Les écoles palestiniennes de Jérusalem en grève à cause des livres imposés par Israël

Des centaines d’écoles palestiniennes sont en grève pour protester contre les efforts d’Israël pour imposer des manuels scolaires palestiniens censurés.

Jérusalem Est occupée – Les écoles palestiniennes de Jérusalem Est occupée observent une grève générale pour protester contre les tentatives de la municipalité israélienne de Jérusalem pour censurer et corriger des manuels scolaires palestiniens, ainsi que pour introduire un programme scolaire israélien dans les salles de classe.

Des centaines d’écoles ont fermé leurs portes lundi matin – dernière des récentes démarches conduites par les parents ces dernières semaines, parmi lesquelles des manifestations et un refus d’enseigner avec les manuels imposés par Israël.

Dimanche, dans un communiqué de presse conjoint, le comité des parents unifiés et les Forces Nationales et Islamiques palestiniennes de Jérusalem ont appelé à une grève générale et réclamé que les institutions internationales interviennent pour protéger l’éducation palestinienne.

Journalistes et résidents ont partagé des dizaines d’images de salles de classe vides et d’écoles fermées lundi matin.

Ziad al-Shamali, âgé de 56 ans, président de l’union des comités de parents, a dit à Al Jazeera que, si les démarches d’Israël réussissent, il « aura le contrôle sur l’éducation de 90 % de nos élèves à Jérusalem ».

D’après al-Shamali, il y a plus de 280 écoles palestiniennes à Jérusalem, avec quelque 115.000 élèves de la maternelle à la terminale. Il a déclaré qu’environ 90 à 95 % des écoles observaient la grève.

Al-Shamali a dit qu’Israël avait essayé d’imposer une « version déformée du programme scolaire de l’Autorité Palestinienne (AP) » aux écoles privées palestiniennes depuis le début de l’année.

« Il fait cela sous prétexte qu’il accorde des permis aux écoles privées et qu’il leur procure des financements », a dit al-Shamali, qui vit dans le quartier d’al-Tur à Jérusalem Est occupée.

Les écoles existantes gérées par la municipalité pour les Palestiniens de la ville ont déjà commencé à enseigner la version modifiée du programme de l’AP, a-t-il continué, tandis que les nouvelles écoles construites par la municipalité ont été obligées d’enseigner le programme israélien.

« Ce qui inquiète les parents, c’est qu’ils sont coincés entre les programmes palestiniens modifiés et les programmes israéliens », a dit al-Shamali.

« Une israélisation de l’éducation des Palestiniens se poursuit », a-t-il continué, qui existait ces 10 ou 12 dernières années, mais s’est intensifiée ces trois dernières années.

« Maintenant, ils ajoutent leur propre contenu comme ‘Yossi est le voisin de Mohammad’, en parlant des colonies, à propos de la coexistence », a dit al-Shamali. « Ils ont joué avec les manuels scolaires pour l’arabe, la religion, l’histoire et toute référence nationale. »

Dimanche soir, des vidéos ont été partagées sur les réseaux sociaux de résidents qui brandissaient des affiches sur lesquelles ont pouvait lire « grève générale – oui au programme scolaire palestinien, non au programme modifié » ».

En juillet, les autorités israéliennes ont révoqué les permis permanents de six écoles palestiniennes de Jérusalem, déclarant que leurs manuels étaient une incitation contre l’État et l’armée d’Israël. Ils ont reçu l’autorisation de fonctionner pendant un an si le programme d’études était modifié.

La moitié orientale de Jérusalem a été militairement occupée par Israël en 1967 et illégalement annexée. Quelque 350.000 Palestiniens vivent actuellement à Jérusalem Est occupée, avec 220.000 Israéliens vivant parmi eux dans des colonies illégales.

Aujourd’hui, 86 % de Jérusalem Est occupée est sous le contrôle direct du gouvernement et des colons israéliens.

L’annexion de Jérusalem Est n’est reconnue par aucun pays au monde, excepté les États-Unis, parce qu’elle viole le droit international qui souligne que la puissance occupante n’a pas la souveraineté dans le territoire qu’elle occupe.

En 2009, la municipalité de Jérusalem a adopté un plan directeur destiné à « orienter et définir le développement de la ville dans les prochaines décennies ». L’idée, comme défini dans le plan, c’est de créer une majorité démographique juive, les Juifs israéliens représentant 70 % de la ville, et les Palestiniens ne représentant que 30 %. Ce ratio fut reporté plus tard à 60 pour 40.

Al-Shamali a dit que le comité des parents envisageait de continuer à protester ou d’intensifier ses actions si ses exigences n’étaient pas satisfaites ou si les autorités israéliennes commençaient à imposer de force les manuels scolaires modifiés.

« Il est vraisemblable que nous poursuivrons la grève et que nous l’augmenterons », a-t-il dit. « Nous poursuivrons également nos manifestations devant les écoles et nous demanderons aux institutions internationales d’intervenir. »