Transfert forcé par Israël de Khalida Jarrar, membre du PLC

Khalida Jarrar, membre du PLC (Palestinian Legislative Council – Le Conseil Législatif Palestinien) a eu plusieurs réunions depuis mercredi pour évaluer les possibilités face à l’ordonnance d’Israël de transfert à….

Khalida Jarrar, membre du PLC (Palestinian Legislative Council – Le Conseil Législatif Palestinien) a eu plusieurs réunions depuis mercredi pour évaluer les possibilités face à l’ordonnance d’Israël de transfert à Jéricho. Jarrar a refusé de quitter de son plein gré son domicile de Ramallah pour Jéricho. Que va faire Israël ?


Des douzaines de responsables politiques palestiniens se sont rassemblés mercredi soir devant la maison de Khalida Jarrar, membre du Conseil Législatif Palestinien, prêts à une éventuelle confrontation avec l’armée israélienne en cas d’arrestation.

Tôt dans la matinée de mercredi, une cinquantaine de soldats israéliens ont encerclé la maison de Jarrar qui est membre du bureau politique du FPLP, le Front Populaire de Libération de la Palestine, et lui ont délivré une ordonnance de transfert à Jéricho pour six mois. Jarrar a refusé de signer l’ordonnance qui lui donnait 24 heures pour quitter son domicile de Ramallah. À 12H45 en heure locale, mercredi, les troupes israéliennes n’étaient toujours pas venues faire exécuter l’ordre ou arrêter Jarrar.

Jarrar, qui est de longue date une défenderesse des prisonniers, des femmes et des droits humains en général, était présentée dans l’ordonnance de transfert comme « menace pour la sécurité de la zone », bien que cette ordonnance, comme d’autres décrets militaires, ne fournisse pas d’explication et repose sur des preuves « secrètes » des autorités israéliennes.

Jeudi matin, Jarrar est en réunion pour prendre des décisions politiques à la suite de cette ordonnance de transfert.

« Cette attaque contre une dirigeante politique palestinienne en vue, survient maintenant en réponse au rôle actif du FPLP dans la résistance de Gaza » dit Nassar Ibrahim, un militant politique palestinien qui a ajouté : « cela s’inscrit dans les attaques en cours de la part de l’occupant contre les membres élus du Conseil Législatif Palestinien (PLC) et cela vise la résistance palestinienne dans son ensemble ».

Des groupes de la société civile palestinienne, en particulier les organisations de droits humains et les comités de femmes, de même que le Conseil Législatif et des partis politiques ont affirmé leur solidarité avec Jarrar.

Le bloc de gauche Abou Ali Moustapha du PLC, qui a aidé à organiser le sit-in d’hier soir à la maison de Jarrar, a publié une déclaration saluant le refus de Jarrar, « de l’ordonnance illégale, inhumaine et injuste des forces d’agression sionistes ».

Shawan Jabarin, le directeur exécutif du groupe palestinien de défense des droits Al Haq, a déclaré que « l’Autorité palestinienne doit prendre une position claire sur cette violation flagrante du droit international relatif aux droits humains et des Conventions de Genève ».

Pour autant, Addameer, le groupe sur les droits des prisonniers dont Jarrar est l’ex-directrice et membre du bureau actuel, remarque que l’Autorité palestinienne a elle-même autorisé cette expulsion.

Saeb Erekat qui est membre du Comité exécutif de l’OLP a fait mercredi une déclaration dans laquelle il dit que « l’ordre délivré à Jarrar s’apparente effectivement à une tentative de transfert de force, à une détention illégale et à une persécution, toutes formes de délits passibles de condamnations en vertu du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale et des dispositions de la loi de compétence universelle à laquelle se rallient la majorité des États ».

Erekat a ajouté que 36 membres du PLC sont actuellement enfermés dans des prisons israéliennes.

La presse israélienne grand public n’a pas fait mention de l’assignation à résidence de Jarrar.

Ce n’est pas la première fois qu’Israël opère des transferts forcés des membres du PLC. Addameer note qu’en 2010, trois membres du PLC – Mohammad Abou Teer, Ahmad ‘Atoun et Mohammad Totah – de même que le Ministre des affaires de Jérusalem Khalid, Abou Arafeh, ont été expulsés de leurs maisons de Jérusalem et assignés à résidence à Ramallah. Par la suite, tous les quatre ont été arrêtés par Israël et placés en détention administrative.

L’ordre d’expulsion met une fois de plus en relief les appels à la direction palestinienne de reconsidérer ses négociations avec Israël. « Israël méprise de façon flagrante la souveraineté du PLC qui est l’organe démocratiquement élu des Palestiniens. Il arrête ses membres et place la plupart d’entre eux en détention administrative sans chef d’accusation ni procès. Il limite leurs mouvements et empêche nombre d’entre eux de voyager à l’étranger, dont Jarrar », selon ce qu’a déclaré un militant politique à l’AIC, ajoutant qu’ « Israël ne respecte pas les accords. L’AP devrait engager une révision critique de la voie des négociations et de la paix avec Israël ».

Addameer appelle les militants à exiger la révocation immédiate de l’ordonnance militaire d’assignation à résidence de Jarrar à Jéricho.

*Cet article a été publié le 22 août : une citation de l’organisation de défense des prisonniers, Addameer, a été supprimée et le titre a été changé