Un groupe raciste lance une offensive nationale sur les campus américains

Un groupe connu anti-Noirs et islamophobe a lancé une offensive nationale contre des étudiants et des professeurs associés au mouvement de défense des droits des Palestiniens. Au début de ce….

Un groupe connu anti-Noirs et islamophobe a lancé une offensive nationale contre des étudiants et des professeurs associés au mouvement de défense des droits des Palestiniens.

Au début de ce mois des affiches ont été placées par le Centre David Horowitz pour la Liberté à l’Université d’État de San Francisco, à l’Université du Tennessee, à l’Université Tufts, au Vassar College, à l’Univesité de Chicago, à la City Université du Collège de Brooklyn à New York, à l’Université d’ État de San Diego et sur les campus d’Irvine, de Berkeley et de Los Angeles de l’Université de Californie.

Les affiches représentent des caricatures d’étudiants ou de professeurs ciblés, à côté d’une liste d’allégations suivies du hashtag #JewHatred (haine des juifs).

S’ils comportent des étiquettes inoffensives comme « militant BDS » ou « militant SJP » (Étudiants pour la Justice en Palestine), les affiches sont aussi porteuses d’accusations diffamatoires.

Par exemple, le professeur Rabab Abdulhadi de l’Université d’État à San Francisco est appelée « une leader de la campagne BDS du Hamas » et une « collaboratrice des terroristes ».

Hatem Bazian qui enseigne à Berkeley est appelé « un soutien des terroristes du Hamas » et un « tireur de sonnette d’alarme sur l’islamophobie ».

Au nombre des affirmations sans fondement de cette campagne, il est dit que les Musulmans américains pour la Palestine, un groupe créé par Bazian, a fait passer des « dollars terroristes » à des groupes des Étudiants pour la Justice en Palestine pour le soutien au mouvement BDS « sponsorisé par le Hamas ».

Répandre la peur et la haine

Le Centre David Horowitz pour la Liberté s’est attribué la paternité de la campagne.

Le Southern Poverty Law Center, qui exerce une veille sur des groupes haineux et sur les tendances extrémistes, déclare que depuis les années 1980, le fondateur du groupe, David Horowitz, est « devenu une force motrice des mouvements contre les Musulmans, les immigrants et les Noirs ».

L’organisation d’Horowitz est aussi devenue « le premier financeur de voix anti musulmanes et d’idéologies radicales, tout en agissant comme diffuseur d’une désinformation qui cherche à accroître l’appétence populaire pour les peurs et les phobies d’Horowitz », selon le Southern Poverty Law Center.

Les affiches d’Horowitz reposent sur des informations de la Mission Canari, un site internet qui fait des listes noires d’étudiants et d’enseignants critiques d’Israël.

Horowitz semble avoir testé sa campagne en avril quand de semblables affiches sont apparues sur le campus de UCLA.

À l’époque, Jerry Kang, le vice-recteur de UCLA avait vivement dénoncé les affiches, les qualifiant « de grave escalade » et il avait promis que l’université « déploierait toutes ses ressources légales pour contrer tout harcèlement ou intimidation ».

Kang est devenu une cible de la nouvelle campagne d’affichage d’Horowitz.

“Vandalisme”

Leslie Wong, le président de l’Université d’État de San Francisco a condamné les affiches d’Horowitz le 14 octobre, le jour où elles ont été placardées sur le campus, mais certains étudiants et enseignants disent qu’il n’est pas allé assez loin.

Wong a dit que le « vandalisme » sur le campus le mettait « en colère » et il a qualifié les affiches « d’attaque haineuse ». Il a critiqué un « groupe extrémiste extérieur » mais n’a pas nommé Horowitz.

« Ce n’est pas une question de liberté de parole ; il s’agit là d’un comportement brutal qui est inacceptable et qui ne sera pas toléré sur notre campus » a ajouté Wong.

La police du campus a ouvert une enquête.

« Nous n’approuvons pas le message et, en cohérence avec les principes de la liberté de parole, nous croyons que la façon de réponde le plus puissamment à un discours de division et de dégradation est de s’exprimer davantage en promouvant l’inclusion, des avancées dans la dignité humaine, l’encouragement à des actions et à une communication fondées sur le respect mutuel » a dit Elizabeth Smith, la porte parole de L’Université d’État de San Francisco, à l’Electronic Intifada.

Elle a dit que l’enquête observerait quelle a été l’ampleur de l’activité et s’il a été porté atteinte à quelque aspect de la politique éducative.

Mais Joanne Barker, une professeure d’études indiennes américaines, croit que Wong aurait dû nommer l’organisation d’Horowitz et montré les intentions racistes de la campagne.

« Dans des moments comme la semaine dernière avec ce qui s’est passé quand vous avez une réponse qui est une non-réponse, je ne me sens pas en sécurité en tant qu’employée de cette université » a dit Barker.

