Un accès humanitaire immédiat est nécessaire afin de vacciner des centaines de milliers d’enfants
(New York) – Les attaques menées par l’armée israélienne contre les infrastructures sanitaires et d’approvisionnement en eau à Gaza, ainsi que l’obstruction persistante de l’aide humanitaire, contribuent au risque d’une épidémie de polio potentiellement catastrophique sur ce territoire, La poliomyélite, ou polio, est une maladie virale évitable mais contagieuse qui se propage rapidement, en particulier chez les enfants de moins de cinq ans ; la polio peut entraîner des handicaps, notamment la paralysie, et la mort chez les enfants non vaccinés.
Le 16 août 2024, le ministère palestinien de la Santé a confirmé le premier cas de polio à Gaza, contracté par un bébé de 10 mois non vacciné. Le même jour, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a signalé que trois enfants à Gaza présentaient des symptômes de paralysie flasque aiguë, laissant craindre une propagation du virus de la polio parmi les enfants sur ce territoire. Le 23 août, l’OMS a confirmé que le bébé de 10 mois était désormais paralysé. Ces cas sont apparus près d’un mois après que l’OMS a alerté qu’un type de poliovirus dérivé d’une souche vaccinale avait été détecté dans les eaux usées de Gaza.
« Si le gouvernement israélien continue de bloquer l’aide urgemment requise à Gaza, et d’y détruire les infrastructures d’eau et de gestion des déchets, il facilitera la propagation d’une maladie qui a été presque éradiquée à l’échelle mondiale », a déclaré Julia Bleckner, chercheuse senior sur les questions de santé et droits humains à Human Rights Watch. « Les partenaires d’Israël devraient faire pression sur le gouvernement pour qu’il lève immédiatement le blocus, et garantisse un accès humanitaire sans entrave à Gaza afin de permettre la distribution rapide de vaccins, pour y contenir la résurgence de la polio. »
Avant le cas de polio confirmé le 16 août, cette maladie n’avait pas été signalée en Palestine depuis plus de 25 ans, grâce à un programme de vaccination infantile efficace. Cependant, la destruction continue par Israël des établissements de soins de santé, des infrastructures d’eau et des systèmes d’assainissement à Gaza, ainsi que son obstruction à l’aide humanitaire, ont créé un « environnement parfait pour la propagation de maladies comme la polio », a averti le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.
La propagation du virus de la polio représente un risque important pour les centaines de milliers d’enfants de Gaza n’ayant peut-être pas été vaccinés depuis l’escalade des hostilités en octobre 2023, a déclaré Human Rights Watch. En 2022, le taux de vaccination contre la polio à Gaza avoisinait 99 %, soit un taux considéré comme « optimal ». Début 2024, ce taux était tombé à moins de 90 %.
Suite à de précédentes détections d’un type de polio dérivé d’une souche vaccinale dans les eaux usées de Gaza, les autorités étaient intervenues en lançant des campagnes de vaccination ciblées pour protéger les enfants. Mais le 27 juillet, le Dr Hamid Jafari, directeur du programme d’éradication de la polio à l’OMS pour la région de la Méditerranée orientale, a expliqué à Human Rights Watch que « l’impact sur le système de santé, l’insécurité, l’inaccessibilité, les déplacements de population et les pénuries de fournitures médicales ont contribué à réduire les taux de vaccination de routine ».
Suite du communiqué en anglais.