La complicité de Google dans l’apartheid israélien : comment Google utilise la ‘diversité’ pour réduire au silence les Palestiniens et les défenseurs des droits humains palestiniens

Chers Googleurs : Mon nom est Ariel Koren. Je suis une employée juive de Google qui travaille chez Google depuis plus de sept ans. Je suis très reconnaissante à plus….

Chers Googleurs :

Mon nom est Ariel Koren. Je suis une employée juive de Google qui travaille chez Google depuis plus de sept ans. Je suis très reconnaissante à plus de 700 Googleurs (ainsi qu’à 25.000 personnes extérieures) qui ont récemment signé une pétition demandant à Google d’annuler son acte de représailles à mon encontre pour avoir protesté contre le projet Nimbus de Google – un contrat de 1,2 milliard de dollars entre Google, Amazon et le gouvernement et l’armée israéliens.

En raison des représailles, d’un environnement hostile et des actions illégales de l’entreprise, je ne peux plus travailler chez Google et je n’ai d’autre choix que de quitter la compagnis à la fin de cette semaine. Au lieu d’écouter les employés qui veulent que Google respecte ses principes éthiques, Google poursuit agressivement des contrats militaires et prive ses employés de leur voix en réduisant au silence et en exerçant des représailles à mon encontre et à l’encontre de nombreuses autres personnes. Google utilise ses systèmes DEI* et ERG* pour justifier ce comportement. Ce n’est donc pas une coïncidence si les représailles ont touché de manière disproportionnée les femmes, les homosexuels et les personnes appartenant à des minorités ethniques. *[DEI = Diversité, équité, inclusion ; ERG = Groupe de ressources des employés].

J’ai constaté maintes fois qu’au lieu de soutenir les employés qui cherchent à faire de Google une entreprise plus éthique, Google réduit systématiquement au silence les voix palestiniennes, juives, arabes et musulmanes qui s’inquiètent de la complicité de Google dans les violations des droits humains en Palestine, au point d’exercer des représailles officielles contre les travailleurs et de créer un climat de peur. Selon mon expérience, faire taire le dialogue et la dissidence de cette manière a aidé Google à protéger ses intérêts commerciaux avec l’armée et le gouvernement israéliens. J’encourage les Googleurs à se renseigner sur le projet Nimbus et à agir sur go/Drop-Nimbus.

J’encourage également les Googleurs à regarder et partager ces vidéos dans lesquelles des Googleurs palestiniens et leurs alliés arabes, musulmans et juifs antisionistes* s’expriment. *[juif antisioniste = personnes juives, comme moi, qui s’opposent à l’idée d’un ethno-état juif et à l’occupation de la Palestine historique].

Comme indiqué sur leur site web, Jewglers [Googleurs juifs] est le groupe interne destiné à soutenir ‘toutes les personnes juives chez Google’. Il s’agit de l’un des nombreux groupes de ce type censés représenter les employés ayant une identité commune, et il a été créé comme un espace où tous les Googleurs juifs peuvent se connecter et, si nécessaire, aborder la question de la discrimination sur le lieu de travail. Mais dans la pratique, ce groupe fonctionne systématiquement comme un exutoire pour faire avancer les idéologies de droite sous couvert de promotion de la diversité. Grâce à sa plate-forme et à son accès aux responsables DEI et RH de Google, le groupe a systématiquement utilisé le contrôle que lui confère la structure de l’ERG pour faire taire les voix des Googleurs qui soutiennent la liberté palestinienne. La direction de Google s’appuie sur cette structure pour éviter le travail réel d’écoute et de réponse à ses employés qui cherchent à tenir Google responsable de sa relation avec le gouvernement et l’armée israéliens. Plus d’informations à ce sujet ci-dessous :

I. Google s’excuse pour le don au Movement for Black Lives et fait des dons à des groupes non noirs d’extrême droite

Le 22 juin 2020, un mois après le meurtre de George Floyd, le directeur de Google.org a envoyé un courriel au serveur de Jewglers, pour présenter des excuses officielles aux employés juifs. Il a fait état de l’inquiétude des Juifs de l’entreprise quant au fait que le don de Google au Movement for Black Lives, M4BL, avait été involontairement antisémite.

