Le biais éditorial du magazine Science contre les Palestiniens

After reading Science’s absurdly one-sided story (February 28, 2024) on the effect of the genocide in Gaza on Israeli academics, I wrote an email to the news editor to intervene. He responded by offering to publish parts of the email as a “letter” in response to the story. I then reworked the text of the email to prepare it for publication and submitted a draft. The editor sent it back with substantial deletions, notably removing the paragraph describing the deliberate nature of the Israeli military’s destruction of academic life in Gaza. The sentence in which I explained the principles of the Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel (PACBI) was also removed, on the grounds that “[w]e often don’t know the motivations of those calling for or practicing a boycott.” I pointed out to the editor that the initial story had speculated freely about the supposed antisemitic motivations of alleged boycotts of Israeli academics and insisted on retaining the deleted passages. The editor declined to withdraw the deletions and I decided not to allow the text to be published in amputated form. Below is the text, including the passages Science refused to publish.

Il est disproportionné, de manière grotesque, de publier un récit sur les inquiétudes manifestées par les universitaires israéliens à propos de potentielles difficultés à publier leurs articles sans même mentionner que selon divers rapports l’armée israélienne a tué au moins 94 professeurs d’université palestiniens et plus de 4000 étudiants depuis octobre. Toutes les universités de Gaza (12 au total) ont été détruites ou endommagées. Le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires humanitaires (OCHA) estime que 625000 étudiants et étudiantes de Gaza n’ont actuellement pas d’accès à l’éducation, sans mentionner les 1,7 million de personnes déplacées à l’intérieur et les 2, 2 millions confrontées en ce moment à une famine aiguë, au niveau de la phase 3 de l’IPC ou pire.

L’article mentionne dédaigneusement en passant « l’entreprise scientifique relativement petite de la Bande de Gaza » et la contraste avec la « communauté de recherche bien plus vaste d’Israël » à laquelle le reste de l’article est consacré. Il semble que nous sommes censés conclure que la destruction de l’« entreprise scientifique relativement petite » de Gaza ne compte pas en comparaison avec le fait que des universitaires israéliens puissent être moins fréquemment invités à des conférences. Ne pas mentionner le blocus israélien de 16 ans sur Gaza, qui —bien avant le 7 octobre — a empêché l’entrée d’équipements et de matériel nécessaires pour la recherche ainsi que la sortie d’universitaires essayant de collaborer avec des partenaires hors de Gaza, est une omission flagrante.

L’article affirme que « les attaques contre les forces du Hamas par l’armée d’Israël ont détruit des bâtiments universitaires et d’autres infrastructures », malgré les preuves accablantes que les forces israéliennes ont délibérément ciblé les structures civiles comme les universités, plutôt que les détruire incidemment dans des attaques contre le Hamas. L’exemple le plus clair est la démolition apparemment contrôlée de l’université Al-Israa par l’armée israélienne en janvier, après avoir utilisé le site comme base et centre de détention pendant plusieurs semaines. Cela et d’autres attaques ciblées sur la vie universitaire à Gaza ont conduit l’organisation Scholars Against the War on Palestine [Universitaires contre la guerre en Palestine] à décrire l’armée israélienne comme commettant un « scholasticide », c’est-à-dire « la destruction systémique, en totalité ou en partie, de la vie éducative d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux. »

Enfin, l’article cite sans commentaire la spéculation sans fondement d’un universitaire israélien sur la « pente glissante de la haine » conduisant quiconque avec « un nom juif » à être soumis à un boycott. Cependant, la Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI) affirme clairement dans ses « Directives pour le boycott académique international d’Israël » que « le mouvement de [Boycott, désinvestissement et sanctions], y compris PACBI, rejette par principe les boycotts d’individus fondés sur leur identité (comme la citoyenneté, la race, le genre ou la religion) ou leurs opinions ». Les universitaires israéliens individuellement, pour ne pas mentionner les universitaires juifs en dehors d’Israël, ne sont pas la cible de la Campagne, qui est au contraire focalisée sur les partenariats avec les institutions israéliennes comme le programme Horizon Europe de l’Union européenne.

En n’expliquant pas les principes du boycott académique d’Israël ou en ne citant même pas une seule critique des politiques et des actions d’Israël envers le peuple palestinien, l’article assimile l’opposition au déplacement et à l’oppression des Palestiniens depuis plusieurs décennies à de l’antisémitisme, une assimilation qui est une manifestation courante du racisme anti-Palestinien. En plus de fournir une couverture à cette oppression, cette assimilation rend plus difficile le combat contre le véritable antisémitisme en liant faussement le peuple juif dans son ensemble aux actions de l’État d’Israël.

J’espère que Science commencera à consacrer une quantité d’attention plus équilibrée aux scientifiques palestiniens vivant sous un bombardement sans discrimination et confrontés maintenant à des conditions de famine dues aux restrictions israéliennes sur l’aide entrant dans Gaza, ainsi qu’aux raids continuels, aux arrestations et aux autres obstructions contre les universités en Cisjordanie.

Josh Lalonde
Science for the People