Elle a remarqué que le FBI définit le vandalisme comme un crime de haine quand s’y ajoutent des préjugés.

Barker a dit que l’université « devrait contacter les autorités fédérales et d’État pour que cet incident soit l’objet d’investigations en tant que crime de haine ».

Face à l’augmentation du nombre d’affiches, l’Union Générale des Étudiants Palestiniens a appelé à une réunion d ‘urgence sur le campus, à laquelle ont pris part des représentants d’autres organisations et groupes d’étudiants.

Rex Halafihi a été le premier étudiant à voir les affiches quand il est arrivé sur le campus vendredi matin à 7h30.

« C’est drôle comme les media félicitent Wong. Son mail est vraiment vague et ne condamne pas vraiment David Horowitz ni la Mission Canari ; il ne mentionne pas non plus le fait que ce sont des organisations anti-musulmanes » a dit Halafihi. « C’est juste ridicule ».

Silence à Irvine

Le groupe de défense juridique Palestine Legal a insisté auprès d’Howard Gillman, le recteur de l’Université de Californie à Irvine, pour qu’il condamne publiquement les affiches.

Mais c’est ce qu’il reste à faire aux administrateurs. La porte-parole d’Irvine, Cathy Lawhorn, a dit à l’Electronic Intifada que les affiches avaient été enlevées dans les deux heures suivant leur pose et que, de ce fait, l’établissement n’avait reçu aucune réclamation de la part d’étudiants.

Palestine Legal a rappelé à Gillman qu’à la différence de son silence actuel, il avait été prompt à répandre ce qui s’était avéré de fausses accusations contre des étudiants qui militent pour les droits des Palestiniens.

“Une campagne terroriste ”

« Nos universités sont contre la liberté de parole et elles protègent les terroristes » a dit Horowitz à l’Electronic Intifada. « Je veux que les gens sachent que vous – y compris l’Electronic Intifada – faites partie d’une campagne terroriste qui vise à détruire l’État d’Israël et à tuer les Juifs, de même que des Américains ».

Quand on lui a demandé des preuves que le Groupe Étudiants pour la Justice en Palestine était financé par le Hamas ou par des « groupes terroristes », Horowitz a signalé un document visible sur son site internet, qui prétend établir les liens entre SPJ, des « terroristes » et le Hamas.

Mais le seul lien vague qu’évoque Horowitz est entre les Musulmans Américains pour la Palestine et des individus anciennement impliqués dans la Fondation Terre Sainte.

Lors d’un procès hautement politique, les États Unis ont condamné cinq hommes qui travaillaient pour cette association sur la base de « soutien matériel au terrorisme », alors même que les USA avaient apporté un financement aux mêmes organisations que la Fondation Terre Sainte en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza.

Horowitz a dit à l’Electronic Intifada que les Étudiants pour la Justice en Palestine disent « des mensonges énormes » comme « Israël occupe des terres arabes ».

« La nation palestinienne est une pure invention » a-t-il ajouté. « C’est ridicule. Israël est le seul État du Moyen Orient qui ne soit pas d’apartheid ».

Un encouragement au harcèlement?

Abdulhadi, la cible principale des affiches mises à l’Université d’État de San Francisco, dit qu’il est plus que temps que l’administration de Wong se tienne fermement auprès de ceux qui ont été l’objet d’une longue campagne de harcèlement.

« Des groupes largement financés tentent de nous ébranler parce qu’ils savent que le débat se développe de plus en plus et que de plus en plus de gens sont susceptibles de rejoindre la communauté de ceux qui soutiennent la Palestine dans le monde « a dit Abdulhadi à l’Electronic Intifada.

Il y a deux ans, les organisations anti palestiniennes AMCHA, le Centre Simon Wiesenthal, StandWithUs, l’Organisation Sioniste d’Amérique et les Intellectuels pour la Paix au Moyen Orient ont accusé Abdulhadi de rencontrer de « terroristes » et ont demandé à l’université d’enquêter sur elle.

L’université a trouvé que les allégations étaient sans fondement et que l’activité incriminée faisait partie de son programme.

Abdulhadi croit néanmoins que la faiblesse des réponses a enhardi les groupes, leur permettant une escalade dans leurs attaques.

Les groupes sionistes ciblent actuellement le partenariat qu’Abdulhadi a récemment monté entre l’Université d’État de San Francisco et l’Université nationale An-Najah de Naplouse en Cisjordanie occupée.

Pour Abdulhadi, le manque de soutien face à la campagne d’intimidation qui se développe, est aggravé par ce qu’elle nomme le manquement de l’université à ses engagements quant aux programmes d’études ethniques des Musulmans et des Arabes.

À la suite d’une grève de la faim d’étudiants au printemps dernier en réponse à des propositions de coupure de budgets pour les études ethniques, l’administration a réitéré sa promesse d’engager deux professeurs supplémentaires.