La raison ? La direction de Jewglers avait déposé des plaintes officielles auprès de la direction de l’entreprise au sujet du don, affirmant qu’il était antisémite parce que M4BL, une coalition de dizaines de groupes, comprenait des organisations qui avaient exprimé leur alignement sur les perspectives et le langage de groupes dirigés par des Palestiniens.

J’ai été mortifiée et en colère. Au milieu des soulèvements pour la vie des Noirs, Google présentait ses excuses pour avoir fait un don à la coalition qui mène la lutte contre les brutalités et les meurtres policiers, tout cela parce que les dirigeants de Jewglers avaient délibérément et à tort fait l’amalgame entre soutien aux droits humains des Palestiniens et les tentatives de demander des comptes au gouvernement israélien – et discrimination à l’encontre les Juifs.

Les excuses de Google n’ont rien fait pour nous protéger contre l’antisémitisme. Au contraire, elles n’ont fait que nous dresser les uns contre les autres, ce qui nous divise et nous rend moins sécurisés. Le monde est meilleur lorsque toutes les communautés marginalisées peuvent travailler ensemble pour combattre l’injustice partout.

Le 25 juin 2020, je faisais partie d’un groupe de Googleurs juifs qui ont envoyé un courriel aux dirigeants de l’entreprise leur demandant de maintenir leur don à M4BL. Mais ils nous ont ignorés, et au lieu de soutenir fermement les communautés noires qui luttent pour la sécurité et la dignité, ils ont continué à soutenir les Jewglers en faisant un don officiel de 400 000 dollars à quatre groupes d’extrême droite non noirs choisis par les Jewglers, au milieu des soulèvements de BLM.

Nous avons tenté de dialoguer avec le comité directeur, qui est un groupe de dirigeants non élus faisant office de direction des Jewglers avec un pouvoir de décision et le droit de représenter officiellement la voix juive chez Google. Cependant, ils nous ont interdit d’exprimer nos points de vue sur la liste de diffusion des Jewglers, nous accusant de manifester de la haine envers notre propre communauté juive simplement pour avoir insisté sur la solidarité avec le Movement for Black Lives et les droits des Palestiniens. Les administrateurs du groupe ont déclaré que les discussions politiques sur l’État d’Israël violaient la politique des Jewglers. Cependant, la liste Jewglers était pleine de messages politiques positifs sur Israël ; seules les critiques à l’égard d’Israël étaient supprimées conformément à cette ‘politique’.

Un exemple : Les administrateurs du groupe ont immédiatement approuvé un courriel invitant les Googleurs à ‘visiter Hébron depuis le confort de votre propre maison’, parrainé par le groupe des Jewglers de New York. “Hebron”, c’est une grande ville de colonies israéliennes illégales disséminées en son centre sur des terres palestiniennes occupées. Les Palestiniens d »Hébron’ sont soumis à des déplacements massifs de leurs maisons et de leurs activités en raison d’un apartheid imposé par l’armée, et d’un système cruel de routes séparées et de dizaines de points de contrôle militarisés dans leur propre communauté qui limitent la liberté de mouvement des Palestiniens autochtones, tout en permettant l’expansion des colonies israéliennes illégales. ‘Hébron » continue d’avoir des habitants palestiniens autochtones uniquement grâce à la résilience et à la résistance des familles palestiniennes qui ont insisté pour rester dans leurs maisons.

