Fawzi al-Junaidi, 16 ans reste en prison et sera officiellement inculpé devant la cour militaire israélienne ce mercredi.
L’adolescent palestinien, au centre d’une photo puissante dans laquelle ses yeux ont été bandés et 22 soldats israéliens l’encerclent pour l’emmener en prison, est sur le point d’être inculpé pour avoir lancé des pierres, a déclaré son avocate.
Fawzi al-Junaidi, 16 ans, a été pris en photo le 7 Décembre, dans la ville d’Hébron, en Cisjordanie, lors des manifestations contre la décision du président des Etats-Unis, Donald Trump, de reconnaître la ville contestée de Jérusalem comme la capitale d’Israël.
Portant un jean troué, on voit le garçon tiré en avant par des soldats, en tenue complète de protection, qui lui tiennent chacun de ses bras.
La photo a été largement partagée sur les réseaux sociaux et a provoqué l’indignation au sein des cercles palestiniens et libéraux israéliens, qui ont condamné car représentant ce qu’ils disent être de la criminalisation des enfants arabes par les forces israéliennes de défense (IDF).
L’enfant nie avoir participé aux affrontements, bien que des témoins disent l’avoir vu jeter des pierres.
Selon son avocate, Farah Bayadsi, il fuyait les gaz lacrymogènes quand on l’a frappé avec une crosse de fusil, bandé les yeux et amené à un centre de détention puis, plus tard à la célèbre prison d’Ofer en Israël.
Les IDF n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires de The Independent.
Fawzi reste en prison et sera officiellement inculpé devant la cour militaire israélienne ce mercredi.
On ne sait pas clairement si les soldats qui l’ont arrêté vont être inculpés pour usage excessif de la force.
Des violences ont éclaté à travers la Cisjordanie et Gaza à la suite de l’initiative choquante des Etats-Unis, qui renverse des décennies de politique étrangère et de droit international.
Quatre Palestiniens ont été tués dans des affrontements et un soldat israélien a été poignardé à mort à Jérusalem.
Tandis qu’en Israël et dans les territoires palestiniens les manifestations semblent maintenant s’essouffler, à travers le monde musulman, en revanche, les manifestations entrent maintenant dans leur sixième jour consécutif.
Une vidéo d’enfants palestiniens se faisant crier dessus, trainer et arrêter par les soldats israéliens après avoir jeter des pierres filmée dans zone occupée de la ville d’Hébron en Cisjordanie, a aussi été publiée cette semaine.
Dans la vidéo, publiée par les défenseurs israéliens des droits humains B’Tselem, on voit un petit garçon recroquevillé à côté d’une porte fermée alors que trois soldats l’encerclent.
“Allons-y. Qui c’est ? Prend le,” dit l’un d’entre eux, tirant l’enfant par son bras pour qu’il se relève. Le garçon boite ensuite entre les soldats – l’un d’entre eux lui fait une clé de bras – et est emmené alors qu’il crie “mon bras !” Un soldat lui dit de se taire.
La personne qui filme la vidéo est empêchée par un autre soldat de suivre davantage le garçon.
Au moins trois autres garçons sont emmenés tandis qu’une douzaine de soldats disent aux journalistes et au représentant de B’Tselem de reculer, bousculant même le caméraman.
Dix-huit jeunes au total, la plupart ayant moins de 18 ans, furent arrêtés pour avoir lancé des pierres à des soldats lors de l’incident du 13 Octobre.
Les garçons jetaient des pierres à un groupe de soldats après la prière du vendredi dans le quartier de Bab al-Zawiya, dans les 20 pourcents d’Hébron contrôlés par Israël.
Ils répondirent par des grenades assourdissantes et des balles en caoutchouc, affirment des témoignages oculaires collectés par B’Tselem. Des dizaines de soldats arrivèrent en renforts pour arrêter les garçons et jeunes hommes, qui furent retenus et questionnés dans une pièce de la base militaire avant d’être relâchés vers 22h ce soir-là, explique le rapport de l’association.
Leurs familles ne furent pas tenues informées et on ne permit à aucun des jeunes arrêtés d’avoir accès à ses parents ou à un avocat pendant son interrogatoire.
The Independent a contacté l’administration militaire israélienne de Cisjordanie, le Cogat, pour qu’elle commente les accusations.
Un des garçons arrêtés, qu’on appellera MJ, 13 ans, a déclaré ne pas être impliqué dans les affrontements, mais être arrivé après coup.
“Nous nous sommes tous enfuis. Les soldats nous ont rattrapés et nous ont ordonné de nous tenir face au mur. L’un des soldats m’a donné des coups de pied au bras et à l’arrière des jambes et m’a frappé le dos avec sa crosse de fusil. J’ai commencé à pleurer,” explique-t-il.
“Après environ 15 minutes, ils nous ont emmenés en dehors du centre commercial jusqu’au check-point de Bab al-Zawiya, où ils nous ont encore frappés. Ils nous ont attaché les mains devant et nous ont emmenés à une base militaire, à l’ancienne station de bus, al-Shuhada Street, dans la vieille ville.
“Les soldats nous ont emmenés dans une pièce, nous ont assis et bandé les yeux. Ils nous interrogés pendant près de deux heures tandis que nous avions les yeux bandés. Un soldat m’a demandé si j’avais lancé des pierres, j’ai dis que non. Il m’a dit qu’ils avaient des photos. Je lui ai dis de me montrer les photos, mais il n’a pas voulu et m’a accusé de mentir.”
De tels évènements sont assez courants dans la ville coupée en deux.
“Le contrôle de l’armée israélienne sur des millions de personnes n’est pas simplement un problème théorico-politique : la vie des Palestiniens dans les territoires occupés est sujette à une routine de violence quotidienne,” explique Amit Gilutz de B’Tselem à The Independent.
“L’intimidation, la maltraitance, les arrestations et la détention des Palestiniens, y compris des mineurs, par les forces israéliennes, ainsi que par des instances qui ne sont pas impliquées directement dans l’usage de la force physique, sont toutes des formes différentes, organisées, de violence d’état par Israël.”