension de toutes formes de financement et de subventionnement de ces institutions ;
- Promouvoir la scission d’actifs et le désinvestissement de la part des institutions académiques internationales à l’égard d’Israël et des sociétés multinationales qui agissent en tant qu’instruments dans les violations systématiques des lois internationales commises par l’État d’Israël ;
- Œuvrer dans le sens de la condamnation de la politique israélienne en exerçant des pressions pour que les associations et organisations académiques, professionnelles et culturelles adoptent des résolutions ;
- Favoriser le dialogue constructif avec les collègues israéliens afin d’amener conjointement l’État d’Israël à respecter les lois internationales, et ce, dans le même esprit que celui de l’appel à la résistance commune émis par les universitaires palestiniens qui ont lancé l’initiative PACBI » ;
- Soutenir les institutions académiques et culturelles palestiniennes.
Le comité directeur du BACBI :
Prof. Marie-Christine Closon (UCLouvain), Prof. Patrick Deboosere (VUB), Prof. Lieven De Cauter (KULeuven), Em.Prof. Herman De Ley (UGent), Prof. Perrine Humblet (ULB) et Prof. Marc Jacquemain (ULiège).
Pour signer la déclaration de principe cliquez « Sign Statement » svp. La liste des signataires sera actualisée régulièrement. Si vous avez signé et votre nom ne figure pas encore dans la liste, veuillez vérifier la date et l’heure de la mise à jour la plus récente (au-dessus de la liste).