Un de mes collègues de travail juif a répondu au fil de discussion : ‘La visite comprendra-t-elle une discussion sur les crimes de guerre que le gouvernement israélien commet actuellement contre la population palestinienne en déplaçant une population civile dans une région occupée ?’ Le responsable du comité directeur de Jewglers a immédiatement signalé le commentaire de ce collègue pour ‘discrimination, harcèlement et intimidation‘, simplement parce qu’il avait exprimé sa préoccupation pour les droits des Palestiniens.

Ce type d’interaction est l’un des nombreux exemples où un simple message de soutien aux droits humains des Palestiniens entraîne un message ou une interaction disciplinaire, alors que les échanges pour l’occupation et de la colonisation sont soutenus. C’est exactement ce type de distorsion qui nous a poussés à former notre propre groupe de discussion, Jewish-diaspora-solidarity [extérieurement : Jewish Diaspora in Tech], où les Googleurs juifs et leurs alliés pouvaient se réunir et défendre leurs intérêts sans être soumis à la censure des Jewglers.

II. Google utilise un groupe de juifs pour censurer les Palestiniens et les alliés juifs au milieu de la violence à Gaza

Un an plus tard, en mai 2021, Israël a lancé des centaines de frappes aériennes sur Gaza, tuant plus de 250 Palestiniens, dont plus de 60 enfants. Alors même qu’Israël faisait face à des cfritiques mondiales pour sa violence inutile en Palestine, les Jewglers ont commencé à exiger que les dirigeants de Google expriment leur solidarité avec Israël.

Cela a fonctionné. Des dirigeants comme Sundar Pichai et Susan Wijcicki ont envoyé des courriels exprimant explicitement leur préoccupation pour les Israéliens, mais aucune communication de ce type n’a été faite à l’intention ou au sujet des Palestiniens, qui sont la cible de la violence et de l’oppression quotidiennes d’Israël.

En réponse, nous avons écrit aux cadres à propos du parti pris inhérent aux Jewglers. Notre lettre a recueilli 627 signatures, mais pas un seul dirigeant de l’entreprise n’a répondu. Au lieu de cela, la société a autorisé le comité directeur de Jewglers à rencontrer officiellement des dirigeants tels que Melonie Parker, responsable de la diversité, et Fiona Cicconi, responsable des ressources humaines. Malgré le désaccord généralisé des juifs progressistes, la société a fait des Jewglers la seule autorité en matière d’identité juive chez Google.

Le 28 juin 2021, nous (un groupe de 28 employés juifs) avons envoyé une autre lettre à Melonie et Fiona. ‘Nous pensons que les dirigeants de Jewglers utilisent leur plate-forme et leurs positions de leadership pour soutenir un programme auquel de nombreux Juifs s’opposent, tout en prétendant nous représenter tous’, disait la lettre. ‘Veuillez vous abstenir de traiter les dirigeants de Jewglers comme la seule représentation crédible de l’expérience ou de l’opinion juive dans l’entreprise.’

Au même moment, des Googleurs palestiniens et arabes, rejoints par d’autres Googleurs juifs antisionistes, étaient signalés aux RH par des membres de Jewglers pour avoir critiqué les violations des droits des Palestiniens par Israël. Au lieu de s’attaquer aux problèmes urgents de discrimination dans notre entreprise, les RH ont envoyé des avertissements aux Googleurs du seul fait d’avoir parlé des droits des Palestiniens.

Les membres de la liste Jewglers surveillaient activement les listes musulmanes et arabes de l’ERG, allant parfois jusqu’à se joindre aux listes et à envoyer des messages agressifs à nos collègues arabes et musulmans. Un membre de la liste Jewglers a même dressé la liste des noms des Googleurs musulmans qui avaient signé la lettre de Jewish Diaspora in Tech en faveur des droits des Palestiniens, les distinguant sur une liste de plus de 2 000 personnes parce qu’ils étaient musulmans, et incitant à l’intimidation à leur encontre.

