Même si c’est trop tard pour des dizaines de milliers de Palestiniens qui ont été tués, il est encore possible de changer nos façons de faire. Cette fois, pas seulement pour les otages — mais pour mettre fin au massacre de nos voisins.
Nos vies dépendent de notre choix d’arrêter de tuer des Palestiniens. Cette simple équation est devenu plus claire ces dernières semaines : si nous continuons à tuer des Palestiniens, les vies de David Cunio et Matan Zangauker, de Gali et Ziv Berman, d’Alon Ohel et de tous les autres otages de Gaza seront en plus grand danger encore qu’elles ne le sont maintenant. Tous les otages qui sont retournés chez eux en ont témoigné.
Mais cette équation est plus profonde et d’un bien plus grand impact encore : nos vies ici dépendent de la fin de l’assassinat des Palestiniens. Une fin aux bombardements venant du ciel et de la mer avec des avions et des missiles, et particulièrement avec une indifférence croissante au nombre de ceux qui sont tués, à leur identité, à leur âge ou leur degré d’innocence.
Si nous n’arrêtons pas le massacre, les vies de nos enfants ici seront aussi en danger. Beaucoup d’entre eux paieront de leurs vies cet appétit insatiable et inarrêtable de vengeance, même un an et demi après le massacre du 7 octobre.
Notre démocratie et notre liberté en Israël dépendent aussi de la fin du massacre des Palestiniens. Sinon, ni la Haute Cour de justice ni la procureure générale ni certainement le chef du service de sécurité du Shin Bet ne peuvent nous aider.
Un État qui tue des centaines de Palestiniens en une nuit dans une indifférence totale de leur identité— ils n’essaient même plus d’essayer d’expliquer les justifications des frappes — ne s’arrêtera pas là.
Il y a quelques années seulement, un tel assassinat de masse de civils aurait stoppé les guerres.
Mais le pays dans lequel nous vivons maintenant est un pays dans le langage duquel il n’y a plus d’être humain — seulement des ennemis sans visage. Ce pays est un pays sans inhibitions, ni légales, ni morales.
Pour le moment, le massacre se concentre sur l’élimination d’ennemis externes par milliers et sans aucune distinction entre les terroristes et les innocents. Nous pouvons supposer que cela ne continuera pas comme cela. Un régime qui manque d’inhibitions légales et morales dans sa guerre à Gaza sera — s’il n’est pas déjà —un régime sans inhibitions où que s’exerce son pouvoir. Un pays qui a déshumanisé des millions d’innocents à Gaza fera la même chose à ces propres citoyens.
Il est impossible de s’opposer à l’exercice sans contrôle du pouvoir à un endroit et de l’accepter avec sérénité quand il a lieu ailleurs.
Le prix principal pour notre déshumanisation du peuple palestinien a été payé, et est payé, par les dizaines de milliers de Palestiniens qui ont été tués depuis le début de la guerre, et les centaines de milliers qui ont été blessés et déracinés de leurs foyers et de leurs vies.
Mais maintenant, oui, il est aussi clair — comme un petit nombre de personnes nous en ont alerté au fil des années — que nous le payons aussi avec nos vies et que nous continuerons à payer un prix élevé. Nous en sommes arrivés à accepter la violence du pays, et après le 7 octobre beaucoup d’entre nous l’ont même encouragée — et maintenant la violence est devenue hors de contrôle — et la violence qui sévit sans contrôle emporte tout sur son passage.
Mais il est encore possible de nous repentir et de changer nos esprits. D’essayer de mettre fin à l’orgie de revanche qui a englouti l’État d’Israël, même si cela arrive très tardivement. De sortir et de manifester, mais, cette fois, pas seulement pour la libération des otages, ou la demande de renverser ce gouvernement de revanche et de violence généralisée, mais simplement parce qu’il est interdit de continuer à massacrer des Palestiniens.
Si nous sortons manifester au nom de cette requête —simplement mettre fin au massacre dans la Bande de Gaza, avant tout — nous pourrions être capables de sauver les vies des otages et de les ramener à la maison. Et avec eux, le petit espoir restant que ce pays dans lequel nous vivons ne devienne pas un régime dont le seul langage est la violence, et qui ne reconnaît pas l’existence des êtres humains, seulement de cibles.