Un professeur de la Toulouse School of Economics suspendu après s’être ému des morts à Gaza

Un professeur contractuel de la Toulouse School of Economics a été suspendu de ses fonctions pour s’être ému en cours magistral devant ses étudiants du nombre de morts à Gaza.

La censure n’en finit pas de gagner les Universités françaises. Benoît Huou, un professeur contractuel à la Toulouse School of Economics, a été suspendu mercredi 4 septembre, « à titre conservatoire ». Son tort : « s’être exprimé sur la situation au Proche-Orient lors d’un cours de mathématiques »,indique dans un communiqué Christian Gollier, directeur de l’établissement public.

Depuis la veille, des comptes sur les réseaux sociaux appelaient à des sanctions contre cet « islamo-gauchiste », le présentant comme un proche de LFI parce que sur la liste du Front de gauche, aux municipales de 2014, à Toulouse. C’est le compte pro-israélien « Sword of Salmon » (Epée de Salomon) lié au collectif Zéro Tolérance, qui a posté sur X l’enregistrement de 5 minutes de l’universitaire, signalant « une diatribe anti-israélienne truffée de désinformations ».

Que lui reproche-t-on exactement ? D’avoir fait part de son émotion sur les morts à Gaza. En ouverture de son cours magistral ce 3 septembre, l’enseignant s’est appuyé sur une lettre de trois chercheurs publiée dans la revue scientifique The Lancet qui estime qu’un total de 186 000 personnes pourraient in fine mourir dans l’enclave palestinienne. « Tout le monde y passe, des enfants aux personnes âgées. Je n’ai jamais vécu une telle boucherie, une telle guerre à sens unique », s’est ému Benoit Huou.

« Malheureusement, ça n’a pas commencé le 7 octobre »

Il remet ensuite cette guerre dans son contexte historique : « Malheureusement, ça n’a pas commencé le 7 octobre et c’est totalement malhonnête de dire que le responsable de ce qui se passe actuellement c’est le Hamas » souligne-t-il en rappelant la politique de colonisation et d’apartheid menée par le gouvernement israélien. Enfin, face au sentiment d’impuissance face à l’enfer de Gaza, il évoque la possibilité de soutenir le peuple palestinien : « par des manifestations ou le boycott de produits israéliens ».

À la fin de ces 5 minutes, l’enseignant ouvre le débat : « Je sentais que c’était important d’en parler. Avezvous envie de prendre la parole ? Sentez-vous libre mais ce n’est pas obligé non plus. »

Peut-on encore critiquer la politique du gouvernement israélien ? Dans son dernier ouvrage, Didier Fassin analyse comment « une police de la pensée » réprime et stigmatise ceux qui se réfèrent à l’histoire du peuple palestinien faite de décennies de spoliations, d’humiliations et de violences pour éclairer la guerre en cours.