Les autorités d’occupation israéliennes continuent de refuser aux Palestiniens de Gaza un accès à des soins médicaux appropriés en Cisjordanie et en Israël, en empêchant ou en retardant la sortie….
Les autorités d’occupation israéliennes continuent de refuser aux Palestiniens de Gaza un accès à des soins médicaux appropriés en Cisjordanie et en Israël, en empêchant ou en retardant la sortie via le point de passage d’Erez, ce qui met en danger les vies de dizaines de grands malades palestiniens. Les patients cherchent à parvenir à des hôpitaux proches de Gaza, où les services de santé sont paralysés à cause de l’enfermement et du blocus israéliens. Le 14 janvier 2017, un jeune de 17 ans de Gaza Ville ayant une malformation cardiaque congénitale est mort après que sa demande de passage ait été refusée. Le patient a été convoqué par les services de sécurité israéliens et interrogé au passage d’Erez. Le droit d’accéder à l’hôpital lui a été interdit après qu’il ait refusé de servir de collaborateur des autorités israéliennes, une mesure de coercition employée régulièrement sur les patients palestiniens ayant besoin de permis.
Le réseau d’information d’Al Mezan indique que vers quatre heures du matin le 14 janvier 2017, Ahmed Hasan Shubeir, 17 ans, de Gaza ville, est mort après que les autorités israéliennes aient rejeté sa demande de permis pour sortir de Gaza afin de recevoir un traitement médical salvateur. D’après son père, Ahmed avait souffert d’une malformation cardiaque depuis sa naissance et son père l’avait accompagné plusieurs fois au centre médical Schneider Children de l’hôpital Tel Hashomer en Israël ou à l’hôpital Al Makassed en Cisjordanie. La santé d’Ahmed était restée relativement stable pendant le traitement qui a commencé à sa naissance. En février 2016, sa famille a fait la demande d’un permis de passage, y joignant des rapports médicaux montrant que la santé d’Ahmed était dans un état critique. Les autorités israéliennes convoquèrent sa mère pour une interview au passage d’Erez, ou ils tentèrent par chantage de la forcer à coopérer avec les autorités en échange d’un permis pour son enfant. Elle refusa. Après plusieurs heures d’attente au passage, à la fin, les forces israéliennes permirent à l’enfant et à sa mère de passer.
Le 10 septembre 2016, la famille de l’enfant fit une nouvelle demande mais ne reçut pas de réponse. Après avoir obtenu un nouveau rendez-vous à l’hôpital, ils firent une nouvelle demande le 10 octobre 2016, toujours sans réponse. Le 3 novembre 2016 une demande d’autorisation fut refusée. Puis les services de sécurité israéliens convoquèrent Ahmed pour une rencontre au point de passage et pendant l’interrogatoire, il fut contraint de servir de collaborateur pour les autorités israéliennes en échange de son permis. Le jeune refusa et ne reçut pas de permis. La famille obtint un rendez-vous à l’hôpital pour le 30 janvier 2017 alors que la santé d’Ahmed continuait de décliner. Il mourut deux semaines avant le rendez-vous.
2016 a fait la preuve d’une forte diminution des autorisations de sortie de malades au passage d’Erez : en 2015, 77,66 % des patients ont pu passer, tandis que 61 % ont été autorisés en 2016. En 2015, l’Office sectoriel de coordination de santé palestinien (DCO) a soumis 21 873 demandes d’autorisation aux autorités israéliennes, dont 16 988 furent accordés. En 2016, le DCO a soumis 26 277 demandes de permis, les autorités israéliennes en ont accordé 16 289 et en ont rejeté 1725, les autres restant sans réponse. En décembre 2016, le nombre d’autorisations accordées avait atteint son plus bas niveau annuel. D’après un officiel du DCO, les autorités israéliennes ont élargi le groupe d’âges soumis à des contrôles sécuritaires de 16-35 ans à 16-55 ans, ce qui a par conséquent augmenté les temps d’attente et conduit à plus de rejets de permis.
De 50 à 60 % des patients dont les permis ont été refusés en 2016 par les autorités israéliennes étaient atteints de cancer. Au cours de l’année s’est développée une tendance à accorder aux cancéreux jusqu’à trois permis, mais pas plus, ce qui a conduit à des interruptions de traitements anticancéreux et à une efficacité des soins très réduite.
Les procédures utilisées au passage d’Erez pour ceux qui ont reçu un permis équivalent dans de nombreux cas à un traitement cruel, inhumain et dégradant. Les patients sont soumis à de longues périodes d’attentes et d’interrogations, sans repos ni soins suffisants, à des fouilles abusives pénibles pour les patients, et sont soumises à chantages et contraintes. Être en possession d’un permis ne garantit pas le passage : les forces israéliennes ont arrêté neuf malades et cinq de leurs accompagnateurs au passage d’Erez en 2015 et 2016.
La maltraitance des patients palestiniens de Gaza est mise en œuvre par des restrictions accrues imposées par le bouclage israélien illégal qui se renforce, qui rentrera dans sa 10e année en juin 2017. Le refus de soins médicaux adéquats, qui correspond à un mauvais traitement, viole les traités et le droit coutumier international et correspond à une punition collective interdite. Al Mezan condamne les mauvais traitements des patients palestiniens de Gaza par Israël et exprime son chagrin pour la mort d’Ahmed Shubeir.
Al Mezan appelle à :
- un comité indépendant pour enquêter et rapporter sur les morts d’Ahmed Shebeir et de cas similaires ;
- la communauté internationale à intervenir rapidement pour mettre fin aux violations systématiques des traités et du droit coutumier international et pour faire rendre comptes ; pour lever immédiatement le siège qui correspond à un crime contre l’humanité ; pour protéger les vies des malades ; et
- pour développer les campagnes nationales et internationales pour révéler les pratiques et la politique d’Israël visant les malades palestiniens de Gaza.