Un groupe juif publie une liste noire des professeurs des Etats-Unis qui soutiennent le boycott académique d’Israël

La liste d’AMCHA qui comprend des centaines de noms, est parue quelques semaines après qu’Israël ait interdit l’entrée aux soutiens du boycott. « L’interdiction émise par la Knesset est sans effet, à moins qu’il y ait des listes » précise un professeur.

A peine trois semaines après que la Knesset ait voté une loi controversée qui entend interdire l’entrée en Israël de tout étranger ayant soutenu publiquement le boycott du pays, une petite mais bruyante organisation juive qui combat le militantisme anti-israélien sur les campus des États-Unis a publié vendredi une liste de tous les professeurs des États-Unis qui ont au moins une fois appelé à un boycott académique d’Israël.

L’initiative AMCHA, qui agit à partir de l’université de Santa Cruz, a présenté plusieurs cartes interactives, conçues pour donner aux utilisateurs ce qu’elle appelle « la capacité à comprendre visuellement la distribution et les motifs géographiques de l’activité antisémite sur les campus d’enseignement supérieur et universitaires ».

L’une de ces cartes, la « Carte Interactive des Universitaires Boycotteurs» identifie avec des marqueurs de couleur différente les institutions d’enseignement supérieur aux États-Unis dont des membres enseignants soutiennent le boycott académique d’Israël. Les universités sont réparties en catégories en fonction du nombre de partisans du boycott qu’elles emploient. A chaque catégorie est associé un marqueur de couleur différente.
En cliquant sur un des marqueurs de la carte, un utilisateur peut obtenir une liste de tous les noms des membres enseignants qui ont signé un document public soutenant le boycott universitaire d’Israël. La liste ne fournit que les noms et non celui des départements d’appartenance. Elle ne précise pas quel document les enseignants ont signé.

D’après la carte interactive, les deux universités possédant le plus important nombre de partisans du boycott appartiennent toutes deux à l’état de Californie : l’université de Berkeley avec 47 noms sur sa liste et celle de Davis avec 46 noms. Rassemblées, les listes contiennent des centaines de noms.

Parmi les autres cartes interactives publiées par l’initiative AMCHA aujourd’hui, il en est une nommée « La carte des scores de BDS » qui fournit les résultats des votes des résolutions des campus à propos de BDS depuis 2012.

L’initiative AMCHA, créée en 2011, est une organisation à but non lucratif qui surveille les activités antisémites et anti-israéliennes sur les universités et établissements d’enseignement supérieur des États-Unis. Il y a un an, l’Université de Californie est devenue la première université publique des États-Unis à publier une déclaration condamnant l’antisémitisme sur ses campus, quoique sans aller jusqu’à une dénonciation générale de l’anti-sionisme. L’initiative AMCHA a été la force dirigeante pour cette déclaration marquante. Le groupe a toutefois souvent été pris à partie pour son assimilation de la condamnation d’Israël à de l’antisémitisme.

Lila Corwin-Berman, professeur d’Études Juives à l’université de Temple et militante de pointe dans le « Réseau des Militants des Études Juives » (Jewish Studies Activists Network) récemment formé a exprimé le choc subi à la publication de la liste des partisans universitaires du boycott. « Ce n’est pas nouveau de créer ces sortes de listes de soi-disant ennemis du peuple juif parmi les professeurs – mais l’initiative me semble plus sophistiquée sur le plan technologique. Elle met l’information sous une forme qui amène les gens à croire que certaines universités sont des bastions de l’antisémitisme ».
La date de publication, estime-t’elle, n’était pas une coïncidence.

« L’interdiction émise par la Knesset d’entrer pour les soutiens du boycott est sans effet->http://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.779830], à moins qu’il y ait des listes » dit Corwin-Berman. « [L’initiative fournit une liste potentielle au gouvernement israélien et semble fonctionner en tandem avec les efforts d’assimiler les idées de boycott avec de l’antisémitisme ».

L’initiative AMCHA, qui considère toutes les initiatives de boycott d’Israël comme antisémites, a depuis longtemps suscité la méfiance des progressistes juifs états-uniens. Dans une lettre publiée par The Forward en octobre 2014, plusieurs spécialistes importants des Études Juives ont dénoncé cette organisation pour la pression exercée sur les étudiants juifs afin qu’ils évitent de prendre des cours avec une longue liste de spécialistes du Moyen-Orient qu’elle a compilée et qu’elle a considérés anti-sionistes ou antisémites.

« Ces techniques de contrôle des cours, des symposiums et des conférences faussent le principe de base de liberté académique sur lequel est construite l’université aux États-Unis », écrivent-ils. « En outre, leur définition de l’antisémitisme est tellement floue qu’elle n’a aucun sens. Au lieu d’encourager par ses efforts l’ouverture, l’approche de AMCHA ferme toutes les directions de réflexion en dehors des plus étroites et a un effet désastreux sur la recherche et l’enseignement. Les méthodes de AMCHA fournissent peu de support à Israël dont la véritable survie dépend d’un débat libre, ouvert et vigoureux à propos de son avenir ».