Les médecins de Gaza ‘terrifiés’ devant l’irruption de maladies mortelles tandis que les équipes de secours s’empressent de livrer de l’aide

Alors que la pause dans les combats à Gaza semblaient arriver mardi à son cinquième jour, les humanitaires de l’ONU ont averti que les livraisons d’aide devaient se multiplier immédiatement pour sauver la vie des blessés et endiguer le risque d’une irruption de maladies mortelles qui a laissé les médecins « terrifiés ».

Les priorités comportent le transport de carburant vers le nord de l’enclave ravagée par la guerre, pour qu’il serve à alimenter l’électricité des hôpitaux, à fournir de l’eau propre et à maintenir d’autres infrastructures civiles vitales.

Ces services ont été massivement impactés par des semaines de bombardement israélien en réponse aux massacres du 7 octobre par le Hamas dans le sud d’Israël qui ont fait quelque 1.200 morts et environ 240 otages.


« J’ai demandé à sa tatie pourquoi Omar gardait les yeux fermés ? Et elle a dit … il ne peut supporter la pensée qu’il les a perdus en ce monde, mais aussi qu’il pourrait les perdre dans son imagination. »
Rencontre avec un jeune garçon de 7 ans qui a perdu ses parents à Gaza.

« J’ai demandé à sa tatie pourquoi Omar gardait les yeux fermés ? Et elle a dit … il ne peut supporter la pensée qu’il les a perdus en ce monde, mais aussi qu’il pourrait les perdre dans son imagination. » Rencontre avec un jeune garçon de 7 ans qui a perdu ses parents à Gaza.

Les autorités de santé de Gaza ont rapporté que plus de 15.000 personnes, principalement des femmes et des enfants, ont été tuées à ce jour dans les attaques.

Menaces depuis les airs et au sol

Dans une mise à jour depuis le sud de Gaza, le porte-parole du Fond de l’ONU pour l’Enfance (UNICEF), James Elder a dit qu’un docteur de l’hôpital Al-Shifa dans le nord lui avait dit que les menaces sur les enfants qui venaient « principalement des airs, venaient maintenant principalement du sol », sous forme de diarrhées et d’infections respiratoires.

« Il était terrifié en tant que professionnel médical par l’irruption de maladies qui sévit ici et par le fait que cela allait être dévastateur pour les enfants dont le système immunitaire et le manque de nourriture… les rend dangereusement faibles », a ajouté M. Elder.

Alors que les négociations se poursuivent pour la libération de davantage d’otages contre une prolongation de la pause dans les combats, l’UNICEF a évoqué sa consternation à la vue de tant de jeunes qui luttent pour leur vie, « avec d’horribles blessures de guerre, (gisant) dans des parkings sur des matelas de fortune, partout des les jardins, les médecins devant prendre des décisions épouvantables sur à qui donner la priorité ».

Retards mortels

Un autre garçon, dont la jambe avait été arrachée dans les violences, avait passé « trois ou quatre jours » à essayer d’atteindre le sud, retardé par les checkpoints, a poursuivi M. Elder. « L’odeur (de décomposition) était nette … et ce garçon avait des éclats d’obus sur tout le corps. Il était potentiellement aveugle et était brûlé sur 50 % de son corps. »

En écho aux profondes inquiétudes sur l’échelle des besoins à Gaza, l’Organisation Mondiale de la Santé de l’ONU (OMS) a fait remarquer qu’une évaluation réalisée dans le nord au début de la pause du 24 novembre dans les combats avait montré que « tout le monde partout a des besoins plus qu’urgents en matière de santé ».

Risque de famine

S’exprimant à Genève, la porte-parole de l’OMS, Dr. Margaret Harris, a dit que c’était « parce qu’ils meurent de faim, parce qu’ils manquent d’eau potable et qu’ils sont entassés tous ensemble … fondamentalement, si vous êtes malade, si votre enfant à la diarrhée, si vous avez attrapé une infection respiratoire, vous n’obtiendrez aucune (aide) ».

Dans sa dernière mise à jour, l’office de l’ONU de coordination de l’aide, OCHA, a dit que les livraisons de fournitures de secours ont été envoyées en hâte vers le sud du Wadi Gaza, où l’essentiel des environ 1.7 million de personnes déplacées à l’intérieur avaient cherché refuge. « Les fournisseurs de services essentiels, dont les hôpitaux, les infrastructures d’eau et d’assainissement et les abris, avaient continué de recevoir quotidiennement du carburant pour faire fonctionner les générateurs, a rapporté OCHA.

Ce que nous voyons est catastrophique’ : PAM

Le Programme Alimentaire Mondial de l’ONU (PAM) a livré de la nourriture, dont le besoin se faisait cruellement sentir à Gaza, à plus de 120.000 personnes pendant la pause initiale dans les combats, mais dit que ces livraisons sont « cruellement inadaptées pour faire face au niveau de faim perçu par le personnel dans les abris de l’ONU et les communautés. »

La Directrice du PAM pour le Moyen Orient, l’Afrique du Nord et l’Europe Orientale, Corinne Fleischer, a dit que « ce que nous voyons est catastrophique. »

« Nous avons devant nous un risque de famine et d’inanition et, pour le prévenir, nous devons être capables de faire entrer de la nourriture à grande échelle et de la distribuer en toute sécurité », a-t-elle dit. « Six jours ne sont tout simplement pas suffisants pour fournir toute l’aide nécessaire. La population de Gaza doit manger tous les jours, pas simplement pendant six jours. »

« Notre équipe a raconté ce qu’elle a vu : la faim, le désespoir, et la destruction. Des gens qui n’ont reçu aucun secours pendant des semaines. Le personnel a pu voir la souffrance dans leurs yeux », a dit Samer Abdeljaber, Représentant de la Palestine au PAM et Directeur pour le pays. « Cette pause a ouvert une fenêtre de soulagement dont nous espérons qu’elle ouvrira la voie à un calme de plus longue durée. Un accès humanitaire sûr et sans entraves ne peut prendre fin maintenant. »