Les oncologues au Ministère de la Santé et au CGAT: Laissez les femmes souffrant de cancer sortir de Gaza pour des traitements médicaux qui leur sauvent la vie.
Au cours de l’année passée, Israël a pris un retard significatif dans le traitement d’urgence d’au moins 45 patients de la bande de Gaza souffrant de cancers. Lundi, une audition spéciale aura lieu au Comité de la Knesset sur le Statut des Femmes et sur l’Égalité de Genre, concernant la situation des femmes de Gaza dans le contexte de la politique de fermeture.
Aujourd’hui (dimanche), plus de trente spécialistes de l’oncologie d’hôpitaux israéliens ont pris l’initiative inhabituelle d’en appeler au Ministère de la Santé et au Coordonnateur des Activités Gouvernementales dans les Territoires (CGAT) pour qu’il soit permis aux femmes de la bande de Gaza souffrant de cancers de voyager pour des traitements urgents et vitaux dans des hôpitaux en Israël et en Cisjordanie. Les signataires incluent des directeurs et des médecins de haut niveau tels que la présidente de l’institut Oncologique du Centre Médical Sheba, la professeure Bella Kaufman, le chef du département de radiothérapie de Beilinson, le professeur Eyal Fenig, la directrice de l’unité du cancer du sein à Assaf HarRofeh, le docteur Ella Evron, le chef du département d’oncologie de Assuta à Haïfa, le docteur Abed Agbarya et d’autres.
Les médecins ont décidé d’agir étant donné les difficultés croissantes dont ils ont fait l’expérience en soignant en continu des patients arrivant à leurs cliniques en provenance de la bande de Gaza. Cela est dû au resserrement de la politique de permis de sortie de la part d’Israël au cours de l‘année passée à l’égard des patients souffrant de cancers. Selon des données fournies par Médecins pour les Droits Humains, le traitement médical de l’année écoulée a connu des retards significatifs pour au moins 45 patientes de Gaza. Certains traitements ont été retardés de six mois et même davantage, et la sortie des patientes n’a été possible que grâce à une pression publique sur les autorités. Aujourd’hui, la sortie de quatorze patientes souffrant de cancers est empêchée par le CGAT au passage d’Erez. Sept de ces femmes ont des cancers du sein, trois de la thyroïde et trois autres ont des tumeurs sur la colonne vertébrale, les poumons et les reins.
Dans leur lettre, les docteurs ont écrit : « Il ne fait aucun doute que plus le diagnostic et le traitement sont engagés tôt, plus la probabilité de soigner et la capacité à soulager les souffrances de patients atteints de cancer est forte. D’un autre côté, il n’y a pas de doute que tout retard de diagnostic et de traitement pourrait conduire à l’aggravation de la maladie, voire à la mort, qui sont évitables ». Les signataires concluent que « il n’y a pas de justification à retarder les demandes de patients pendant de longs mois, puisque tout retard a des conséquences fatales pour leurs chances de rétablissement et de survie ».
La lettre coïncide avec la convocation d’une audition spéciale du Comité de la Knesset sur le Statut des Femmes et sur l’Égalité de Genre présidé par la députée Aida Touma-Suleiman, pour discuter de la situation des femmes à Gaza dans le contexte de la fermeture de la bande de Gaza. L’audition a été initiée par Touma-Suleiman à la suite de centaines de plaintes transmises à son bureau au cours de l’année écoulée à propos du refus des autorités israéliennes d’autoriser la liberté de circulation aux femmes de Gaza pour leur santé, leurs études et leur travail.
La Professeure Bella Kaufman, Présidente de l’Institut d’Oncologie du Centre Médical Sheba et membre du Bureau de Physicians for Human Rights : « Au vu précisément du cycle de violence à la frontière avec Gaza, le sort de patientes de cancer démontre à quel point la politique israélienne à l’égard de la population palestinienne de la bande de Gaza bat de nouveaux records d’indifférence. Les femmes souffrant de cancer nécessitent un traitement immédiat, souvent pour sauver leur vie et leur refuser ce traitement est abusif selon toute norme éthique, humanitaire ou d’ordre international – que ce soit dû à des prétextes bureaucratiques dont on ne manque jamais, ou à des prétextes « sécuritaires » qui sont toujours aisément disponibles. Israël doit montrer qu’il satisfait à ses engagements moraux fondamentaux et permettre à ces patientes de quitter Gaza immédiatement pour leur traitement médical ».