724 enfants palestiniens tués à Gaza où Israël cible les civils

Des Palestiniens transportant leurs possessions quittent Gaza City, fuyant leurs domiciles à la suite de l’avertissement de l’armée israélienne le 13 octobre 2023. Le 13 octobre, les Palestiniens ont transporté leurs possessions dans les rues de Gaza City jonchées de décombres, cherchant un refuge tandis que l’armée israélienne enjoignait aux habitants de fuir immédiatement avant une offensive terrestre prévisible. (Photo by Mahmud Hams / AFP)

Ramallah, 14 octobre 2023 — Plus de 724 enfants palestiniens ont été tués par les bombardements sans relâche de la bande de Gaza par l’armée israélienne depuis le 7 octobre. 

Les forces israéliennes ont bombardé des convois d’évacués palestiniens hier pendant que des centaines de milliers de Palestiniens du nord de la bande de Gaza fuyaient vers le sud, les autorités israéliennes leur ayant enjoint de quitter le nord en prévision d’une invasion terrestre prévisible. Au moins 70 Palestiniens ont été tués du fait des attaques israéliennes, surtout des femmes et des enfants selon certains médias. Au moins une frappe aérienne israélienne aurait touché la rue Salah-al-Din, qui constitue un des itinéraires d’évacuation du nord de Gaza vers le sud, selon la BBC.

L’armée israélienne a émis un ordre d’évacuation en fin de journée le 12 octobre, appelant au moyen de tracts lancés depuis le ciel les habitants palestiniens du nord de la bande de Gaza, soit 1,1 million de Palestiniens, à partir vers le sud, en leur laissant 24 heures seulement pour cette évacuation. L’ordre d’évacuation israélien a provoqué une panique massive à Gaza, comme les familles essaient de fuir vers le sud alors même qu’il n’existe ni destination ni itinéraire sûrs le long de routes détruites, au milieu de frappes aériennes et de tirs d’artillerie israéliens incessants. De nombreuses familles s’enfuient à pied, tandis que d’autres restent dans le nord, les autorités israéliennes n’ayant nullement indiqué que les Palestiniens qui fuient seraient autorisés à revenir. Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, a appelé fortement à ce que cet ordre soit annulé pour éviter de transformer ce qui est déjà une tragédie en une situation calamiteuse.

L’ordre d’évacuation israélien s’appliquait à tout le personnel des Nations unies et aux personnes hébergées dans des bâtiments de l’ONU – y compris les écoles, les centres de santé et les dispensaires. Au moins 40 000 Palestiniens déplacés internes se sont réfugiés à l’hôpital de Shifa, situé à Gaza City, selon des informations données par les médias. Des familles ont posé des couvertures dans les couloirs, dehors sur les terrains de l’hôpital, et autour des lieux de soins. De nombreux civils, y compris des membres du personnel hospitalier, refusent de partir, selon des informations données par les médias.

Les forces israéliennes ont déclenché une offensive militaire massive sur la Bande de Gaza samedi, après que des groupes armés palestiniens, au petit matin du 7 octobre, ont tiré des roquettes vers Israël et ont ouvert des brèches dans la barrière israélienne qui entoure Gaza, lançant des attaques sur le territoire d’Israël. Les forces israéliennes ont lancé une opération militaire de grande ampleur dénommée Opération Épées de fer. 

Au moins 2 215 Palestiniens, dont au moins 724 enfants, ont été tués dans la Bande de Gaza depuis samedi matin, et 8 714 au moins sont blessés, selon le ministère palestinien de la Santé à Gaza. DCIP s’emploie à recueillir des éléments supplémentaires sur les attaques et les homicides. Les forces et les colons israéliens ont tués 15 enfants palestiniens en Cisjordanie occupée depuis le 7 octobre, notamment sept enfants dans la seule journée du 13 octobre.

