Cisjordanie : dix Palestiniens tués dans des raids israéliens

Le porte-parole du Croissant-Rouge palestinien a fait état ce mercredi 28 août de la mort de dix Palestiniens lors de raids israéliens sur plusieurs villes du nord de la Cisjordanie occupée, où l’armée israélienne a dit mener «une opération de contre-terrorisme».

Dix Palestiniens ont été tués lors de raids israéliens sur plusieurs villes de la région dans la nuit de mardi 27 à mercredi 28 août, a fait savoir Ahmed Jibril, le porte-parole du Croissant-Rouge palestinien, qui a également recensé «quinze blessés» jusqu’ici. Parmi les dix victimes, deux ont été tuées dans la ville de Jénine, quatre autres dans le bombardement d’une voiture dans un village proche et quatre encore dans un camp de réfugiés près de la ville de Toubas, a précisé le porte-parole du Croissant-Rouge.

«Deux autres Palestiniens, des frères âgés de 13 et 17 ans, ont été tués dans une maison du camp d’al-Faraa et [les secours] ne peuvent récupérer leurs corps pour le moment», a-t-il poursuivi. Les services palestiniens d’ambulance accusent régulièrement l’armée israélienne de les empêcher d’accéder aux morts et aux blessés lors de ses raids.

Alors que les incursions israéliennes dans des zones autonomes palestiniennes sont quotidiennes en Cisjordanie, Israël a annoncé dans un premier temps mener «une opération de contre-terrorisme à Jénine et Tulkarem», dans le nord de la Cisjordanie. «L’armée opère avec toutes ses forces depuis la nuit dans les camps de réfugiés de Jénine et Tulkarem pour démanteler les infrastructures terroristes irano-islamistes qui y sont implantées», a précisé le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz. En fin de matinée mercredi, Tel-Aviv a indiqué avoir «éliminé» neuf combattants palestiniens lors d’une «opération antiterroriste».

«Mélange disparate»

La presse palestinienne parle de l’opération israélienne la plus importante depuis «Rempart», le déploiement massif de troupes israéliennes pendant la seconde intifada, qui avait entre autres détruit le camp de Jénine en 2002. En réalité, cela ne semble être qu’une version plus intense des raids israéliens qui dévastent les villes de Cisjordanie, et en particulier les camps de réfugiés attenants, depuis près de deux ans. Officiellement, l’armée israélienne semble avoir abandonné l’idée de mettre tout au compte du Hamas : l’ennemi visé est «un mélange disparate de groupes, de cellules» à la solde de l’Iran.

Tsahal ne donne pas de raison officielle au timing de l’opération, qui mobilise toutes les brigades déjà en présence en Cisjordanie, avec plusieurs unités spécialisées, dont celles du génie, souvent mises en avant à Gaza. Mais avec la rentrée des classes prévues pour dimanche, il n’est pas impossible que cela ne soit qu’une manière plus drastique de «tondre la pelouse» pour affaiblir les groupes palestiniens. Soit, dans le jargon de l’armée israélienne, des coups de boutoir récurrents contre l’ennemi.

Dans un briefing matinal à la presse internationale, le porte-parole Nadav Shoshani a voulu montrer que, comme à Gaza, Tsahal tenait à «protéger la population». Les groupes palestiniens posent des explosifs, a-t-il souligné, qui menacent la santé des habitants et l’infrastructure. C’est comme si les bulldozers Israéliens ne passaient pas parfois quotidiennement à Tulkarem et Jénine, labourant la chaussée, détruisant souvent gratuitement les bâtiments, coupant eau et électricité.

Dans son briefing, le lieutenant-colonel, qui sort d’une série de réunions nocturnes, confond régulièrement «Gaza» et «Judée-Samarie», le nom donné par l’administration israélienne à la Cisjordanie. C’est un lapsus peut-être révélateur des débats au sein du gouvernement : depuis plusieurs mois, les faucons israéliens et les colons voudraient faire l’amalgame entre les différentes lignes de front. Mercredi matin, le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, mis en avant à la Haye pour ses propos génocidaires après le 7 Octobre, a proposé de gérer la «menace» en Cisjordanie comme à Gaza, «même si ça veut dire temporairement déplacer la population». «C’est une guerre totale et nous devons la gagner», a conclu le ténor du Likoud dans son message sur le réseau social X.

Plus de 670 morts

Depuis le début de la guerre entre Israël et la bande de Gaza, l’armée israélienne a mené plusieurs raids aériens sur des camps de réfugiés ou des villes du territoire palestinien, occupé depuis 1967 par l’armée israélienne. Il est cependant rare que ces incursions soient menées simultanément dans plusieurs villes, comme ce fut le cas dans la nuit de mardi à mercredi. Ces dernières semaines, les opérations israéliennes en Cisjordanie occupée se sont concentrées sur le nord du territoire, où les groupes armés en lutte contre Israël sont particulièrement actifs.

Tsahal avait déjà annoncé avoir tué lundi 16 août au soir cinq Palestiniens dans un raid aérien sur le camp de réfugiés de Nour Shams de Tulkarem. Deux jours plus tard, elle a précisé avoir à cette occasion notamment «éliminé Jibril Jibril, impliqué dans des activités terroristes à Tulkarem et Qalqiliya, qui avait été libéré en novembre dans le cadre de l’accord» d’échanges d’otages emmenés le 7 octobre à Gaza contre des prisonniers palestiniens incarcérés par Israël.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, plus de 650 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie par l’armée israélienne ou des colons, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles palestiniennes, et au moins 20 Israéliens parmi lesquels des soldats dans des attaques palestiniennes ou lors d’opérations de l’armée en zone autonome palestinienne, selon les données officielles israéliennes.

  • Photo : Des personnes portaient le corps d’une victime d’un raid israélien dans le camp de réfugiés de Nour Shams, en Cisjordanie, le 27 août. (Nasser Nasser/AP)