L’université de Vienne exhortée à annuler l’allocution de l’avocate du génocide Ayelet Shaked

Plus de 350 militants et universitaires d’universités à travers le monde et une association juive d’Allemagne demandent à la faculté de Droit de l’université de Vienne d’annuler la conférence de….

Plus de 350 militants et universitaires d’universités à travers le monde et une association juive d’Allemagne demandent à la faculté de Droit de l’université de Vienne d’annuler la conférence de la ministre israélienne de la Justice Ayelet Shaked.

Shaked, députée du parti Maison Juive, groupement pro-colons, est attendue pour une conférence le 15 février dans le cadre d’une « série de conférences d’experts » sur le sujet suivant : « Protéger les droits de l’Homme tout en contrant le terrorisme ».

Pendant ce temps, lundi soir à New York, des militants ont manifesté et interrompu à l’université Columbia un discours de Danny Danon, ambassadeur d’Israël à l’ONU.

Appel au génocide

Ayelet Shaked est devenue mondialement connue après que l’Electronic Intifada ait publié une traduction d’un message qu’elle avait posté en juillet 2014 sur Facebook et qui défendait un appel au génocide des Palestiniens.

Elle a partagé le texte de ce qu’elle a dit avoir été un article préalablement non publié de Uri Elitzur. Ecrit douze ans plus tôt, elle a déclaré : « Il est aussi pertinent aujourd’hui qu’il l’était à l’époque. »

L’article déclare que « le peuple palestinien tout entier est l’ennemi » et justifie sa destruction, « y compris ses personnes âgées et ses femmes, ses villes et ses villages, ses propriétés et ses infrastructures ».

Il demande le massacre des mères palestiniennes qui donnent naissance à « de petits serpents ».

Shaked a posté cet appel au génocide quelques jours à peine avant qu’Israël ne s’engage dans un carnage de 51 jours dans la Bande de Gaza assiégée, tuant plus de 2.200 Palestiniens, dont en moyenne 11 enfants par jour.

Embarrassée par des mots dont elle a évidemment cru qu’ils ne seraient lus que par ses supporters extrémistes parlant hébreu, Shaked a menti en prétendant que l’Electronic Intifada les aurait mal traduits. Mais elle a aussi doublé la mise en approuvant ce qu’elle a qualifié de « propos sobres et juridiquement pensés » d’Elizur.

Dans une lettre ouverte à l’université publiée mardi, des universitaires, dont beaucoup de Vienne, ont insisté pour que l’événement soit annulé pour des raisons d’éthique.

« Au vu de la popularité croissante du discours de haine et du racisme au niveau mondial, nous pensons que l’université de Vienne a une obligation morale d’arrêter la perpétuation de ces récits conflictuels dans ses locaux », ont déclaré les universitaires.

« Par conséquent, nous réclamons l’annulation de l’événement et nous exigeons que l’université de Vienne prenne une position claire contre cette politicienne israélienne d’extrême droite et ministre de la Justice qui défend un discours de haine et le racisme. »

L’annonce de cet exposé a circulé sur les réseaux sociaux, mais ont ne la trouve pas sur le site de l’université de Vienne. Des invitations à la conférence ont été envoyées par courriel et on a demandé aux participants potentiels des informations détaillées, y compris leur nationalité et qui leur avait envoyé l’invitation.

Un adjoint du doyen Paul Oberhammer de la faculté de Droit de l’université de Vienne n’a pas fourni d’informations sur l’événement et Oberhammer n’a pas répondu à un courriel de l’Electronic Intifada lui demandant des explications.

Incitations contre les Africains

Les Juifs Européens pour une Paix Juste d’Allemagne ont eux aussi condamné l’invitation de Shaked par l’université autrichienne dans une lettre au doyen de la faculté de Droit Obenhammer.

En plus de la position de Shaked sur les Palestiniens, leur lettre évoque son soutien à l’incarcération, l’expulsion et autres mesures drastiques contre les réfugiés et migrants en Israël. « En plus, elle a soutenu des manifestations racistes au sud de Tel Aviv, qui ont viré en pogroms contre les gens de couleur noire », déclare la lettre.

Shaked s’est engagée dans de l’incitation à la haine raciale, utilisant les médias sociaux, postant une vidéo sur Facebook dont elle a dit en mentant qu’elle montrait un migrant noir qui attaquait un résident local.

En tant que personnes d’origine juive en Allemagne, les signataires de la lettre déclarent : « héritiers des expériences historiques de nos ancêtres, nous savons à quelle dégradation et à quelle douleur les humains sont soumis s’ils sont systématiquement exclus et dépossédés. »

Maison Juive de Shaked est un parti extrémiste anti-palestinien dont le chef, le ministre de l’Education Naftali Bennett, s’est vanté d’avoir tué « plein d’Arabes ».

Dans la lignée du programme de son parti, Shaked soutient l’annexion complète de la majeure partie de la Cisjordanie.

Shaked a proposé au parlement israélien une loi ciblant les défenseurs des droits de l’Homme, que même les responsables résolument pro-israéliens de l’Union Européenne ont critiquée – bien qu’avec leur timidité habituelle.

Son invitation par l’université de Vienne en tant que conférencière « distinguée » rappelle la fameuse invitation par l’université de Chicago de l’ancien premier ministre d’Israël Ehud Olmert à présenter sa « Conférence Annuelle des Dirigeants, Roi Abdallah II ».

Son discours d’octobre 2009 avait provoqué des questions embarrassantes et des protestations. Ceci se passait quelques semaines après la sortie du rapport Goldstone, indépendant et commandé par l’ONU, sur l’agression israélienne de 2008-2009 sur Gaza et alors qu’Olmert était accusé de corruption.

Olmert est maintenant en prison pour corruption.

L’ambassadeur d’Israël chahuté à New York

Les universités ont régulièrement offert des plate-formes exceptionnelles aux leaders israéliens impliqués dans des crimes de guerre, tout en critiquant ou réprimant leurs propres étudiants et professeurs qui demandent qu’on leur fasse rendre compte en utilisant le boycott, désinvestissement et sanctions.

Les responsables israéliens ont parallèlement continué à être confrontés à des manifestations – y compris Danny Danon, ambassadeur d’Israël à l’ONU, qui parlait lundi soir à l’université Columbia de New York.

Les étudiants de l’université Columbia pour la Justice en Palestine et Voix Juives pour la Paix, rejoints par d’autres associations, se sont rassemblés à l’extérieur en scandant « les racistes ne sont pas les bienvenus » et « de la Palestine au Mexique, les murs frontière doivent disparaître », c’est ce que montre un post sur la page Facebook de Désinvestissement de l’Apartheid de l’Université de Columbia qui présente une vidéo de la manifestation.

Les militants disent que les manifestants qui se trouvaient lundi soir dans la salle de conférence ont interrompu sept fois le discours de Danon de 45 minutes avant d’être évacués.

Shaked s’est elle aussi retrouvée face à des manifestations quand elle a parlé en octobre dernier à Columbia lors d’un événement qui, comme celui de Vienne, n’avait été annoncé qu’à un auditoire soigneusement sélectionné.