Le communiqué du BRICUP sur le rapport Tuck de la NUS

Un rapport sur les plaintes pour antisémitisme envers les étudiants juifs à l’intérieur de l’Union Nationale des Étudiants (NUS) en arrive à la conclusion que les discussions au sujet d’Israël et de la Palestine les ont mis mal à l’aise. Le choix du KC pour mener l’Enquête (Rebecca Tuck) nécessitait l’approbation de l’Union des Étudiants Juifs. L’analyse du Rapport par le BRICUP trouve son contenu aussi défectueux que le processus de nomination de l’enquêteur.

Le Rapport Tuck sur les plaintes d’antisémitisme dans l’Union Nationale des Étudiants est une parodie. Le Comité Britannique pour les Universités de Palestine (BRICUP) a fourni des preuves écrites et orales à l’Enquête de Tuck sur le danger de faire de la critique d’Israël une supposition d’antisémitisme. Il est évident que nous parlions à l’oreille de sourds.

Points essentiels

  • Le choix du KC pour mener l’enquête a été soumis à un veto de l’Union des Étudiants Juifs, qui ne représente que l’un des points de vue qu’ont les étudiants juifs sur Israël/Palestine.
  • Le Rapport reconnaît la présence d’un antisémitisme d’extrême droite sur les campus, puis il l’ignore pour se concentrer sur les critiques des étudiants sur Israël.
  • Le Rapport reconnaît brièvement que faire campagne contre les crimes d’Israël, par exemple en défendant Boycott Désinvestissement et Sanctions (BDS), n’est pas nécessairement antisémite, mais il présente des recommandations qui, en fait, le réprimeraient.
  • Le Rapport recommande d’éliminer des candidats au bureau de la NUS en se fondant sur d’anciens messages des réseaux sociaux, y compris les commentaires immatures d’adolescents ; c’est une porte ouverte à l’élimination sélective de ceux qui ont de fervents engagements sociaux.
  • Et avant tout, ces recommandations, si elles sont adoptées, intensifieront sur les campus l’effet dissuasif existant sur la liberté d’expression au sujet d’Israël/Palestine.

Déclaration

Le Comité Britannique pour les Universités de Palestine (BRICUP) exprime sa consternation devant ce Rapport, Enquête indépendante sur les allégations d’antisémitisme dans la NUS. Consternation, mais malheureusement sans surprise.

Le choix de l’enquêteur « indépendant » sur l’antisémitisme dans l’Union Nationale des Étudiants (NUS) a été subordonné à son acceptabilité par l’Union des Étudiants Juifs (UJS), organisation en partie financée par l’ambassade d’Israël. L’élaboration du rapport par Rebecca Tuck KC est un reflet de cette origine, page après page.

Le Rapport Tuck ne fournit aucune preuve crédible de la prévalence de l’antisémitisme ‘anti-sioniste’ qu’il cherche à empêcher. Aucune enquête n’a été menée. Aucune preuve n’est apportée que l’UJS représente tous les étudiants juifs. Les données dont il se sert ont été récoltées grâce à une campagne énergique de l’UJS auprès de ses militants. Il n’y a eu aucune tentative pour découvrir à quel point ces opinions et ces expériences représenteraient les étudiants juifs des universités britanniques. Le Rapport marginalise d’autres voix juives. Il reconnaît même (page 1) que son approche comporte « un risque inhérent d’être partisan et incomplet ».

La source la plus fiable de preuves sur les attitudes des Juifs britanniques envers Israël, c’est l’enquête de 2015 menée par l’Université de la Cité. A la question « Vous considérez vous comme un sioniste ? », 31 % répondent ‘non’ et 10 % répondent ‘Pas sûr’. Ces 41 %, ou quelque soit le nombre maintenant 7 ans plus tard, sont une présence à peine reconnue dans le Rapport.

La partialité dans l’analyse du Rapport passe par sa sélection de longues citations tirées d’une série de livres, d’articles et autres rapports, utilisées pour justifier ses conclusions et ses recommandations. Elles remplissent de nombreuses pages. Dans leur grande majorité, elles sont le travail de partisans convaincus d’Israël et de la « définition de travail » discréditée de l’antisémitisme par l’IHRA. La seule exception évidente ne fait que 5 lignes – et ce n’est qu’une déclaration sur le temps qu’a duré le débat sur l’antisémitisme. Son auteur était l’un de ceux qui avaient donné une preuve verbale à l’enquête. Pourtant, sa critique autoritaire, aussi longue qu’un livre, de la confusion de l’antisémitisme avec l’antisionisme n’est même pas mentionnée.

Les actions recommandées par le Rapport donneront un élan supplémentaire pour réduire au silence les voix des étudiants palestiniens et de ceux qui soutiennent les droits des Palestiniens, qui vivent sous ce que les prestigieux organismes de défense des droits de l’homme Human Rights Watch et Amnesty International ont décrit comme étant sans équivoque de l’apartheid. Nulle part dans le rapport, la signification de cet outrage aux droits de l’homme n’est ne serait-ce que mentionné. Une inquiétude est cependant exprimée à plusieurs reprises pour le malaise dont (certains) étudiants juifs ont fait l’expérience dans les débats de la NUS et autres rencontres.

Le Rapport recommande d’éviter ce malaise en réprimant les débats animés sur Israël/Palestine. Les débats sur BDS ne devraient être autorisés que sous le contrôle d’un ‘animateur expérimenté’. Beaucoup d’étudiants outrés devant la violation des droits fondamentaux des Palestiniens seront même empêchés de se présenter aux élections du bureau de la NUS par la vérification sur la durée de leurs comptes sur les réseaux sociaux.

Qu’il y ait un niveau inquiétant d’antisémitisme à bas bruit sur de nombreux campus a été révélé en 2020 dans un rapport magistral du Conseil Académique du University College de Londres. Cet antisémitisme consiste essentiellement en des remarques désobligeantes fondées sur des stéréotypes traditionnels. Le rapport Tuck préconise une ‘approche de l’antisémitisme à tolérance zéro’, mais n’a rien à dire sur le programme éducatif qui permettrait d’y arriver. En réalité, ce type d’antisémitisme à bas niveau est à peine mentionné dans le Rapport Tuck.

Au lieu de cela, il se concentre infailliblement sur des incidents et des événements dans lesquels a eu lieu une critique politique à l’égard d’Israël. Ceci met les étudiants juifs ‘mal à l’aise’. Le Rapport permet au malaise potentiel de certains, et en aucun cas de la totalité des étudiants juifs de prendre le pas sur ce qui devrait être la préoccupation principale, préserver la liberté d’expression dans nos universités. Si elles sont mises en œuvre, ces recommandations dissuaderont, voire empêcheront, les étudiants d’explorer et d’exprimer leurs inquiétudes au sujet de l’injustice sociale. Il s’agit d’une parodie du genre d’éducation que nous devrions fournir.

NOTES

1. Contact BRICUP : Professeur Jonathan Rosenthal

2. On peut trouver ici le Rapport sur l’antisémitisme dans la NUS