Stop aux projets avec Israël : l’Université de Turin bloque les contrats de recherche scientifique

Les étudiants ont fait irruption au Conseil académique et ont remis au recteur Geuna un appel signé par 1600 personnes.

 L’Université de Turin ne participera pas à l’appel d’offres « Maeci » du ministère des Affaires étrangères pour la coopération entre institutions italiennes et israéliennes dans le domaine de la recherche scientifique. C’est ce qu’a décidé le Conseil académique, qui a voté à la majorité – une seule voix contre et deux abstentions – la motion née à la suite de la protestation des étudiants qui avaient demandé avec force la suspension de l’accord.

  La décision est intervenue à la fin d’une matinée de protestation : « Compte tenu de la persistance de la situation de guerre à Gaza, la participation à cet appel Maeci est considérée comme inopportune », selon la note synthétique  de l’Université de Turin.

   Ce matin, les étudiants du collectif « Cambiare Rotta (Changer de route) » du Palazzo Nuovo se sont rendus au rectorat de l’Université de Turin où avait lieu le Conseil académique. La séance a été interrompue : aux cris de « Palestine libre », les étudiants ont demandé aux professeurs et au recteur, Stefano Geuna, de soutenir la lettre – envoyée au Maeci (le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération) et signée par plus de 1600 universitaires de toute l’Italie, dont une soixantaine de l’Université de Turin, pour la suspension de l’accord de coopération industrielle. « Dans la bande de Gaza – ont dénoncé les représentants de l’organisation de la jeunesse communiste – nous assistons à un véritable éducocide, c’est-à-dire à la destruction systématique, totale et intentionnelle du système éducatif local ».

  « Fin février – rappellent les étudiants – le ministère des Affaires étrangères a annoncé l’appel à projets conjoints de recherche, pouvant être soumis avant le 10 avril. Il n’est pas difficile d’imaginer à quelles fins ils
seront utilisés : technologie civile et militaire. » D’où, le 29 février, la lettre rédigée par des universitaires de tout le pays pour demander la suspension de l’appel et dénoncer « la violation du droit international et humanitaire ».

 « Nous voulons rappeler que sont coupables d’un génocide non seulement ceux qui le commettent physiquement – dénoncent les étudiants – mais aussi tous ceux qui contribuent à les doter des moyens nécessaires pour le faire, que ce soit matériellement ou au travers de la recherche ».

 La demande des militants de Cambiare Rotta et Progetto Palestina était claire dès le début : « Nous voulons que le recteur signe la lettre, nous demandons que notre université ne se rende pas complice du génocide en cours et que les lieux de savoir ne soient pas complices de la violence » . Les membres du Conseil ont écouté en silence. « Nous recevons le document – a été la première réponse du recteur Geuna – nous en discuterons au moment opportun, comme nous l’avons toujours fait ». La décision du Conseil a eu lieu dans l’après-midi.

Pour Stefano Parisi, président de l’association 7 octobre, il s’agit d’une décision « très grave et inquiétante, qui nous ramène à un passé lointain que nous n’aurions jamais voulu revivre. » D’où la demande aux institutions, au ministre de l’Université et de la Recherche et à la CRUI (conférence des recteurs des universités italiennes)
« d’intervenir pour bloquer une dérive alarmante et intolérable pour une démocratie libérale ».