L’ONU avertit que Gaza est maintenant ‘inhabitable’ alors que la guerre continue

Le chef des Affaires humanitaires craint que ‘la famine soit imminente’ avec 85 % de la population déplacée et plus de 20.000 morts.

Le chef des Affaires humanitaires de l’ONU a décrit Gaza comme étant « inhabitable » après trois mois de guerre d’Israël avec le Hamas, avertissant que la famine était imminente et qu’une catastrophe sanitaire était en cours.

Dans une sombre évaluation de l’impact dévastateur de la réponse militaire d’Israël aux horribles attaques du Hamas du 7 octobre, Martin Griffiths a dit que les 2.3 millions d’habitants de Gaza font face à « des menaces quotidiennes sur leur existence même » alors que le monde ne fait qu’observer.

Il a dit que des dizaines de milliers de personnes, principalement des femmes et des enfants, ont été tuées ou blessées, des familles dorment dehors alors que les températures ne cessent de baisser et que les zones où on a dit aux Palestiniens de se déplacer ont été bombardées.

Griffiths a dit : « Les gens font face aux plus hauts niveaux d’insécurité alimentaire jamais enregistrés [et] la famine est imminente. » Les rares hôpitaux qui fonctionnent partiellement sont submergés et dangereusement à cours de fournitures, les établissements médicaux font l’objet d’attaques incessantes, les maladies infectieuses se répandent et dans ce chaos, environ 180 Palestiniennes accouchent tous les jours.

« Gaza est tout simplement devenu inhabitable », a dit le sous-secrétaire général des affaires humanitaires de l’ONU.

Il a dit que la communauté humanitaire fait face à une « mission impossible » – essayant d’aider plus de 2 millions de personnes tandis que le personnel de l’ONU et les travailleurs humanitaires des organisations partenaires sont tués, que les coupures de communications continuent, que les routes sont endommagées, les convois de camion pris pour cibles et que les fournitures commerciales essentielles « sont pour ainsi dire inexistantes ».

Griffiths a réitéré les exigences de l’ONU pour un arrêt immédiat de la guerre et la libération de tous les otages, déclarant qu’il était « temps pour la communauté internationale d’utiliser toute son influence pour y parvenir ».

L’attaque du 7 octobre dans le sud d’Israël par le Hamas, qui contrôle Gaza, a tué environ 1.200 personnes et ses combattants et d’autres militants ont pris environ 250 personnes en otage. Plus de 120 sont encore en captivité.

L’agression israélienne sur Gaza par air, par terre et par mer, avec pour but d’anéantir le Hamas, a tué plus de 22.400 personnes, dont deux tiers de femmes et d’enfants, d’après le ministère de la Santé du territoire géré par le Hamas. Ce chiffre ne fait pas la différence entre les civils et les combattants.

Ce conflit a déplacé environ 85 % de la population de Gaza et l’ONU a identifié plus de 37.000 structures détruites ou endommagées jusqu’ici dans la guerre.

L’agence de l’ONU pour les enfants, l’Unicef, a dit vendredi que la plupart des jeunes enfants et des femmes enceintes n’ont pas assez à manger, avec moins de 200 camions d’aide humanitaire entrant quotidiennement à Gaza – moins de la moitié du niveau d’avant-guerre – et la distribution étant entravée par les combats.

Une enquête de l’Unicef a révélé que 90 % des enfants de moins de deux ans mangent quotidiennement deux ou moins des cinq groupes d’aliments essentiels, principalement du pain ou du lait. Un quart des femmes enceintes ont dit qu’elles ne mangeaient qu’un seul groupe d’aliments par jour.

L’Unicef dit que des cas de diarrhée chez les enfants de moins de cinq ans sont passés de 48.000 à 71.000 – signe d’une mauvaise alimentation. Normalement, on ne rapporte que 2.000 cas de diarrhée par mois dans la Bande de Gaza.

Israël a coupé la fourniture de vivres, d’eau potable, de médicaments, d’électricité et de carburant immédiatement après l’attaque du Hamas. En réponse à la pression américaine, il a autorisé fin octobre l’entrée d’une aide au compte-gouttes par l’Égypte et le nombre de camions est monté d’environ 100 à 200 par jour.

Les autorités israéliennes n’ont cessé de dire qu’il y avait assez de nourriture dans le territoire et qu’elles avaient fait les démarches nécessaires pour que l’aide puisse entrer, faisant porter la responsabilité des pénuries sur les organismes de l’ONU.

Pourtant, la porte-parole adjointe de l’ONU, Stéphanie Tremblay, a redit vendredi que « la réponse actuelle ne couvre qu’une fraction des besoins de la population ».

Elle a rappelé que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait dit le mois dernier : « Il est faux de dire que l’efficacité de l’opération humanitaire à Gaza ne tient qu’au nombre de camions. Une véritable opération d’assistance à Gaza exige la sécurité. Elle exige que le personnel puisse travailler en toute sécurité. Elle exige une bonne capacité logistique et la reprise d’une activité commerciale. »