Les blessures des civils à Gaza sont semblables à celles des soldats en zones de guerre, découvre une étude

Des blessures telles que des brûlures ou des plaies aux jambes plus courantes à Gaza que parmi les soldats américains qui ont combattu en Irak et en Afghanistan.

A Gaza, les civils ont subi des blessures d’un genre et d’une ampleur plus généralement observées parmi les soldats professionnels embarqués dans d’intenses opérations de guerre, a découvert la recherche.

Une étude publiée dans le British Medical Journal (BMJ) a découvert que certains types de blessures – telles que des brûlures ou des plaies aux jambes – étaient plus fréquentes chez les civils de Gaza que chez les soldats américains qui se battaient dans les récents conflits en Irak et en Afghanistan.

« Les civils blessés à Gaza présentent un type de blessures que vous vous attendriez à voir dans d’intenses combats avec des soldats professionnels. La répartition et la nature [des blessures] sont presque les mêmes ou pires », a dit Bilal Irfan, spécialiste en bioéthique qui mène une recherche à l’Université du Michigan et est l’un des auteurs de l’étude.

Cette recherche évaluée par des pairs, la première de ce genre, s’est appuyée sur des données fournies par des dizaines de professionnels de santé internationaux qui ont travaillé à Gaza pendant les presque deux ans de conflit.

Irfan a dit que les données n’incluaient pas les blessures les plus mortelles. « Il s’agit des données concernant les patients qui ont pu arriver à l’hôpital et ont survécu. Nous ne disposons même pas d’un profil complet des blessures graves de ceux qui sont morts sans avoir reçu aucun soin médical », a-t-il dit.

La guerre a été déclenchée par les attaques du Hamas le 7 octobre 2023 sur Israël dans lesquelles les combattants ont tué 1.200 personnes, principalement des civils, et ont pris 251 otages, dont environ 50 sont encore à Gaza et dont on pense que 20 sont encore vivants.

La campagne militaire israélienne qui s’en est suivie a tué plus de 65.000 Palestiniens, principalement des civils, et en a blessé plus de 160.000, et a réduit à l’état de ruines de vastes étendues du territoire et a déplacé la plus grande partie de la population, souvent de multiples fois.

Cette nouvelle étude va accroître la pression sur Israël, confronté à un isolement croissant en raison de sa conduite de la guerre à Gaza. Au total, près de 24.000 blessures liées à un traumatisme ont été signalées dans cette étude, dont 18 % étaient des brûlures. Les deux tiers environ des blessures étaient dues à des explosions.

Les brûlures étaient particulièrement courantes et graves, en particulier chez les enfants, ont trouvé les auteurs. Plus d’un dixième des brûlures l’étaient au quatrième degré, ce qui signifie qu’elles avaient pénétré toutes les couches de tissus jusqu’à l’os.

L’étendue des victimes de blessures traumatiques reflète « l’impact des bombardements aériens et intensifs à l’aide d’explosifs puissants dans des zones civiles », a dit l’étude.

Les blessures par armes à feu ont représenté environ 30 % des traumatismes liés à la guerre, ressemblant aux rapports sur la guerre civile en Syrie où les civils ont été fréquemment les victimes au cours de la décennie de violence. A peine moins de 10 % des patients blessés par balle l’étaient dans la tête.

Les 78 experts qui ont fourni les données venaient de 22 ONG de Grande Bretagne, des USA, du Canada et de l’UE, et comprenaient des spécialistes de plusieurs disciplines. Ils ont été interviewés ou ont fourni des données au cours de leur trois mois à Gaza, a dit Irfan. Les types de blessures à Gaza ont alors été comparés avec les études des anciens combattants américains qui se sont battus en Afghanistan et en Irak.

Dr. Victoria Rose, conseillère en chirurgie plastique qui travaille à l’hôpital St. Thomas et à l’hôpital du King’s College de Londres et qui fait partie des auteurs de l’article du journal, a dit que ces découvertes « devraient sonner l’alarme dans les couloirs des gouvernements du monde entier et dans la communauté humanitaire ».

Les responsables de l’armée israélienne insistent pour dire qu’ils agissent dans le cadre du droit international, mais admettent qu’il existe une tension entre la protection des civils et les « exigences des opérations militaires qui évoluent rapidement ».

Ils ont dit : « Nous sommes dans une guerre très différente des conflits précédents où quiconque s’est battu où que ce soit dans le monde… Il y a des règles d’engagement strictes, mais ce qui a changé, c’est la politique qui a été prévue pour de petites guerres où nous voulions dissuader [des ennemis]… Nous nous battons maintenant à Gaza pour nous assurer que le Hamas ne dirige pas Gaza. »

Les données réunies par l’organisation indépendante de surveillance de la violence, Acled, suggèrent que jusqu’à 15 sur 16 des Palestiniens tués par l’armée israélienne depuis le renouvellement en mars de son offensive à Gaza pouvaient être des civils. Le mois dernier, le Guardian a révélé que les données internes provenant des Forces de Défense Israéliennes (FDI) indiquaient un taux de 83 % de morts civils entre le déclenchement de la guerre en octobre 2023 et le mois de mai de cette année.

Israël a imposé une restriction sévère sur les fournitures entrant à Gaza tout au long de la guerre. Le mois dernier, les experts en sécurité alimentaire soutenus par l’ONU ont confirmé une famine dans la ville de Gaza et dans les zones environnantes.

Le personnel médical qui a contribué à cette nouvelle étude a découvert que la malnutrition avait aggravé l’état des patients, « retardé la cicatrisation des plaies et précipité des décès pour des maladies qui auraient pu être traitées dans d’autres conditions ».

Les rares hôpitaux et cliniques qui restent au centre et au sud de Gaza sont maintenant surchargés par un « tsunami » de patients blessés et malades qui fuient une nouvelle offensive dans le nord du territoire dévasté, dit le personnel médical.

Donald Trump a dit jeudi qu’un accord pour mettre fin à la guerre à Gaza était proche. « Je dois rencontrer Israël », a-t-il dit à la Maison Blanche. « Je pense que nous pouvons y arriver. J’espère que nous allons y arriver. Un tas de gens meurent, mais nous voulons le retour des otages. »