Une haut fonctionnaire des Nations Unies a démissionné à la suite de pressions de la part de son Secrétaire Général Antonio Guterres pour faire retirer le rapport historique publié plus….
Une haut fonctionnaire des Nations Unies a démissionné à la suite de pressions de la part de son Secrétaire Général Antonio Guterres pour faire retirer le rapport historique publié plus tôt cette semaine et qui déclarait Israël coupable d’apartheid.
Rima Khalaf, à la tête de la Commission Economique et Sociale pour l’Asie Occidentale (ESCWA) qui a publié le rapport, a annoncé sa démission dans une conférence de presse vendredi à Beyrouth.
Reuters raconte que Khalaf a pris cette décision « après ce qu’elle a décrit comme des pressions de la part du Secrétaire général pour faire retirer un rapport qui accuse Israël d’imposer un ‘régime d’apartheid’ aux Palestiniens ».
« J’ai démissionné pare que c’est mon devoir de ne pas celer ce qui est clairement un crime, et je maintiens toutes les conclusions du rapport », a déclaré Khalaf.
Dès vendredi, un communiqué de presse annonçant le rapport restait visible sur le site de l’ESCWA, mais le lien depuis ce communiqué avec le rapport lui-même ne fonctionne plus.
Une copie complète du rapport est disponible ci-dessous.
Il conclut que « Israël a édifié un régime d’apartheid qui asservit le peuple palestinien tout entier. »
Il trouve « au-delà de tout doute raisonnable, qu’Israël est coupable d’une politique et de pratiques qui constituent les crimes d’apartheid » tels que définis par le droit international.
Il exhorte les gouvernements nationaux à « soutenir les activités de boycott, désinvestissement et sanctions et à répondre positivement aux appels à ce genre d’initiatives ».
Les Palestiniens ont chaleureusement accueilli le rapport, mais Israël l’a rageusement dénoncé comme assimilable à de la propagande nazie. Nikki Haley, ambassadrice américaine à l’ONU, a exigé que le rapport soit retiré.
Cette réclamation est arrivée juste au moment où l’administration Trump annonçait un plan budgétaire qui comporte des restrictions considérables dans les contributions américaines à l’ONU.
La démission de Khalaf montre que Guterres a agi docilement et promptement pour appliquer les ordres des Etats Unis. Dans un tweet, la Ligue Anti-Diffamation, puissant lobby israélien aux Etats Unis, a remercié Guterres pour avoir exhorté l’ESCWA à retirer le rapport.
Le gouvernement israélien menace depuis longtemps Khalaf de représailles pour avoir fait son travail. En 2014, son ambassadeur à l’ONU avait demandé qu’elle soit retirée de son poste parce qu’elle avait critiqué la politique israélienne d’occupation et la colonisation juive du territoire palestinien aux dépens des communautés musulmanes et chrétiennes.
Le Comité National BDS (BNC) en Palestine, coalition de la société civile qui dirige le mouvement mondial de boycott, désinvestissement et sanctions, a condamné l’intervention de Guterres.
« Le fait qu’un Secrétaire général de l’ONU se soit incliné sous les menaces et les intimidations de l’administration Trump pour protéger Israël d’avoir à rendre des comptes, une fois de plus, n’a rien de nouveau », a dit le BNC. « Ce qui est vraiment nouveau cette fois-ci, c’est qu’Israël, malgré toute son influence à Washington, ne peut pas remettre le génie dans la bouteille. »
« Les Palestiniens sont profondément reconnaissants à la directrice de l’ESCWA, Dr. Rima Khalaf, qui a préféré dignement démissionner plutôt que renoncer à ses principes face aux intimidations menaçantes américano-israéliennes », a ajouté le BNC.
La démission de Khalaf, sous pression pour supprimer des conclusions factuelles et juridiques défavorables à Israël, va envoyer un message réfrigérant aux autres fonctionnaires de l’ONU comme quoi ils feraient mieux de servir ceux qui sont au pouvoir plutôt que de rester fidèles à leur mission qui est de faire progresser les droits de l’Homme et respecter le droit international.