Une université britannique a suspendu de son poste de professeure une étudiante palestinienne diplômée dans le cadre d’une campagne de dénigrement menée par des soutiens d’Israël. Shahd Abusalama, militante et….
Une université britannique a suspendu de son poste de professeure une étudiante palestinienne diplômée dans le cadre d’une campagne de dénigrement menée par des soutiens d’Israël.
Shahd Abusalama, militante et collaboratrice de The Electronic Intifada de longue date, est doctorante à l’université Hallam de Sheffield.
Abusalama a écrit sur ce qu’elle a vécu dans la Bande de Gaza, où elle est née et a grandi sous l’occupation, le siège et les agressions militaires d’Israël.
Elle a aussi écrit sur l’horreur d’être loin de sa famille à Gaza en 2014 alors qu’ils étaient sous les bombardements israéliens.
La campagne menée contre elle ressemble à la tactique utilisée l’année dernière pour cibler David Miller, professeur à l’université de Bristol.
Miller a été licencié de son poste alors même qu’il a été blanchi de toutes les accusations de sectarisme anti-juif par deux enquêtes indépendantes commandées par l’université de Bristol.
Abusalama a été récemment engagée comme professeure associée à l’université Hallam de Sheffield au nord de l’Angleterre.
Elle se préparait à faire son premier cours le 21 janvier quand un administrateur l’a informée la veille que son cours était annulé et que ses étudiants seraient avertis.
Le fonctionnaire lui a dit qu’une plainte avait déclenché une enquête et que, étant donné les règles de l’université, elle n’aurait pas le droit d’enseigner jusqu’à la conclusion de l’enquête.
Abusalama a subi des attaques répétées dans le passé par des associations et des publications anti-palestiniennes.
Elle et sa famille sont des réfugiés – les Palestiniens chassés de chez eux dans ce qui est maintenant Israël par le nettoyage ethnique mené en 1948 par les milices sionistes. Comme tous les autres réfugiés palestiniens, ils ont l’interdiction par Israël de retourner dans leurs maisons d’origine parce qu’ils ne sont pas Juifs.
Depuis son arrivée au Royaume Uni en tant qu’étudiante, elle a été une militante de premier plan pour la défense des droits des Palestiniens.
Abusalama a organisé le combat contre l’adoption de la définition de l’antisémitisme par l’IHRA, qui confond à tort la critique d’Israël et le sectarisme anti-juif et, en 2019, sur le boycott de l’Eurovision.
La définition controversée de l’IHRA est régulièrement utilisée par les lobbys israéliens pour dénigrer et censurer les défenseurs des droits des Palestiniens.
Abusalama a dit que son militantisme dans ces deux campagnes a été la cible d’attaques des lobbies et des publications israéliennes.
Elle a dit à The Electronic Intifada que les derniers dénigrements ont débuté en décembre, lorsque les Informations juives et le lobby israélien Campagne Contre l’Antisémitisme l’ont accusée d’encourager l’hostilité envers les Juifs.
Auparavant, Joe Glasman, chef des « enquêtes politiques » pour la Campagne Contre l’Antisémitisme, s’est attribué au nom du groupe en décembre 2019 le crédit de la défaite électorale du Parti Travailliste, alors dirigé par Jeremy Corbyn. A la suite de la défaite, Corbyn a annoncé qu’il démissionnerait de la direction du parti.
« La bête est morte », s’est vanté Joe Glasman dans une vidéo, qu’il a ensuite essayé de retirer d’internet. Corbyn a été « abattu », disait la vidéo.
Ardent défenseur des droits des Palestiniens, Corbyn – ainsi que ses partisans dans le peuple – a été la cible d’une campagne de dénigrement de plusieurs années l’accusant à tort de sectarisme anti-juif.
Glasman a déclaré que lui et ses associés avaient battu Corbyn grâce à une campagne coordonnée grâce à des méthodes utilisant entre autres « nos espions et le renseignement ».
On peut voir ici la vidéo que Glasman a tenté d’effacer.
Le directeur général de la Campagne Contre l’Antisémitisme, Gideon Falter, est le vice-président du Fond National Juif du Royaume Uni (JNF UK), qui lève des fonds pour les projets de colonisation sur la terre palestinienne.
La comptabilité de JNF UK montre qu’il fournit un soutien financier aux opérations de recrutement pour l’armée israélienne, et à Ein Prat, groupe qui organise des entraînements pour les Nord Américains qui rejoignent cette armée.
Revendications fallacieuses
Ces accusations de mauvaise foi portées par des soutiens du colonialisme de peuplement israélien sont clairement des tentatives pour harceler et intimider des militants et universitaires comme Abusalama afin qu’ils se taisent.
Abusalama a découvert que l’université avait peut-être seulement exploré les posts de ses réseaux sociaux en lisant les calomnies de la Campagne Contre l’Antisémitisme et des Jewish News (Informations Juives).
L’université ne l’avait ni contactée ni dotée d’une opportunité pour réfuter les déclarations diffamatoires, a-t-elle dit.
Puis, le 19 janvier, le Jewish Chronicle, publication notoirement anti-palestinienne avec une longue histoire de calomnies, injures et diffamation, a envoyé un mail à Abusalama, l’informant qu’il avait l’intention de publier un article sur sa nomination au poste de professeure.
Le Jewish Chronicle listait une sélection de ses messages sur les réseaux sociaux qu’il projetait d’inclure dans l’article.
Abusalama a répondu en expliquant le contexte de chaque message sur les réseaux sociaux et en ajoutant qu’elle voyait bien que les intentions de la publication étaient de la diffamer et l’intimider encore plus afin de protéger Israël de toute critique.
Samedi, le Jewish Chronicle n’avait pas encore publié l’article.
Légitimer les attaques racistes
On ne sait cependant pas clairement qui – ou quel groupe – a déposé la plainte qui a déclenché la suspension de ses cours. Abusalama dit que l’université ne lui a donné aucune information jusqu’ici.
Mais elle a trouvé insultant que l’université légitime les attaques en traitant la plainte comme crédible et digne de faire l’objet d’une enquête.
Abusalama a dit qu’elle était très contrariée que « l’université s’engage et réponde à des publications aussi racistes et je leur ai confirmé qu’ils devraient m’interroger sans d’abord prendre contact avec un membre de leur propre communauté ».
« Les atteintes à la réputation causées par des publications racistes comme celles-là sont une priorité supérieure au devoir d’attention aux membres de leur propre communauté », a-t-elle ajouté.
En attendant, des lettres de soutien affluent dans les boîtes de réception de l’administration, exigeant que l’université protège le poste d’Abusalama et comprenne les motifs racistes et politiques de ces dénigrements.
Et le Syndicat des Universités et Collèges se mobilise pour sa défense.
« Je ne suis pas la première à être ciblée et je ne serai pas la dernière », a-t-elle dit.
« C’est pourquoi leur résister est un devoir, pour ne pas les laisser stéréotyper les Palestiniens comme antisémites simplement parce qu’ils osent rêver de liberté, de justice et d’égalité pour leur peuple. »
Traduction : J. Ch. pour l’AURDIP