Google privilégie le dialogue interne plutôt que de parler à la presse, mais les courriels sont restés sans réponse. Nous avons continuellement tiré la sonnette d’alarme en remontant la chaîne hiérarchique du DEI, en contactant d’autres dirigeants de l’entreprise et en empruntant d’autres ‘canaux appropriés’ en interne, au sujet de la réduction au silence et de la réprimande des voix juives antisionistes. Malgré cela, les dirigeants ont continué à présenter le groupe Jewglers comme l’autorité supposée de la voix juive chez Google.

Le 16 juin 2021, les administrateurs du groupe m’ont ‘mis en modération’, ce qui signifie essentiellement que le groupe Jewglers m’a interdit de participer librement au groupe. Je l’ai signalé aux modérateurs de l’ERG de Google, mais ils ont prétendu ne pas pouvoir intervenir parce que Jewglers est ‘autorégulé’ par son propre comité directeur (non élu). Et pourtant, le groupe Jewglers est officiellement financé par Google. Il reçoit de l’argent de la société et une plateforme officielle en tant que voix de facto des Googleurs juifs. Alors que l’entreprise nous a dit que les Googleurs qui soutiennent la violence d’Israël ‘ne peuvent pas être réglementés’, les travailleurs qui soutiennent la liberté palestinienne recevaient toujours des avertissements officiels des RH. Dans certains cas, le simple fait de porter des vêtements traditionnels palestiniens au travail a conduit les travailleurs à être convoqués par les RH pour ‘être source de discorde’. Le parti pris ne pourrait être plus clair.

Lorsqu’un autre collègue juif et moi-même avons reçu à notre bureau une lettre de menace pleine de propos racistes et antisémites à l’encontre des Juifs antisionistes, nous avons signalé la lettre aux RH et avons également envoyé un courriel à la vice-présidente Melonie Parker et à la vice-présidente directrice Fiona Cicconi, leur demandant une nouvelle fois de nous rencontrer. [La lettre est accompagnée d’un avertissement de contenu pour langage raciste et antisémite, et un souhait de mort). Notre demande de réunion a été ignorée une fois de plus. Les RH ont déclaré qu’ils n’étaient pas en mesure d’enquêter sur l’expéditeur de la lettre. L’entreprise technologique la plus sophistiquée du monde ne pouvait pas enquêter sur une lettre de menace de mort visant deux de ses propres employés. Les priorités de l’entreprise étaient claires.

C’est simple : comme dans toute communauté, les Juifs ont des origines, des perspectives politiques et – oui – des opinions différentes sur les actions du gouvernement israélien. Nous devons être libres d’être solidaires de nos collègues et de nos utilisateurs sans crainte de représailles. Des millions de Juifs s’opposent à l’oppression des Palestiniens par Israël. Google le sait et a intentionnellement fait taire des centaines de voix, en faisant passer le profit avant les gens par le biais de contrats tels que le projet Nimbus, et en divisant les Juifs des autres communautés minoritaires par le biais de son propre système ERG.

III. Google lance un contrat avec le gouvernement et les militaires israéliens : le projet Nimbus

En mai 2021, en plein milieu de la violence militaire israélienne, Google a discrètement annoncé son plus important soutien à la violence israélienne : Le projet Nimbus, un contrat d’informatique en nuage de 1,2 milliard de dollars entre Google, Amazon et le gouvernement et l’armée israéliens. Les détails sont intentionnellement rares, mais nous savons que Google participera à la construction de centres de données et fournira une infrastructure en nuage à plusieurs agences gouvernementales israéliennes, y compris l’armée israélienne, et l’Autorité des Terres d’Israël, qui est l’agence responsable du vol de plus de terres palestiniennes pour les colonies israéliennes illégales. Pire encore, le contrat empêche Google de fermer ses services à l’avenir, y compris en cas de protestation des employés. Le contrat rend explicitement l’entreprise impuissante à arrêter ses services, qu’Israël utilise ou non la technologie pour aider les violations des droits de l’homme. Des documents rapportés par The Intercept montrent que, dans le cadre du projet Nimbus, Google fournira des outils d’IA avancés à Israël. Les documents de formation Nimbus mettent l’accent sur ‘les capacités de détection des visages, des points de repère faciaux et des émotions de l’API Cloud Vision de Google’ et, lors d’un webinaire de formation Nimbus, un ingénieur de Google a confirmé à un client israélien qu’il serait possible de ‘traiter des données par le biais de Nimbus afin de déterminer si quelqu’un ment’. Il est clair que les outils fournis par Nimbus ont le potentiel d’étendre le modèle israélien de surveillance, de profilage racial et d’autres formes de violations des droits de l’homme assistées par la technologie.

