Des tas d’enfants palestiniens continuent de lutter pour faire respecter leur droit à l’enseignement alors que les élèves retournaient à l’école la semaine dernière. Les démolitions d’écoles, la confiscation de matériels, les doubles vacations, l’incapacité à considérer l’enseignement comme une priorité et le manque de financement compliquent l’accès des enfants à l’enseignement.
Dans la Zone C de la Cisjordanie, trois écoles primaires/écoles maternelles ont été démolies ou ont vu leur matériel confisqué ces deux dernières semaines, quelques jours à peine avant leur réouverture, pénalisant 132 enfants. Au moins 56 écoles en Zone C, en Cisjordanie, sont sur le point de recevoir un ordre de démolition ou de cessation d’activité, ce qui crée l’incertitude pour des écoliers vulnérables.
« Les défis dans le secteur de l’enseignement reflètent les risques croissants de protection que nous constatons dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé (TPO). Les enfants, les parents et les enseignants partagent les mêmes inquiétudes et craintes rien qu’en essayant de se rendre à l’école en toute sécurité » dit Jennifer Moorehead, directrice de pays pour Save the Children.
En 2016 seulement, 256 violations liées à l’enseignement ont été documentées en Cisjordanie, affectant près de 30 000 élèves. De nombreux enfants doivent étudier dans des écoles mal protégées contre la chaleur et le froid ; certains doivent faire de longs trajets, attendre aux check-points militaires, sont confrontés à des harcèlements et à la violence, aux activités militaires dans ou autour de l’école, ou doivent traverser des zones militaires et des zones de tir.
« Il est de notre devoir collectif de protéger tous les enfants sur leur trajet vers l’école, et à l’école, et de veiller à ce qu’ils aient accès à un enseignement de qualité, ce qui est le droit de tout enfant, partout dans le monde. Non seulement c’est un droit, mais l’accès des enfants à un enseignement de qualité et sûr est essentiel pour parvenir à un avenir plus pacifique » affirme Geneviève Boutin, représentante spéciale de l’UNICEF dans l’État de Palestine.
À Jérusalem-Est, il manque environ 2000 salles de classe dans le système de l’enseignement public municipal. En 2016, seulement 44 nouvelles salles de classes ont été ajoutées ; au cours des trois prochaines années, il faudrait en construire 339 nouvelles.
Dans la bande de Gaza, plus d’un demi-million d’enfants (550 000) sont retournés à l’école dans des salles surchargées – les deux tiers des écoles sont obligées de travailler en double vacation (70 % des écoles de l’UNRWA, 63 % des écoles publiques) et six écoles en triple vacation, pour accueillir un nombre d’élèves toujours plus important en raison du manque d’écoles et de salles de classes. Les enfants sont contraints d’étudier dans des salles de classes obscures et parfois, de faire leurs devoirs à la chandelle à cause d’une dégradation sans précédent dans la crise énergétique. La bande de Gaza ne reçoit quotidiennement que quatre à six heures d’électricité.
Le ministère de l’Enseignement et de l’Enseignement supérieur fait face à une pénurie de 800 agents enseignants et administratifs, et il doit se battre pour couvrir les salaires des enseignants (300 000 dollars de déficit chaque mois).
« Nous devons tous nous lever et être pris en considération dans la défense du droit des enfants palestiniens à un enseignement solide et à un environnement sûr. Le droit international est sans ambiguïté à ce propos – les enfants et les salles de classe jouissent de protections particulières qui doivent être respectées par tous » dit Robert Piper, coordinateur humanitaire pour le TPO.
Toutes les parties au conflit et les détenteurs de devoirs doivent protéger l’accès des enfants à l’enseignement, conformément aux obligations qui leur sont imposées par la législation internationale. Les restrictions à cet accès doivent être levées ; des mesures doivent être prises pour éviter les menaces, la violence et la confrontation sur le chemin de l’école, et à l’école ; les écoles doivent être respectées en tant qu’espaces sûrs et inviolables pour les enfants ; et l’investissement dans l’enseignement doit devenir une priorité urgente.
Note aux rédacteurs en chef
Malgré les défis croissants dans le secteur de l’enseignement, les programmes de l’enseignement restent gravement sous-financés.
Plus de 20 millions de dollars sont nécessaires pour une réponse humanitaire en soutien au système scolaire public – 14 millions rien que pour la bande de Gaza, et 6 millions pour la Cisjordanie.