Les États-Unis demandent une enquête sur la mort d’un petit Palestinien de 7 ans en Cisjordanie occupée

La famille de Rayan Suleiman dit que le cœur de ce petit de 7 ans s’est arrêté et que l’enfant s’est effondré après avoir couru par peur des soldats israéliens qui avaient fait irruption dans sa maison à la recherche de prétendus « lanceurs de pierres ».

Rayan Yasser Suleiman, 7 ans, a été déclaré mort jeudi après-midi à l’hôpital gouvernemental de Beit Jala, peu après qu’il se soit retrouvé inconscient près de chez lui dans la ville de Tuqu’ au sud de la Cisjordanie occupée.

« Hier, les soldats israéliens ont dit que quelques enfants leur ont jeté des pierres dans le village », a dit vendredi à Mondoweiss Muhammad Adel Suleiman, cousin de 27 ans de Rayan, quelques heures seulement après que le jeune Rayan se soit retrouvé gisant dans le village.

Muhammad a dit qu’il ne se passait rien dans le village à ce moment là, « pas d’affrontements, rien », quand les soldats israéliens ont fait une descente dans des maisons de la ville, prétendant que quelques garçons qui y vivaient leur avaient jeté des pierres.

« Ils ont fait irruption dans le village et ont commencé à fouiller les maisons pour y trouver les enfants », a raconté Muhammad. « Ils ont fouillé quelques maisons avant d’arriver à la maison de Rayan, après l’avoir vu, lui est ses frères, près de la maison. Rayan est le plus jeune des trois garçons : Ali, 8 ans, et Khalid, 10 ans.

« Ils sont rentrés à la maison et les soldats ont commencé à cogner agressivement contre la porte », a dit Mohammad, faisant remarquer qu’à ce moment là, les trois garçons étaient à l’intérieur. Les soldats voulaient soi-disant arrêter Ali et Khalid, prétendant qu’ils jetaient des pierres aux soldats.

« Mon oncle a essayé avec force d’empêcher les soldats de prendre les enfants et il y a eu des cris dans toute la maison », a dit Mohammad. « Rayan est sorti de sa chambre pour voir ce qui se passait et, quand les soldats l’ont vu, ils ont commencé à lui hurler dessus aussi. »

Mohammad a dit que Rayan était effrayé et a commencé à courir à travers la maison alors que les soldats le poursuivaient pour l’attraper. Terrifié, Rayan s’est enfui dans la rue, où il s’est effondré.

« J’ai entendu des gens crier, alors je suis sorti de chez moi pour voir ce qui se passait », a dit Muhammad qu vit la porte à côté.

« Certaines personnes disaient qu’un enfant était tombé de la maison alors que l’armée le poursuivait. Quand j’ai vu Rayan gisant dans la rue, je l’ai ramassé et l’ai déshabillé pour voir s’il y avait des blessures, mais je n’ai rien vu qui saigne ni de blessures », a dit Muhammad, écartant les rapports initiaux disant que Rayan était tombé, ce qui avait causé sa mort.

« Il était inconscient, j’ai essayé de le ranimer en versant un peu d’eau sur son visage », a dit Muhammad. « J’ai essayé de faire bouger son visage, puis ses mains, mais son corps était mou, et il ne bougeait pas. »

La famille s’est précipitée pour emmener Rayan à l’hôpital gouvernemental de Beit Jala, où on l’a peu après déclaré mort. Les médecins ont dit à la famille que la cause de sa mort était une crise cardiaque.

« Un sentiment de tristesse, de colère et de haine flotte maintenant parmi nous dans le village après le martyre de Rayan », a dit Mohammad, ajoutant que la mère de Rayan a été emmenée plusieurs fois à l’hôpital depuis que son fils est mort, et le père de Rayan est en état de choc, refusant de parler à quiconque.

« Mon message au monde, c’est que nous voulons simplement vivre en sécurité et en paix. Paix et sécurité pour les enfants. »

Demandes d’enquête

Après les rapports sur la mort de Rayan, l’armée israélienne a dit dans un communiqué qu’« une enquête initiale ne montre aucune relation entre les recherches conduites par les Forces de Défense Israéliennes (FDI) dans la zone et la mort tragique de l’enfant », a rapporté Reuters.

Les rapports de médias israéliens, à la fois dans Haaretz et dans le Times of Israel, ont cité des sources de l’armée et de la sécurité israéliennes disant que les soldats avaient interrogé les parents du garçon « hors de la présence des enfants ». Ces sources ont également déclaré qu’ils n’avaient pas poursuivi l’enfant.

Au cours du point de presse de jeudi, le Département d’État américain a dit qu’il « soutient une enquête approfondie et immédiate sur les circonstances qui entourent le décès de l’enfant », et qu’il avait « le cœur brisé d’apprendre la mort d’un enfant palestinien innocent ».

« Comme l’ont répété souvent le président Biden et le secrétaire d’État Blinken, Palestiniens et Israéliens ont à égalité le droit de vivre en toute sécurité et de jouir à égalité de mesures de liberté et de prospérité », a dit le porte-parole.

Le Représentant de l’UE en Cisjordanie, dans la Bande de Gaza et à l’UNRWA a lui aussi fait une déclaration similaire, disant qu’il était « choqué par la mort tragique » de Rayan. « Selon le droit international, les enfants jouissent d’une protection spéciale. Les autorités israéliennes doivent mener une enquête rapide et complète sur les circonstances de cet incident afin de conduire les responsables devant la justice. »

Le consul général du Royaume Uni à Jérusalem a lui aussi repris la demande d’une enquête sur la mort de Rayan.

Brad Parker, conseiller principal de plaidoyer et de politique à Défense des Enfants International Palestine (DCIP), a dit dans une déclaration à Mondoweiss que « les enfants palestiniens de Cisjordanie occupée vivent dans un contexte hyper-militarisé où les forces israéliennes tuent, torturent et détiennent les enfants en toute illégalité et en toute impunité. »

« Les forces israéliennes ne connaissent pas de limites dans leur tentative de contrôle d’une population palestinienne occupée incroyablement jeune avec des intimidations, des menaces, des incursions nocturnes, des punitions collectives et en instillant la peur. Les normes internationales des droits de l’enfant et les propres lois d’Israël interdisent d’arrêter et de poursuivre un enfant de sept ans, et pourtant des soldats israéliens lourdement armés ignorent cette réalité, poursuivant et détenant couramment de jeunes enfants palestiniens, leur instillant la peur et s’assurant qu’ils n’aient aucun lieu sûr pour se développer et s’épanouir », a dit Parker.

D’après DCIP, 22 enfants palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens en Cisjordanie occupée depuis le début de l’année.