Depuis le lancement de Nimbus, des groupes de défense des droits de l’homme de premier plan comme Amnesty International et Human Rights Watch se sont fait l’écho de ce que les militants palestiniens et la communauté internationale disent depuis des décennies : Israël est un État d’apartheid. Même dans le sillage de la reconnaissance croissante par le grand public de l’apartheid israélien, Google a maintenu ses contrats avec le gouvernement et l’armée israéliens. Le plus grand moteur de recherche du monde passe des contrats avec une armée qui commet des crimes de guerre et maintient l’apartheid, alors que les travailleurs n’ont pas leur mot à dire sur la façon dont la technologie que nous leur fournissons est utilisée.

IV. Google exerce des représailles contre l’opposition à Nimbus

En juillet 2021, je suis partie en congé d’invalidité. Quelques mois plus tôt (mars), j’avais dénoncé un cadre de mon équipe pour divers comportements racistes, sexistes et homophobes, notamment en se plaignant que les femmes de notre équipe n’avaient besoin que d’être deux fois moins douées que les hommes pour être embauchées, en utilisant fréquemment le mot ‘f*ggot’ [faggot – pédé, ndt] devant les clients, parmi d’autres insultes haineuses trop blessantes pour être énumérées ici – ainsi que des dizaines d’autres cas similaires. Le rapport des RH est intervenu après des années de remontée du comportement dans ma chaîne hiérarchique sans qu’aucune mesure corrective ne soit prise par la direction de l’équipe.

Plusieurs victimes et témoins du comportement du cadre, qui a duré plus de trois ans, se sont manifestés, et il a été licencié à la suite de l’enquête. Après son licenciement, j’ai pris un congé d’invalidité pour me remettre de ces années de travail dans un environnement aussi hostile* (Mon dossier de performance, cependant, est resté intact. J’ai obtenu des notes ‘supérieures’ – et plus – sur Perf, j’ai bénéficié d’un grand respect de la part des parties prenantes interfonctionnelles, j’ai été nommé par Google Cloud aux Cannes Lions Awards pour ma campagne de marketing créatif, j’ai embauché et géré deux TVC très performants et j’ai été promu deux fois en quatre ans. Pertinent car il n’y a pas de raisons possibles liées à la performance pour le comportement punitif ultérieur de Google à mon égard).

En octobre 2021, nous avons publié une pétition interne officielle demandant à Google de faire preuve de transparence au sujet du projet Nimbus et, finalement, d’annuler le contrat. Des organisations de la société civile et des droits de l’homme se sont jointes à nous et ont lancé une pétition publique demandant à Google et à Amazon de mettre fin au contrat. Nous avons reçu 800 signatures de Googleurs et 37.500 personnes ont signé la pétition publique. À ce jour, Google n’a toujours pas répondu aux protestations des employés et du public, ni offert un minimum de transparence.

