Les anciens étudiants palestiniens appellent le doyen de l’Ecole Kennedy de Harvard à démissionner après le fiasco sur Ken Roth

Le Collectif des Anciens Étudiants palestiniens de l’Ecole Kennedy de Harvard (HKS) demande la démission du Doyen Douglas Elmendorf après qu’il a révoqué l’admission de Ken Roth à cause de….

Le Collectif des Anciens Étudiants palestiniens de l’Ecole Kennedy de Harvard (HKS) demande la démission du Doyen Douglas Elmendorf après qu’il a révoqué l’admission de Ken Roth à cause de ses critiques d’Israël. L’association demande aussi que Roth, qui a été presque trente ans directeur exécutif de Human Rights Watch (HRW), soit réintégré dans l’école.

D’après un article du 5 janvier de Michael Massing dans The Nation, Roth était sur le pont de devenir membre du Centre Carr pour la Politique des Droits de l’Homme de HKS après avoir quitté HRW en 2022. Professeure à l’Ecole Kennedy, Kathryn Sikkink a dit à Massing qu’Elmendorf avait explicitement déclaré que Roth n’obtiendrait pas ce poste à cause de ses critiques d’Israël, et particulièrement ses tweets à ce sujet.

« L’ École Kennedy de Harvard nous est chère à tous. Cependant, nos expériences collectives de la discrimination anti-palestinienne institutionnalisée à HKS comportaient le soutien de l’administration à la violence et à l’apartheid israéliens sponsorisés par l’État », dit la déclaration du collectif d’anciens étudiants. « Nous sommes profondément consternés de voir ce soutien se poursuivre. »

Il faut remarquer les différents standards qu’applique le Doyen Elmendorf », poursuit-il. « Alors qu’il révoquait la nomination de Roth, le Doyen a choisi d’accueillir des fonctionnaires israéliens qui portent la responsabilité de crimes de guerre perpétrés contre les Palestiniens, dont le crime d’apartheid, qui est un crime contre l’humanité. »

Nombre d’autres organisations ont critiqué cette mesure, y compris PEN America, qui a exprimé sa « consternation » et a dit que cette décision « soulève de graves questions au sujet de la crédibilité du programme même de Harvard. »

Le Comité de Solidarité avec la Palestine du Collège de Harvard a dit qu’il était « déçu mais pas surpris » par cette nouvelle. « En tant qu’organisation, nous condamnons la tentative de Harvard de saper la principale organisation mondiale des droits de l’homme et appelons l’université à honorer ses prétendues valeurs en fournissant une plate-forme aux voix qui portent les droits de l’homme sur le devant de la scène et en se désengageant des violations des dits droits », dit sa déclaration.

Le rapport de HRW sur l’apartheid

HRW a dû faire face à des attaques accrues de la part d’associations pro-israéliennes depuis sont rapport de 2021 « Un seuil franchi : Les autorités israéliennes et les crimes d’apartheid et de persécution ». Ce document de 213 pages décrit en détails la responsabilité d’Israël dans « des crimes contre l’humanité d’apartheid et de persécution ». Il recommande également que la communauté internationale modifie son approche envers ce pays.

« Alors que la majeure partie du monde traite le demi-siècle d’occupation israélienne comme une situation temporaire que plusieurs décennies de ‘processus de paix’ va bientôt corriger, l’oppression des Palestiniens là-bas a atteint un seuil et une permanence qui rejoignent les définitions des crimes d’apartheid et de persécution », disait Roth à l’époque.

Comme beaucoup l’ont fait remarquer, HRW critique constamment des centaines de pays, et Israël ne représente qu’un petit pourcentage du travail de l’association. Cela lui a pris des années pour reconnaître qu’Israël est un État d’apartheid, mais ce geste signifiait aussi le fait que le soutien aux droits des Palestiniens commence à s’infiltrer dans les organisations les plus importantes.

Donateurs pro-Israël

Dans son article, Massing identifie aussi un nombre de donateurs pro-israélien de HKS, dont Thomas Kaplan, Lesli Wexner, Idan et Batia Ofer, et Robert et Renée Belfer. « Un rabbin représentant Wexner a approché l’École Kennedy dans l’idée de faire venir des responsables israéliens et des dirigeants de communautés à Cambridge pour un an d’études de mi-carrière, et l’école a accepté », dit l’une des informations de Massing. « Parmi les 10 membres qui viennent tous les ans, il y a des fonctionnaires des ministères, des représentants locaux du gouvernement, des analystes politiques, et des directeurs d’associations à but non lucratif, ainsi que des membres du Mossad, des Forces de Défense Israéliennes, et du service de sécurité du Shin Bet.

Roth reconnaît ouvertement que l’argent des donateurs a pu avoir un impact sur son sort à l’école. « L’ultime question concerne ici la censure dictée par les donateurs. Pourquoi une institution académique devrait-elle laisser percevoir que les préférences d’un donateur, qu’elles soient exprimées ou supposées, peuvent restreindre une enquête ou une publication académique ? », a-t-il écrit dans un article d’opinion du Guardian. Indépendamment de ce qui s’est passé dans mon cas, la riche Harvard devrait ici prendre l’initiative.

Cet aspect de l’histoire est déjà dénoncé comme une « conspiration » par des individus pro-israéliens comme Jonathan Greenblatt d’ADL. Sur Twitter, Greenblatt a prétendu que Massing avait concocté une supercherie qui « implique Israël et la communauté juive américaine ».

Il est difficile de détecter où pourrait commencer la conspiration alors que Sikkink dit qu’Elmendorf a ouvertement admis que la décision a été prise par rapport à Israël.