Proche-Orient, l’abîme

Loccupation des territoires palestiniens est illégale et constitue une politique pouvant être qualifiée d’apartheid, a estimé la Cour internationale de justice (CIJ) (lire « La justice internationale accable Tel-Aviv ») à l’heure où Gaza, sa population et ses infrastructures, notamment éducatives, sont systématiquement détruites par l’intervention israélienne (lire « Anéantir l’éducation »). Conscients d’être dans le collimateur de l’extrême droite, qui participe à la coalition gouvernementale, les citoyens arabes d’Israël, particulièrement marginalisés, font profil bas (lire « “Nous ne sommes pas traités comme des citoyens” »). Quant à la majorité juive de la société, traumatisée par l’attaque du 7 octobre, elle oscille entre désir d’effacer les Palestiniens et crainte pour l’avenir du pays (lire « La société israélienne entre hubris et désespoir »). Dans ce contexte, chaque jour qui passe aggrave le calvaire des Gazaouis et rapproche l’ensemble de la région du précipice (lire « La guerre la plus longue »).

Dans ce dossier

La guerre la plus longue

Alain Gresh

Dévastation de la bande de Gaza, escalade entre Israël et le Hezbollah au Sud-Liban et risque d’un conflit ouvert entre Tel-Aviv et Téhéran : près d’un an après les attaques du 7 octobre, le Machrek est au seuil d’un embrasement, que les États-Unis tentent de prévenir. Sans pour autant faire pression sur Israël afin que les négociations avec le Hamas débouchent sur un cessez-le-feu durable.

« Futuricide »

Akram Belkaïd

La guerre qui ensanglante la bande de Gaza depuis le mois d’octobre a favorisé l’émergence de plusieurs mots ou concepts jusque-là peu usités. Celui de « scolasticide » décrit la destruction systématique de l’infrastructure éducative (écoles, universités, centres culturels) (lire « Anéantir l’éducation »). Le terme « urbicide » renvoie quant à lui aux dommages irrémédiables infligés aux villes gazaouies. Apparu dans les années 1960 dans la littérature d’anticipation puis dans les discours des défenseurs (…)

La société israélienne entre hubris et désespoir

Sylvain Cypel

L’attaque du 7 octobre a fait voler en éclats le mythe d’une armée surpuissante sur lequel reposait le sentiment de sécurité de la population. Sous le choc, la société s’abandonne à sa soif de vengeance, sans croire pour autant que l’éradication du Hamas soit un objectif atteignable. La fuite en avant du gouvernement alimente, quant à elle, la hantise de la disparition de l’État d’Israël.

Dix mois de guerre

Ivanie Legrain 

« Nous ne sommes pas traités comme des citoyens »

Ariane Bonzon

En dépit de sa violence aveugle, la guerre menée par Tel-Aviv contre l’enclave de Gaza n’a pas suscité de grandes manifestations de solidarité de la part de la population arabe vivant en Israël. Confrontée à une situation de discrimination multiforme, celle-ci demeure une catégorie de citoyens de seconde zone et tend à s’isoler de l’État comme de la vie politique.

Un bilan humain effroyable

A. B.

Selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), le conflit à Gaza a provoqué la mort de 39 965 personnes dont plus de 14 100 enfants et 9 000 femmes. Selon ce bilan établi le 16 août 2024, plus de 92 000 personnes auraient été blessées, dont 12 320 enfants. « Des milliers d’autres sont portées disparues et seraient probablement sous (…)

Anéantir l’éducation

Angélique Mounier-Kuhn

D’après l’Organisation des Nations unies (ONU), entre le 4 juillet et le 10 août, l’armée israélienne a bombardé au moins vingt et une écoles de Gaza, qui hébergeaient toutes de nombreux civils déplacés. Outre le carnage humain, l’anéantissement méthodique du système éducatif obscurcit un peu plus l’avenir de la jeunesse palestinienne. Certains experts dénoncent un « scolasticide ».

La justice internationale accable Tel-Aviv

Anne-Cécile Robert

« Illégal », « discriminatoire », « abusif »… Dans un avis ciselé, rendu le 19 juillet dernier, la Cour internationale de justice (CIJ) pourfend l’occupation et la colonisation israéliennes du territoire palestinien. Rejetant les arguments de Tel-Aviv et de Washington, elle met la « communauté internationale » au pied du mur.