En octobre, j’ai été l’un des deux Googleurs à parler publiquement du projet Nimbus. Je l’ai fait alors que j’étais encore en congé d’invalidité. Deux semaines après avoir pris la parole, je suis revenu de mon congé d’invalidité le 10 novembre 2021. Mon patron m’a dit que pendant que j’étais en congé d’invalidité, la société avait transféré mon poste à Sao Paulo, avec effet immédiat. On m’a dit que j’avais 17 jours pour m’engager à déménager, sinon je perdrais mon poste. On m’a dit que la relocalisation forcée était basée sur des priorités de l’entreprise, mais que le bureau de Sao Paulo travaillait toujours à domicile et qu’il n’y avait aucune nécessité démontrable pour moi de me trouver physiquement à Sao Paulo, encore moins en plein milieu d’une pandémie.

Bien qu’on m’ait donné un délai d’exécution de 17 jours, après seulement 2 jours, mon patron avait déjà commencé à communiquer à l’équipe que je partais. Quand je l’ai confronté, il a dit : ‘Tu veux dire que tu envisagerais vraiment de déménager à Sao Paulo ?’

J’ai immédiatement déposé une plainte. En réponse, Google a engagé son propre enquêteur interne (un avocat qui s’est présenté comme étant sous contrat avec l’entreprise) pour enquêter sur ces représailles. Dans le même temps, un groupe de travailleurs de Google a fait circuler une pétition appelant Google à annuler son acte de représailles à mon encontre, qui a recueilli près de 800 signatures. Des organisations de la société civile ont fait circuler une pétition publique qui compte désormais plus de 25 000 signatures de soutien public. Les Googleurs inquiets ont également réussi à faire pression sur la députée Anna Eshoo, qui représente le 18e district de Californie, où se trouve le siège de Google, pour qu’elle écrive à Google au sujet de cet acte de représailles.

L’équipe des RH de Google a finalement reconnu que le déménagement forcé était ‘inapproprié et préjudiciable’, mais continue de prétendre qu’il n’y a ‘aucune preuve de représailles’. Lorsque je leur ai demandé ce qui était ‘inapproprié et nuisible’, si ce n’est qu’il s’agissait de représailles, ils ont répondu qu’il s’agissait d’un ‘problème de communication’. Lorsque j’ai insisté sur la raison pour laquelle un employé de niveau intermédiaire serait obligé de faire un déménagement transcontinental avec un délai d’exécution de 17 jours au milieu d’une pandémie, immédiatement après son retour d’un congé d’invalidité, les RH ont répété qu’il s’agissait d’un problème de communication et que mon supérieur direct était le seul et unique responsable.

V. Conclusion

J’ai pris la difficile décision de quitter l’entreprise à la suite de tout ceci. J’ai été le témoin constant d’un modèle de représailles contre les travailleurs qui défendent les droits des Palestiniens et qui demandent des comptes au gouvernement et à l’armée israéliens. Google a constamment entretenu une culture consistant à réduire au silence les Juifs antisionistes et à créer des conditions toxiques et injustes pour les travailleurs palestiniens, arabes et musulmans de Google, tout en ignorant la dissidence interne et publique généralisée contre la complicité de l’entreprise dans la violence d’apartheid d’Israël via le projet Nimbus. Les Juifs antisionistes de Google ne cesseront pas de dénoncer les injustices commises par Israël à l’encontre des Palestiniens, mais nous reconnaissons notre privilège de le faire en toute sécurité alors que nos collègues et amis palestiniens ne bénéficient pas du même privilège de se sentir en sécurité et d’être entendus.

Nos collègues palestiniens méritent mieux que cela ; nos utilisateurs palestiniens méritent mieux que cela. Le grand public mérite mieux que cela.

Je demande à mes collègues Googleurs : Pensez à ce que vous auriez fait si vous aviez travaillé pour Polaroid en 1970, lorsque l’entreprise était complice de l’apartheid en Afrique du Sud. Rester silencieux, ou agir comme les travailleurs de Polaroid qui ont pris position pour mettre fin à l’implication de la société en Afrique du Sud ? Les employés de Google ont la responsabilité – et le pouvoir – de faire la différence.

