Plus de 6000 universitaires à travers le monde ont annoncé qu’ils allaient boycotter toute conférence universitaire tenue aux États-Unis jusqu’à ce que l’interdiction de voyager de Trump aux réfugiés, et….
Plus de 6000 universitaires à travers le monde ont annoncé qu’ils allaient boycotter toute conférence universitaire tenue aux États-Unis jusqu’à ce que l’interdiction de voyager de Trump aux réfugiés, et aux hommes et femmes de sept pays à majorité musulmane, soit levée. Ceci a attiré l’attention générale et surtout positive des médias. Même les réactions les plus critiques sont restées interrogatives et exploratoires, plutôt qu’hostiles et négatives.
Tout ceci est bien, et comme il se doit.
Et ceci devrait répondre à ce que j’ai toujours estimé comme l’une des critiques les plus étranges envers le BDS : à savoir, quand des personnes me demandent, et à d’autres sympathisants du BDS : si vous pensez qu’Israël est si mauvais, pourquoi ne soutenez-vous pas un boycott des USA ? Comme si les partisans du BDS comme moi-même se mettaient soudainement, face à un boycott des USA, à se faire mousser dans une défensive autosatisfaite pour une académie américaine.
Mais permettez-moi de pousser la comparaison un peu plus loin, parce que j’en vois beaucoup, de ceux qui soutiennent ce type de boycott des conférences universitaires américaines contre l’interdiction de Trump aux réfugiés/musulmans, prendre position contre le boycott universitaire plus large d’Israël. (À vrai dire, la plupart de ces gens ne soutiendraient même pas un genre plus limité de boycott dans le cas d’Israël, comme celui que l’interdiction de Trump a provoqué).
Ce que ces gens disent sur les médias sociaux, c’est ceci : ce genre de boycott des conférences universitaires américaines est plus contingent et à plus petite échelle. Ce n’est pas un boycott de l’université américaine tout court ou des USA dans leur ensemble. Et la raison pour laquelle il est plus limité est qu’il reconnaît que l’action qui a provoqué ce boycott limité – l’interdiction de Trump aux réfugiés/musulmans – est elle-même une caractéristique incertaine de la politique américain, spécifique à une présidence. Ce n’est pas une caractéristique de toute l’Amérique. Il reconnaît que la majorité du peuple a voté contre Trump, et que l’interdiction pourrait un jour, peut-être même bientôt, être supprimée.
Mais cet argument ne fournit-il pas les raisons mêmes pour lesquelles nous devrions nous engager dans un boycott universitaire plus global de l’État d’Israël ?
Depuis sa fondation, Israël a eu une interdiction du retour pour les réfugiés palestiniens – au départ, quelque six à sept cent mille ; maintenant, des millions – vers l’État d’Israël. Les plus âgés de ces réfugiés ne cherchent pas à être admis dans une nouvelle maison ; ils veulent retourner dans leur maison d’origine. Ce n’est pas une caractéristique contingente de l’État d’Israël, propre à un homme mauvais comme Netanyahu, auquel s’opposerait une grande majorité. Il s’agit d’une caractéristique permanente de l’État d’Israël, constitutive de sa fondation et de son identité en tant qu’État juif, imposée par les politiciens et dirigeants de l’État de tout le spectre politique, depuis près de sept décennies aujourd’hui.
Les règles les plus simples de proportionnalité ne laissent-elles pas entendre que si vous soutenez un boycott des conférences tenues aux États-Unis – ou si vous ne pensez pas que c’est une mauvaise chose – contre l’interdiction de Trump de voyager, un boycott universitaire beaucoup plus global de l’État d’Israël est justifié ? ou, au moins, qu’il devrait être considéré comme un thème légitime de débat rationnel ?