Dr Ghassan Abu Sittah s’est vu barrer l’entrée en Allemagne où il devait parler à une conférence en solidarité avec la Palestine, qui devait avoir lieu le 12 avril 2024 dans la capitale, Berlin.
Le célèbre médecin palestino-britannique Ghassan Abu Sittah s’est vu barrer l’entrée en Allemagne vendredi, alors qu’il devait parler à Berlin, lors d’une conférence pro-Palestine, maintenant annulée, sur les problèmes rencontrés par le personnel médical à Gaza.
La correspondante de The New Arab Rabeea Eid, qui couvre la conférence, a parlé à Abu Sittah qui a confirmé qu’« ils ne le laissaient pas entrer et qu’il ne pouvait pas faire maintenant une déclaration avant le soir ».
Abu Sittah, qui a été récemment nommé recteur de l’université de Glasgow, est actuellement retenu à l’aéroport de Berlin et ne pourra pas faire son intervention.
« Invité à parler à une conférence à Berlin à propos de mon travail dans les hôpitaux de Gaza pendant le présent conflit », a-t-il twitté.
« Le gouvernement allemand m’a empêché par la force d’entrer dans le pays, faisant taire un témoin du génocide avant que la CIJ n’ajoute à la complicité de l’Allemagne dans le massacre en cours », a-t-il dit à propos de la procédure judiciaire engagée contre l’Allemagne à cause de son soutien pour Israël.
Abu Sittah a bravé les bombardements et d’autres épreuves pour retourner à Gaza le 9 octobre, juste au moment où Israël a commencé son attaque dévastatrice contre l’enclave, attaque qui a tué plus de 33500 Palestiniens.
Il est devenu un des professionnels de santé les plus médiatisés et les plus respectés travaillant à Gaza, parlant aux médias à propos des difficultés subies par le peuple palestinien échoué dans l’enclave.
Pendant les 44 jours où il a traité les victimes palestiniennes des bombes et des balles israéliennes, Abu Sittah a souligné les pénuries médicales dévastatrices auxquelles les médecins étaient confrontés, et qui les obligeaient à se rabattre sur du vinaigre et d’autres denrées domestiques pour effectuer des opérations.
Il devait parler de ses expériences à la « Conférence Palestine : nous vous ferons passer en jugement », qui a été ciblée par des organisations allemandes pro-Israël et dans les médias.
Le lieu de l’événement était tenu secret jusqu’à ce matin à cause des attaques successives contre la conférence dans les semaines passées et les appels pour qu’elle soit interdite.
Cependant, il apparaît maintenant que la conférence a été annulée après sa fermeture par la police de Berlin, la journaliste et militante palestinienne Hebh Jamal ayant seule été capable de parler avant que les autorités ne mettent fin à l’événement. Un correspondant du média soeur de The New Arab’ en langue arabe, Al-Araby-Al-Jadeed, a rapporté que la police berlinoise avait coupé l’électricité dans la salle où se tenait la Conférence Palestine et avait averti l’auditoire et les intervenants pro-Palestine que « nous allons vous poursuivre en justice ».
Une agressive atmosphère anti-palestinienne a envahi l’Allemagne depuis les événements du 7 octobre et l’attaque d’Israël contre Gaza qui les a suivis, une attaque décrite comme un génocide par des experts juridiques et de défense des droits de premier plan.
L’Allemagne a imposé de sévères restrictions sur les manifestations en soutien de la Palestine, allant jusqu’à interdire des déploiements du drapeau palestinien ou le port de keffiyeh.
« Il y a eu un rejet réflexe et sans appel de l’idée qu’Israël pouvait commettre un génocide, » a dit à la journaliste du New Arab, Rabeea Eid, Wieland Hoban du groupe Jewish Voice for Peace in the Middle East [Voix juive pour la paix au Moyen-Orient] d’Allemagne.
« Même si nous voyons des politiciens et d’autres utiliser constamment des motifs moraux pour justifier leur soutien à Israël — c’est aussi un déguisement pour des inquiétudes en grande partie de realpolitik et qui concernent aussi la possibilité que l’Allemagne puisse être complice de génocide, comme le Nicaragua l’affirme maintenant. Donc le gouvernement allemand se défend aussi lui-même en défendant Israël. »
La conférence devait commencer à midi, avec plus de 800 billets vendus, mais la police qui est arrivée en force à l’extérieur du bâtiment a dit que 250 personnes seulement seraient autorisées à entrer.
Les intervenants de la conférence avaient prévu de discuter une variété de questions relatives à Israël et la Palestine, dont la Nakba en cours, les accusations d’antisémitisme, le mouvement de solidarité internationale et des sessions de mise en réseau. Des militants et des intervenants étaient venus de l’étranger pour parler et assister à la conférence.
Une déclaration publiée par les organisateurs avant la conférence dit : « Les crimes continus et en cours en violation du droit international, commis par l’armée israélienne contre notre peuple à Gaza, exigent notre solidarité et notre participation effective dans l’intérêt de la Palestine […] L’opinion publique allemande ne peut plus rester silencieuse. »
Plusieurs intervenants renommés ont été invités aux côtés de Ghassan Abu Sittah, qui venait d’être élu recteur de l’université de Glasgow, dont l’ex-ministre des Finances grec Yanis Varoufakis, le politicien et militant irlandais Richard Boyd Barrett, l’avocate palestino-allemande Nadija Samour, le réalisateur juif anti-sioniste Dror Dayan, l’historien palestinien Salman Abu Sitta et l’autrice palestino-américaine Noura Erekat.