Agissez

1. Rejoignez plus de 750 Googleurs et plus de 400 travailleurs d’Amazon pour demander à Google d’abandonner le projet Nimbus à l’adresse go/drop-nimbus. Et ne vous contentez pas de signer : discutez-en avec vos responsables et vos collègues, parlez-en. Si vous avez un quelconque pouvoir ou privilège, utilisez-le. Ne restez pas silencieux et permettez à vos collègues palestiniens de combattre cette injustice par eux-mêmes. [Voici la pétition publique pour les personnes qui ne travaillent pas chez Google : notechforapartheid.com].

2. Demandez aux dirigeants de Google de veiller à ce que les Googleurs juifs de tous horizons et de toutes idéologies politiques, y compris ceux d’entre nous qui sont antisionistes, puissent participer aux conversations sur la communauté juive avec les dirigeants de l’entreprise.

3. Passez à l’action : La semaine prochaine, le 8 septembre, des travailleurs de Google soutenus par la campagne de la société civile #NoTechForApartheid mèneront des actions directes devant les bureaux de la Bay Area-San Francisco, de New York et de Seattle. Si vous êtes dans l’une de ces régions : Montrez-vous ! Plus d’informations ici.

Amplifiez les voix palestiniennes

Nos collègues palestiniens de Google partagent courageusement leurs expériences en dépit de la culture omniprésente de représailles et de harcèlement. Faisons tous notre part en partageant ces histoires de plus d’une douzaine de nos collègues aussi largement que possible – par e-mail, sur les médias sociaux, dans les réunions, partout où vous le pouvez : bit.ly/google-voices

En savoir plus sur…

1. Être un allié des Palestiniens dans la lutte contre l’apartheid

2. Être un allié des Juifs dans le démantèlement de l’antisémitisme

3. Le sionisme chrétien blanc, qui est la principale source de financement et de lobbying pour Israël aux États-Unis et dans le monde. Christians United For Israel est le plus grand lobby israélien aux États-Unis avec 10 millions de membres (comparé au plus grand groupe de pression juif, l’AIPAC, qui ne compte que 100 000 membres). Il est important d’en savoir plus à leur sujet car le CUFI, un groupe chrétien blanc, a une base de membres hautement antisémites qui pensent que les Juifs sont une race inférieure. Comprendre comment le sionisme fonctionne comme un outil dans la machinerie plus large de la suprématie chrétienne blanche peut vous aider à comprendre et à articuler que l’antisionisme est un pilier central du travail antiraciste. [Regardez Til Kingdom Come pour en savoir plus sur l’antisémitisme au cœur du mouvement sioniste chrétien américain].

Soutenez ces organisations

1. Organisations dirigées par des Palestiniens à soutenir et à suivre: Palestinian Youth Movement; US Campaign for Palestinian Rights; Adalah Justice Project; AlQaws; Palestine Legal; Institute for Middle East Understanding; 7amleh; @eye.on.palestine

2. Les groupes et organisations juives luttant contre l’antisémitisme et toutes les formes de racisme : Jewish Liberation Fund; If Not Now; Jews For Racial & Economic Justice; Jewish Diaspora in Tech; Never Again Action; The Workers Circle; Jewish Bridge Project.

3. Ne soyez pas complaisant ou apathique ; prenez la responsabilité de votre entreprise et de la façon dont votre travail est utilisé. Aidez à lutter contre les représailles et les autres formes de violence institutionnelle chez Google en rejoignant l’Alphabet Workers Union. Quant aux managers, utilisez votre position de pouvoir pour soutenir et faire avancer les efforts des travailleurs qui s’organisent pour une entreprise plus éthique.

D’innombrables employés ont essayé de dénoncer les violations subies par les Palestiniens et ont été intentionnellement ignorés. Lorsque des contrats militaires opaques apparaissent comme le projet Nimbus, j’ai l’impression de travailler pour le sale type.’ – Googleur palestinien

Si vous voulez me joindre, SVP écrivez à arielkoren[chez]proton.me