Sciences-Po Paris : nouvelle occupation d’un site par des étudiants propalestiniens malgré l’intervention des CRS la veille

Entre 50 et 70 étudiants ont décidé d’occuper dans la nuit de jeudi à ce vendredi 26 avril le bâtiment historique de l’Institut d’études politiques, rue Saint-Guillaume. Ils réclament notamment «la condamnation claire des agissements d’Israël» par l’école.

Après l’intervention des CRS sur leur campus de la rue Saint-Thomas dans la nuit de mercredi à jeudi, quelques dizaines d’étudiants de Sciences-Po Paris ont récidivé dans la nuit de jeudi à ce vendredi 26 avril. Mobilisés en faveur des Palestiniens et interloqués par cette évacuation inédite des forces de l’ordre la veille, ils ont décidé d’occuper un bâtiment d’un autre site de l’Institut d’études politiques (IEP), dans le sillage des actions menées dans des universités américaines.

Après la fermeture à 21 heures des grilles du bâtiment historique de l’établissement, rue Saint-Guillaume, environ 80 étudiants ont été aperçus dans la rue en train d’apporter des oreillers et denrées à leurs camarades restés à l’intérieur des locaux après le vote d’une nouvelle occupation décidée lors d’une assemblée générale «Même si Sciences-Po ne veut pas, nous, on est là. Pour l’honneur de la Palestine et tous ceux qu’on assassine», chantaient les étudiants rassemblés dans le calme devant le siège de la prestigieuse école. Entre 50 et 70 étudiants sont susceptibles d’être présents dans ce bâtiment, selon des jeunes militants ou sympathisants du comité Palestine Sciences-Po.

Le comité réclame notamment «la condamnation claire des agissements d’Israël par Sciences-Po» et «la fin des collaborations» avec toutes «les institutions ou entités» complices «de l’oppression systémique du peuple palestinien». Il réclame également l’arrêt de «la répression des voix propalestiniennes sur le campus».

«Portés en dehors de l’école»

Mercredi soir, une soixantaine d’étudiants engagés en faveur de la cause palestinienne avaient occupé l’amphithéâtre extérieur d’un campus de l’école dans le VIIe arrondissement. «Après échange avec la direction de Sciences-Po, la plupart ont accepté de quitter les lieux» dans la nuit, mais «un petit groupe d’étudiants a néanmoins refusé et il a été décidé que les forces de l’ordre procèdent à l’évacuation du site», a indiqué mercredi matin la direction de l’établissement, qui «regrette que les nombreuses tentatives de dialogue afin qu’ils quittent les lieux dans le calme n’aient pas permis de trouver une autre issue à cette situation».

A l’arrivée de la police, «50 étudiants ont quitté d’eux-mêmes les lieux, 70 ont été évacués dans le calme à partir de 00 h 20», selon la préfecture de police, qui ne déplore «aucun incident». Selon le Comité Palestine Sciences-Po, ses militants ont été «portés en dehors de l’école par plus d’une cinquantaine de membres des forces de l’ordre» et «une centaine» de policiers les «attendaient également dehors».

La situation de plusieurs universités américaines, prises dans la tourmente provoquée par le conflit à Gaza, parle à ces étudiants français. «Il y a un double diplôme entre Sciences-Po et Columbia [à New York], donc on a des camarades là-bas et les étudiants communiquent entre eux, a expliqué Hicham, membre du Comité Palestine de Sciences-Po. On se place dans la même ligne que ces universités partout dans le monde.»

  • Photo : Rassemblement des étudiants de Sciences Po, devant les locaux rue Saint-Guillaume, en soutien à Gaza pour exiger un cessez-le-feu en Palestine, dans la soirée du 25 avril 2024. (Karim Daher/Karim Daher)