Ismail Zeyada, un citoyen néerlandais d’origine palestinienne, a lancé une poursuite au civil sur la responsabilité de deux commandants israéliens dans l’attaque de sa maison familiale à Gaza au cours….
Ismail Zeyada, un citoyen néerlandais d’origine palestinienne, a lancé une poursuite au civil sur la responsabilité de deux commandants israéliens dans l’attaque de sa maison familiale à Gaza au cours de l’opération Barrière de Protection. Six membres de la famille de Zeyada ont été tués dans l’attaque de juillet 2014 : sa mère (70 ans), trois de ses frères, sa belle-sœur et un neveu âgé de 12 ans. Un de deux invités a aussi été tué. La maison familiale était située à Al-Burayj, un camp de réfugiés du centre de la bande de Gaza.
Les commandants sont Benny Gantz, chef d’état-major pendant l’opération et le commandant de l’armée de l’air Amir Eshel. Lundi dernier, un bref d’assignation a été envoyé au ministère israélien de la défense. Les deux hommes ont six semaines pour endosser la responsabilité et régler l’affaire avec Zedaya. On peut présumer que cela ne se produira pas et que l’affaire sera portée devant un tribunal civil néerlandais qui devra juger s’il a compétence en la matière.
L’avocat de Zedaya, Liesbeth Zegveld, connue pour défendre les droits humains, fait remarquer qu’il y a de solides arguments faisant qu’un juge néerlandais pourrait accepter de juger l’affaire. Le plus important est le fait que Zedaya, comme la plupart des Palestiniens, n’a pas accès au système judiciaire israélien auquel l’affaire revient avant tout. Deuxièmement, Israël a déjà traité le cas Zedaya – en vertu du droit militaire, en jugeant que la maison familiale de quatre niveaux était en fait « un centre actif de commandement et de contrôle » du Hamas. Zegveld est très directe sur cet argument : « Le fait est qu’il n’est pas possible de bombarder une maison habitée par des civils. Tuer délibérément six d’entre eux sans nécessité est considéré comme un crime de guerre ».
Il faut noter que 18 000 maisons privées au total ont été détruites durant l’opération Barrière Protectrice.
La nouvelle de l’affaire Zedaya est sortie mardi dernier à l’émission Brandpunt de la chaîne néerlandaise de télévision. Une partie de l’émission, dont le titre est « En quête de justice » a été tournée sur place à Gaza où vit toujours Hassan, le frère d’Ismaïl Zedaya, qui est psychologue et dont le travail concerne des enfants traumatisés. Dans l’émission, des témoins de l’attaque expliquent que rien dans cette maison familiale n’avait quelque lien que ce fût avec des aspects militaires, même si l’un des frères tués était un membre actif du Hamas ; on l’a trouvé dans les décombres, en sous-vêtements. L’invité qui a été tué rendait visite à la famille Zedaya ; il était aussi membre du Hamas. Voilà ce qui est décrit par Israël comme un centre de commandement actif et donné comme raison de faire exploser la maison avec les civils qui y étaient.
L’avocate Zegveld résume : « Plus de deux mille Palestiniens ont été tués en cinquante jours. Le récit standard est que tous ces gens étaient supposés être au voisinage immédiat de terroristes, aussi pour qu’Israël puisse gagner la guerre, ils devaient mourir ». Zegveld dit qu’il est temps qu’Israël soit convoqué à rendre compte de ces pratiques et elle voit l’affaire Zedaya comme un petit pas, néanmoins significatif, vers cet objectif. Pour elle, ce cas est unique – la première fois que des commandants israéliens sont tenus pour responsables de leurs actes devant un tribunal civil.
Ce n’est pas la première fois que le cas Zedaya fait les gros titres. En août 2014, juste quelques semaines après l’attaque fatale sur la maison Zedaya, un Néerlandais de 91 ans, Henk Zanoli, a rendu sa médaille Yad Vashem, qui lui avait été remise pour avoir caché un garçon juif pendant la seconde guerre mondiale. Zanoli, qui est parent de la femme de Zedaya, a mis en cause l’hypocrisie de l’avoir honoré comme « Juste parmi les Nations » pour avoir sauvé une vie juive, tout en ôtant la vie à six membres palestiniens de sa famille.