La décision de l’administration Trump d’ouvrir l’ambassade américaine à Jérusalem, alors que les Palestiniens commémorent 70 douloureuses années de déplacement, laisse entendre qu’elle donne à Israël plus de pouvoir que jamais pour essayer de pousser les Palestiniens hors de leur terre natale. Mais une alliance grandissante des communautés progressistes à travers le monde donne aux Palestiniens l’espoir qu’ils peuvent mettre fin, et y arriveront, aux agressions incessantes sur la vie des Palestiniens et à créer un monde meilleur pour tous.
14 mai 2018 – Inversant des décennies de politique étrangère américaine, l’administration Trump déménage aujourd’hui l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem. Ce déménagement coïncide avec la célébration par Israël de son établissement sur les ruines des villes et villages d’où la majorité des Palestiniens a été expulsée il y a 70 ans.
Les Nations Unies et la communauté internationale ne reconnaissent la souveraineté d’Israël sur aucune partie de Jérusalem et considèrent Jérusalem Est comme faisant entièrement partie du territoire palestinien occupé.
Demain, les Palestiniens commémoreront le 70ème anniversaire de la Nakba, ou « Catastrophe », qui signifie l’expulsion massive systématique hors de chez eux des autochtones palestiniens pour établir un Etat à majorité juive. A Gaza, où la plupart des Palestiniens sont des réfugiés, des milliers d’entre eux participeront aux manifestations de la Grande Marche du Retour, demandant le droit pour les réfugiés de retourner sur les terres d’où ils ont été expulsés de force. On s’attend à ce que ces manifestations soient les plus importantes depuis qu’elles ont commencé il y a plus de sept semaines.
Entre 1947 et 1949, les paramilitaires sionistes, puis l’armée israélienne, ont transformé 750.000 à un million de Palestiniens en réfugiés, massacré des civils palestiniens et détruit des centaines de communautés palestiniennes. Israël a utilisé la force pour empêcher les familles palestiniennes de retourner chez elles, et continue de dénier aux réfugiés palestiniens leur droit au retour ratifié par l’ONU.
Une exigence clé des Palestiniens, éminemment exprimée par les manifestants à Gaza, et dont Amnesty International s’est récemment fait l’écho, est un embargo militaire sur Israël, semblable à celui qui avait été imposé à l’Afrique du Sud de l’apartheid pour mettre fin à ses violations insignes des droits de l’Homme.
Abdulrahman Abunahel, organisateur communautaire et coordinateur pour le Comité National palestinien du BDS (BNC), qui dirige et soutient le mouvement mondial BDS pour les droits des Palestiniens, a dit :
« Pour nous Palestiniens, la Nakba n’est pas qu’un crime du passé. Elle est continue, elle n’a jamais pris fin. Mes grands parents ont été violemment expulsés de leur village en 1948 et forcés à vivre en tant que réfugiés dans la Bande de Gaza. Notre beau village, du nom de Barbara, n’est qu’à 16 kilomètres d’ici. Je peux presque le voir, mais je n’ai aucune possibilité d’y aller.
La Nakba continue est la raison pour laquelle j’ai grandi en tant que réfugié vivant sous régime militaire. C’est pourquoi je vis dans ce que beaucoup d’entre nous appellent une prison à ciel ouvert étouffante avec deux millions de personnes, privé de mes droits fondamentaux, dont la liberté de circulation. Israël ne me permettra même pas de quitter momentanément Gaza pour bénéficier d’importants soins médicaux. Mes épreuves ne sont pas exceptionnelles, des dizaines de Palestiniens sont morts l’année dernière, simplement en attendant qu’Israël leur accorde un permis pour recourir à des soins médicaux vitaux hors de Gaza, et des milliers n’ont pas pu se rendre à leurs rendez-vous médicaux.
La Nakba continue est la raison pour laquelle je participe à la Grande Marche du Retour et soutiens le mouvement BDS – je veux simplement le droit de vivre sur la terre d’où je viens, en liberté, en paix et avec dignité. Je suis né réfugié, je ne veux pas mourir en tant que tel. »
Omar Barghouti, cofondateur du mouvement BDS pour les droits des Palestiniens, a dit :
« La décision de l’administration Trump d’ouvrir l’ambassade américaine à Jérusalem, alors que les Palestiniens commémorent 70 douloureuses années de déplacement, laisse entendre qu’elle donne à Israël plus de pouvoir que jamais pour essayer de nous pousser hors de notre terre natale. L’alliance d’extrême droite Trump-Netanyahu provoque des ravages en Palestine et, par extension, dans le monde. A Jérusalem, Israël a depuis longtemps détruit les maisons des Palestiniens, révoqué le droit des autochtones palestiniens de vivre dans leur ville et encouragé les colons israéliens illégaux à chasser les familles palestiniennes et à ouvertement voler leurs maisons. L’administration Trump n’est maintenant plus seulement une facilitatrice, mais aussi totalement partenaire d’Israël dans l’accélération du nettoyage ethnique des Palestiniens à Jérusalem et au-delà.
Pourtant, je garde espoir en la résistance palestinienne, populaire et créative, ravivée maintenant par la Grande Marche du Retour. Je garde espoir parce qu’un nombre croissant de gens à travers le monde voient la relation qui existe entre notre combat pour la liberté, la justice et l’égalité et leurs propres combats pour la justice. C’est pourquoi ils sont de plus en plus nombreux à soutenir le mouvement BDS conduit par les Palestiniens.
Cette alliance internationale croissante de communautés progressistes qui travaillent à vaincre le programme haineux de l’extrême droite, c’est ce qui me fait espérer que nous pouvons et que nous arriverons à mettre fin à la Nakba continue, mettre fin à la destruction continue de la vie des Palestiniens et créer un monde meilleur pour tous. »