Maximilien Leroy, auteur français de bandes dessinées, a été refoulé à son arrivée à l’aéroport de Ben-Gourion en Israël la semaine dernière alors qu’il devait exposer son travail à Béthleem, en Cisjordanie. Interrogé durant quatre heures, il s’est vu signifier une interdiction de territoire pendant dix ans.
Aucun motif ne lui a été clairement exposé mais selon l’auteur, interrogé par RFI, la conclusion de l’interrogatoire par un employé du ministère de l’Intérieur se résumait ainsi : « vous pourrez dire du mal de nous (d’Israël) autant que vous voulez dans votre pays, mais plus ici ».
Maximilien Leroy, 29 ans, paie sans aucun doute le prix de son engagement, à travers ses BD, pour la cause palestinienne. Auteur de Faire le mur où il décrit la réalité de l’occupation israélienne en Cisjordanie, ou de Gaza, un ouvrage collectif sur la guerre de 2008-2009, Maximilien Leroy a également signé une pétition contre le sponsoring du dernier festival de BD d’Angoulême par Sodastream, une entreprise israélienne qui opère dans une colonie, en territoire occupé.
« Inquiétant pour la démocratie »
Mais de là à écoper d’une interdiction de territoire israélien pour dix ans… « C’est comme si j’avais voulu poser des bombes ! », déplore l’intéressé pour qui cette interdiction est handicapante. Pour aller en territoire palestinien, il faut en effet impérativement passer par Israël.
Maximilien Leroy affirme donner la parole aux Israéliens et aux Palestiniens dans ses ouvrages, même s’il ne cache pas son point de vue militant. « Mais on ne peut pas trouver une seule ligne, dit-il, pouvant justifier une telle interdiction. C’est surtout inquiétant pour la vie démocratique d’une nation qu’elle ne puisse pas tolérer une parole critique sur son territoire. »
Dénoncer l’occupation des territoires palestiniens est-il un délit aux yeux des autorités israéliennes ? Contacté par RFI, le ministère israélien des Affaires étrangères à Jérusalem se refuse à tout commentaire dans l’immédiat, expliquant manquer d’éléments sur le cas de Maximilien Leroy.
« Profil de poseur de bombes »
Les autorités françaises locales restent tout aussi muettes. Même si en coulisses, certains diplomates ne cachent pas leur agacement face à la multiplication des refoulements de ressortissants français.
En mai dernier, la photographe française Mouna Saboni, avait passé 48 heures dans un centre de détention de l’aéroport Ben-Gourion avant d’être renvoyée vers la France avec une interdiction également de dix ans de remettre les pieds en Israël. La jeune artiste menait un projet photographique sur un camp de réfugiés palestinien. Selon son témoignage, les autorités israéliennes lui avaient reproché d’avoir un « profil de poseur de bombes ».