Le meurtre d’un Palestinien à un checkpoint israélien était une exécution, déclare un rapport

Un groupe basé à Londres affirme que les preuves vidéo jettent le doute sur les affirmations qu’Ahmad Erekat menait une attaque.

Les forces israéliennes ont exécuté l’année dernière un Palestinien de 26 ans à un checkpoint en Cisjordanie occupée, a établi un rapport, mettant en doute les déclarations de la police israélienne comme quoi l’homme serait un « terroriste » qui menait une attaque.

Forensic Architecture, organisme de recherche britannique situé à Goldsmiths, université de Londres, a dit qu’il avait conduit une analyse à propos de la mort d’Ahmad Erekat, qui a été abattu quelques secondes après que sa voiture se soit écrasée sur une cabine et ait légèrement blessé une garde frontière israélienne ».

Cet incident de juin dernier a été décrit ce jour là par la police israélienne comme un « attentat à la voiture », disant que ses forces avaient « rapidement neutralisé [sic] la menace du terroriste ».

Ces quelques dernières années, les attaquants palestiniens ont utilisé des attaques à la voiture contre les forces de sécurité et des civils israéliens.

Pourtant, Forensic Architecture a dit que son enquête, qui a reconstitué la scène en utilisant un film disponible, dont l’enregistrement de sécurité publié par la police, jetait un « doute sérieux » sur les déclarations comme quoi Erekat était impliqué dans une attaque, et suggérait que la collision pouvait avoir été un accident.

Un expert en collisions cité dans le rapport, Jeremy J. Bauer, a découvert que la voiture n’accélérait pas de manière significative et a heurté la femme à vitesse réduite. « Notre analyse découvre aussi des preuves qui soulèvent la possibilité qu’Erekat ait freiné avant l’impact avec le checkpoint », a dit le rapport.

Les forces israéliennes n’avaient fourni « aucune preuve que ce n’était pas le résultat d’une erreur ou d’un dysfonctionnement », a-t-il ajouté.

D’après la famille d’Erekat, il faisait des démarches pour le mariage de sa sœur qui devait avoir lieu plus tard ce jour là.

La police israélienne a déclaré qu’Erekat s’était « approché des policiers » après le crash. Forensic Architecture a dit que la vidéo prouvait qu’il avait « levé les mains en l’air, s’était écarté des soldats et qu’il ne présentait aucune menace immédiate ».

Il a été frappé de six balles en quelques secondes, a-t-elle dit, ajoutant que les forces israéliennes n’avaient procuré aucune aide médicale immédiate, même alors qu’il était visiblement en vie. Ce meurtre était équivalent à une exécution extrajudiciaire, a-t-elle conclu.

Le corps d’Erekat a été dévêtu et laissé plus d’une heure et demie par terre, a-t-elle dit.

Forensic Architecture est dirigée par Eyal Weizman, professeur anglo-israélien à Goldsmiths. Il a conduit plusieurs enquêtes à source ouverte qui utilisent la modélisation 3D, y compris dans l’explosion du port de Beyrouth et la brutalité de la police américaine.

C’est la première enquête de l’Unité Palestine de cet organisme et elle a été soutenue avec de la documentation fournie par l’organisation palestinienne des droits de l’homme Al-Haq.

Réagissant à ce rapport, la police israélienne a déclaré qu’Erekat s’était déplacé « rapidement en direction des membres de la police des frontières » tout en « agitant les mains d’une façon jugée menaçante ».

Les enquêteurs de la police et de l’armée ont conclu que « Erekat exécutait une attaque délibérée à la voiture ». Sans fournir de preuve, la police a dit que les informations trouvées sur le téléphone d’Erekat « renforçaient » cette conclusion.

Elle a ajouté qu’Erekat n’avait plus de pouls après l’incident et qu’il avait été déclaré mort. « Pendant toute la durée de l’incident, il n’y a eu aucun traitement dégradant. »

Elle a dit qu’elle ne pourrait rien dire sur la détention du corps, car cela faisait partie de la procédure judiciaire devant la Haute Cour.

B’Tselem, association israélienne de défense des droits, dit que le pays détient des dizaines de corps d’attaquants palestiniens et de supposés attaquants qui lui servent « d’objets de marchandage pour de futures négociations ». On pense que le Hamas, groupe militant palestinien, détient le corps de deux soldats israéliens.