Ce programme inclut des opportunités dans 28 fermes de Cisjordanie, dont des lieux qui ont été la scène de violences et de saisie de terre palestinienne.
L’université d’Ariel en Cisjordanie accorde une reconnaissance universitaire à des étudiants qui apportent une assistance à des fermes situées dans des avant-postes non autorisés, illégaux en Cisjordanie. L’université située dans la colonie d’Ariel accorde une reconnaissance à des participants à un programme de Hashomer Yosh, ou Gardiens de la Judée-Samarie, qui apportent une assistance à des colons juifs en Cisjordanie.
Hashomer Yosh a déclaré cette semaine que, bien que les inscriptions à ce programme soient closes, il est toujours possible d’exercer un volontariat dans une dizaine de fermes. La publicité sur le programme adressée à de potentiels étudiants volontaires indiquait, en mars, des possibilités dans 28 fermes, certaines situées là sur les lieux de scènes de violences et de prises de terres appartenant à des Palestiniens.
Une déclaration commune de l’université et de l’organisation a produit une liste d’une trentaine de fermes dans lesquelles les étudiants peuvent être volontaires, toutes situées dans des avant-postes illégaux, dont la plupart sont sous le coup d’ordonnances d’expulsion. Selon l’université, le volontariat comporte des tâches de gardiens de sécurité la nuit et d’agriculture dans la journée pour un total de 50 heures au cours de l’année. Des informateurs de Hashomer Yosh ont expliqué cette semaine que l’activité donnant droit aux étudiants à deux unités de valeur universitaires comporte six gardes de nuit.
Dans sa réponse à cet article, l’Université d’Ariel a déclaré : « Dans le cadre de la loi encourageant un volontariat significatif dans la communauté, l’université, comme d’autres institutions, agit avec des organisations nombreuses et variées ayant une expertise dans le placement de volontaires dans la communauté. Dans ce cadre, Hashomer Yosh a été retenu comme organisme de placement de volontaires pour l’année universitaire en cours ».
L’université a ajouté que son programme avec Hashomer Yosh n’avait placé que cinq étudiants dans des fermes.
Une des fermes mentionnée dans la présentation du programme est la ferme de Bar Yosef dirigée par Zvi Bar Yosef, qui a été filmé dans les derniers mois, en train de chasser des Arabes qui étaient des citoyens israéliens et qui pique-niquaient par là.
À l’université, le personnel du bureau responsable du volontariat n’a fait état d’aucune limite au volontariat dans différentes fermes et a ajouté que le bureau n’a aucun rôle dans la localisation du travail volontaire. D’un autre côté, un autre membre du personnel de l’université a dit que les étudiants ne pouvaient être volontaires que dans trois fermes, lesquelles « selon l’organisme gérant (le programme), sont des fermes légales, légalement situées sur des terres de l’État ».
Les fermes sont près d’Ariel, Givat Harel et Latroun, mais selon Dror Etkes de Keren Navot dont le site internet les décrit comme « présentant la dépossession continue des terres de Cisjordanie sous un jour nouveau », même les trois fermes ont été construites sans permis de construire. De plus, a dit Etkes, le site de Latroun est une propriété privée qui n’a pas été expropriée par le gouvernement israélien.
L’information sur le programme de volontariat donnée sur le site de l’Université d’Ariel l’a décrit comme destiné à « relier les étudiants à la mission sioniste dans l’agriculture contemporaine ». En fin d’année dernière, Hashomer Yosh a publié un message vidéo de Mark Zell, le président du comité exécutif de l’Université d’Ariel, appelant à soutenir Hashomer Yosh, qu’il a décrit comme une organisation qui travaille contre « ceux qui veulent nuire au droit des gens en Israël de s’établir sur la terre pour y développer l’agriculture » et ajoutant que l’organisation « réalise quelque chose de formidable ».
D’après le registre des associations, Hashomer Yosh a reçu l’an dernier environ 700 000 shekels (178 300 €) de subventions du gouvernement israélien.
À la suite d’une plainte concernant le programme de l’Université d’Ariel déposée par l’avocat Eitay Mack, le bureau de conseil juridique du Conseil de l’Enseignement supérieur a commencé à regarder ce qu’il en était. Cette semaine Mack a écrit au procureur général Avichaï Mendelbit et au Conseil de l’Enseignement Supérieur, de la part d’un groupe de militants de gauche qui réclame que soit examiné le caractère légal du programme de l’Université d’Ariel. Mardi il a été informé que la requête avait été transmise à Raz Nizri, le procureur général adjoint.
Le comité des dirigeants des universités d’Israël doit débattre prochainement pour savoir s’il faut autoriser l’Université d’Ariel à rejoindre le groupe ainsi que cela a été récemment rapporté par Haaretz. Depuis, des membres du corps enseignant d’un certain nombre d’universités ont contacté leur université en protestant contre cette manœuvre. De son côté, la société israélienne de sociologie a écrit cette semaine au comité des présidents d’universités, qualifiant l’Université d’Ariel « d’institution établie en violation du droit international et en contradiction avec les règles du Conseil de l’Enseignement Supérieur ».
Le professeur de l’Institut Weizmann, Nir Gov a dit que le programme de Hashomer Yosh « coïncide avec le but politique déclaré de l’institution d’Ariel de promouvoir les colonies et la dépossession des Palestiniens ». Il a dit : « il n’y a pas de raison de rattacher Ariel à une université normale ».
Hashomer Yosh a dit ne pas être une organisation politique et s’opposer à toute violence. « Les volontaires de l’organisation, incluant les chers étudiants de l’Université d’Ariel, juifs comme arabes, sont fermes dans l’assistance aux fermiers pour protéger la terre de notre pays du terrorisme agricole ».
Les fermiers israéliens et l’organisation respectent la loi, a dit Hashomer Yosh, et l’action de l’organisation et des volontaires est menée selon la loi.