Les bombardements israéliens intensifs dans toute la Bande de Gaza, les coupures d’électricité, les frappes israéliennes sur les infrastructures de télécommunications, et le taux quotidien sans précédent de décès d’enfants a entraîné un écart entre les éléments recueillis par DCIP sur des décès d’enfants et le décompte général de la totalité des décès d’enfants publié régulièrement par le ministère de la Santé à Gaza.

Le nombre exact de déplacés internes (IDP) à Gaza n’est plus connu, selon l’OCHA, un département de l’ONU. À la date du 12 octobre, plus de 423 378 personnes dans la Bande de Gaza avaient fui leur domicile, les déplacements massifs augmentant très vite à mesure que les attaques israéliennes s’intensifient. Plus de 262 000 déplacés internes palestiniens sont hébergés dans 102 écoles et locaux des Nations unies et dans toute la Bande de Gaza, pendant que plus de 153 000 Palestiniens dont les domiciles ont été détruits ou endommagés sont accueillis par des parents ou des voisins. Cependant, depuis que l’armée israélienne a émis un ordre d’évacuation s’appliquant au nord de Gaza et que d’innombrables familles prennent la fuite, il est impossible d’estimer le nombre d’IDP. 

Depuis le 11 octobre à 14h, Gaza a subi un black-out électrique complet après que les autorités israéliennes ont coupé l’approvisionnement en électricité et en carburant le 7 octobre et que la centrale électrique de Gaza a épuisé ses réserves, selon l’OCHA. L’absence d’électricité a exacerbé la crise alimentaire préexistante, la réfrigération n’étant plus possible, et l’irrigation ainsi que toute activité agricole se sont interrompues. 

Les autorités israéliennes ont coupé l’approvisionnement en eau de Gaza le 9 octobre et, depuis lors, les trois usines de désalinisation de l’eau à Gaza ont dû cesser de fonctionner, selon l’OCHA. La grande majorité des Palestiniens de Gaza n’ont pas accès à de l’eau salubre, et certains, pour boire, ont recours à l’eau sale des puits, ce qui cause des inquiétudes relatives aux maladies transmises par l’eau.

Les frappes israéliennes ont détruit deux des trois lignes principales de communication mobile dans la Bande de Gaza, selon l’OCHA. La Compagnie palestinienne de télécommunications (Paltel) parvient encore à fournir un minimum de connectivité internet dans Gaza, mais craint que la connexion ne soit complètement supprimée si les lignes subissent de nouveaux dommages.

Plus de 1 300 Israéliens ont été tués lors d’attaques de groupes armés palestiniens depuis le 7 octobre, selon des informations données par les médias.

Aux termes du droit international, le génocide est interdit et se définit par le meurtre délibéré d’un grand nombre de personnes d’un groupe national ou ethnique dans l’intention de détruire cette nation ou ce groupe, en tout ou en partie. Le génocide peut être le résultat de meurtres ou de l’instauration de conditions d’existence insupportables au point d’entraîner la destruction du groupe.

Le droit international humanitaire interdit les attaques indiscriminées et disproportionnées, et oblige toutes les parties à un conflit armé à faire la distinction entre les objectifs militaires et les personnes civiles ou les biens de caractère civil. Le déploiement d’armes explosives dans des zones densément peuplées par des civils a le caractère d’attaques indiscriminées, et le fait de mener des attaques directes contre des personnes civiles ou des biens de caractère civil est assimilable à un crime de guerre.

Les autorités israéliennes ont imposé à la Bande de Gaza une politique de bouclage depuis 2007 en contrôlant et en limitant de façon stricte l’entrée et la sortie des individus ; en appliquant de sévères restrictions aux importations y compris l’alimentation, les matériaux de construction, le carburant, et d’autres produits essentiels ; enfin, en interdisant les exportations. Israël continue à exercer un contrôle complet des frontières, de l’espace aérien et des eaux territoriales de la Bande de Gaza.