Un leader étudiant palestinien violemment arrêté par l’AP après un succès électoral

Les étudiants condamnent le traitement d’Abdul Majid Hassan alors que l’Université de Birzeit demande aux forces de sécurité à mettre fin à leur campagne d’arrestations.

Les étudiants de l’université de Birzeit exigent la libération immédiate du leader étudiant récemment élu Abdul Majid Hassan, 23 ans, qui a été violemment arrêté par les services de sécurité de l’Autorité Palestinienne dimanche soir chez lui à Ramallah.

Un bref vidéo clip publié par la famille de l’étudiant a montré plusieurs personnes en civil appréhendant, traînant et frappant Hassan, avant de le faire entrer de force dans un véhicule.

A la suite de la diffusion des nouvelles, plusieurs cadres étudiants de l’Université de Brizeit ont fait des déclarations dénonçant sa détention et la décrivant comme une façon de saper l’activité et le travail démocratique des étudiants à l‘université.

On sait pas pourquoi il a été arrêté, alors que Hassan venait juste d’être élu comme leader étudiant représentant le bloc islamique.

Shatha Hassan, la sœur d’Abdul Majid, a dit à Middle East Eye que son frère sortait de chez lui dans le quartier d’Ein Musbah au centre de Ramallah quand un groupe de jeunes hommes l’ont intercepté et ont commencé à l’agresser.

« J’étais assise dans ma chambre quand j’ai entendu mon frère crier, il était accompagné de mon plus jeune frère Saleh. J’ai ouvert ma fenêtre et j’ai vu quatre personnes qui l’entouraient, le frappant brutalement. Il a essayé de s’en débarrasser, mail ils l’ont battu encore plus fort », a-t-elle dit.

Saleh a essayé d’aider son frère, mais lui aussi a été frappé. Shatha a dit que les agresseurs l’ont aspergé de gaz lacrymogène et il est tombé par terre en criant.

D’après Shatha, dont on peut entendre les cris depuis la fenêtre de sa chambre dans la vidéo, les agresseurs ont crié qu’ils appartenaient au service de renseignement de l’Autorité Palestinienne.

Quand Hassan a essayé de leur résister, deux véhicules transportant des gens masqués armés de bâtons sont arrivés et il a été poussé de force dans un véhicule.

« La scène était vraiment pénible. Ils l’ont frappé impitoyablement sur la tête avec un pistolet devant nous », a dit Shatha, ajoutant qu’un détenu libéré plus tard avait dit qu’Hassan était arrivé au centre de détention très mal en point et avec des blessures sur tout le corps.

La famille de Hassan dit qu’ils tiennent l’Autorité Palestinienne pour entièrement responsable de la vie de leur fils, et pensent qu’il a été arrêté en lien avec ses activités politiques étudiantes et le succès remporté aux élections de mai du Conseil des Étudiants de l’Université de Birzeit.

Allégations de mauvais traitements

Ibrahim Bani Odeh, représentant du bloc islamique qui a remporté les récentes élections du conseil des étudiants, a décrit l’arrestation de Hassan à la suite du vote comme une violation de toutes les normes politiques.

Il a dit à MEE que Hassan a été présenté au ministère public dans un état déplorable.

« Au vu de la scène de l’arrestation, nous avons pensé que les kidnappeurs étaient des unités israéliennes d’infiltration, étant donné qu’elles avaient arrêté beaucoup d’étudiants de l’université de cette façon brutale. Frapper, traîner, déshabiller et hurler, tout ça c’était la façon israélienne de pratiquer les arrestations, mais malheureusement, ils ont été imités par les services palestiniens de sécurité contre Abdul Majid », a-t-il dit.

Bani Odeh a dit que sept étudiants de l’université ont été arrêtés depuis la fin des élections en mai. Quatre sont encore en détention, et Bani Odeh a dit qu’ils avaient été libérés après avoir été physiquement et psychologiquement maltraités, y compris en étant suspendus à un mur.

Le porte-parole des services de sécurité palestiniens, Talal Dweikat, a dit à MEE qu’il n’avait aucun détail pour commenter dette affaire.

Shatha a dit que son frère avait récemment été maintes fois menacé et frappé par les services palestiniens de sécurité, et ciblé ainsi que d’autres étudiants du bloc islamique.

« Les services palestiniens de sécurité forgent des charges contre les étudiants de l’Université de Birzeit, y compris la possession d’armes et la réception d’argent illégal, mais la véritable enquête à leur propos se fonde sur leur activité étudiante et leur participation aux récentes élections et à la structure organisationnelle du bloc islamique », a dit Bani Odeh.

Il a demandé aux organisations de défense des droits de l’homme d’intervenir immédiatement pour libérer Hassan et garantir la mise en œuvre de la démocratie, la liberté d’opinion et d’affiliation politique sans aucune menace pour les étudiants de l’université.

Lundi, l’ONG Avocats pour la Justice a dit que le bureau du ministère public avait prolongé de 48 heures la détention de Hassan avec le service des renseignements généraux.

L’ONG a fait remarquer que Hassan avait été arrêté dans un contexte d’activité syndicale étudiante notoirement connue, alors que l’enquête du ministère public tourne autour d’une accusation différente, tactique souvent utilisée pour cibler des étudiants.

L’arrestation de Hassan a déclenché une vague de colère sur les comptes des réseaux sociaux des étudiants et, mardi, toute l’Université de Birzeit a fermé en guise de protestation.

Entre temps, le bloc des syndicats étudiants progressistes a dit qu’il condamnait la politique de détention politique pratiquée par les services de sécurité de l’AP contre les étudiants militants, dont ils ont averti qu’elle conduirait à des confrontations avec des « conséquences inimaginables ».

Il a également demandé la libération urgente des étudiants détenus.

L’administration de l’Université de Birzeit a entre temps exprimé son inquiétude à propos de l’arrestation de Hassan et de la campagne continue d’arrestations menée contre ses étudiants.

« L’Université de Birzeit appelle l’Autorité Palestinienne à le libérer immédiatement, à mettre fin aux convocations qui visent illégalement les étudiants de l’université, et à libérer tous les étudiants détenus pour motifs politiques », a-t-elle dit.