L’hôpital Kamal Adwan hors service après un raid hier et des attaques répétées depuis octobre

28 décembre 2024 – L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est consternée par le raid d’hier contre l’hôpital Kamal Adwan, raid qui met hors service le dernier établissement majeur de santé dans Gaza-Nord. Le démantèlement systématique du système de santé et un siège de 80 jours de Gaza-Nord mettent en danger les vies des 75000 Palestiniens restant dans la zone.

Les premiers rapports indiquent que plusieurs secteurs de l’hôpital ont été brûlés et sévèrement endommagés pendant le raid, en particulier le laboratoire, l’unité de chirurgie et le département d’ingénierie et de maintenance, la salle d’opérations et le magasin d’articles médicaux. Plus tôt ce même jour, douze patients et une femme faisant partie du personnel de santé auraient été contraints à évacuer vers l’Hôpital indonésien, qui est détruit et dysfonctionnel et où il n’est pas possible de fournir le moindre soin, tandis que la majorité du personnel, les patients stables et les accompagnateurs étaient déplacés dans un lieu à proximité. De plus, plusieurs personnes auraient été dépouillées et forcées à marcher vers le sud de Gaza. Au cours des deux derniers mois, la zone autour de l’hôpital est restée très instable et des attaques contre les hôpitaux et les travailleurs de santé ont eu lieu presque chaque jour. Cette semaine, des bombardements dans le voisinage de Kamal Adwan auraient tué 50 personnes, dont cinq travailleurs médicaux de l’hôpital.

Kamal Adwan est maintenant vide. Hier soir, les 15 patients en situation critique, les 50 soignants et les 20 travailleurs de santé qui y restaient ont été transférés à l’Hôpital indonésien, qui manque de l’équipement nécessaire et de produits pour fournir des soins adéquats. Le déplacement et le traitement de ces patients en situation critique dans de telles conditions posent de graves risques pour leur survie. L’OMS est profondément inquiète pour leur bien-être, ainsi que pour le directeur de l’hôpital Kamal Adwan qui aurait été arrêté pendant le raid. L’OMS a perdu tout contact avec lui depuis le début du raid.

Une mission urgente de l’OMS à l’Hôpital indonésien est prévue pour demain afin d’évaluer la situation de l’établissement, de fournir les produits médicaux de base, la nourriture et l’eau et de déplacer en toute sécurité les patients en situation critique vers la ville de Gaza pour une prise en charge continue.

Le raid contre l’hôpital Kamal Adwan suit des restrictions croissantes sur l’accès et des attaques répétées. Depuis le début d’octobre 2024, l’OMS a confirmé au moins 50 attaques contre le secteur de santé, sur l’hôpital ou près de lui. Malgré les besoins de plus en plus pressants des services et des produits d’urgence et pour les traumatismes, seuls 10 des 21 missions de l’OMS à Kamal Adwan ont été partiellement possibles entre le début octobre et décembre. Au cours de ces missions, 45000 litres de combustibles, des fournitures médicales, du sang et de la nourriture ont été livrés et 114 patients, ainsi que 123 accompagnateurs, ont été transférés à l’hôpital Al-Shifa. Mais le déploiement des équipes médicales internationales d’urgence a été refusé à de nombreuses reprises.

Les efforts de l’OMS et de ses partenaires pour soutenir le fonctionnement des hôpitaux ont été réduits à néant. Kamal Adwan et l’Hôpital indonésien étant entièrement hors service, et l’hôpital Al-Awda étant à peine capable de fonctionner et étant gravement endommagé à cause des frappes aériennes récentes, la ligne de vie en matière de santé pour ceux de Gaza-Nord atteint un point de rupture.

L’OMS appelle à garantir de manière urgente que les hôpitaux de Gaza-Nord puissent être aidés afin de redevenir fonctionnels.

Les hôpitaux sont une fois de plus devenus des champs de bataille, rappelant la destruction du système de santé dans la ville de Gaza au début de l’année.

Depuis octobre 2023, l’OMS a lancé à de nombreuses reprises des appels urgents à protéger les travailleurs de santé et les hôpitaux, en vertu du droit humanitaire international — pourtant ces appels sont restés lettre morte. Les établissements de santé, les travailleurs de santé et les patients sont toujours hors limites. Ils doivent être activement protégés et ne jamais être attaqués, ni utilisés à des fins militaires. Les principes de précaution, de distinction et de proportionnalité selon le droit humanitaire international sont absolus et s’appliquent dans tous les cas.