L’armée israélienne a dit que l’armée ne lance pas de grenades assourdissantes ni de gaz lacrymogène dans les écoles, mais elle a modifié sa réponse après la sortie d’une vidéo.
Un soldat israélien a été filmé en train de lancer du gaz lacrymogène dans une école palestinienne de Hebron pendant le temps scolaire, bien que l’armé le nie. Une source militaire a dit que le soldat avait apparemment tiré en réponse à des jets de pierre d’élèves.
Des Palestiniens ont rapporté que des soldats avaient tiré du gaz lacrymogène et des grenades assourdissantes dans des écoles, mais les Forces de Défense Israéliennes l’ont nié. Haaretz a obtenu une vidéo qui renseigne sur au moins un de ces incidents.
La semaine dernière, des Palestiniens ont parlé au groupe d’anciens militaires israéliens contre l’occupation Breaking the Silence, d’une augmentation de l’étendue des lancers de gaz lacrymogènes dans les écoles de Hebron situées dans un secteur où se trouvent de nombreuses écoles, y compris des écoles primaires.
En réponse à une question posée par Haaretz à l’armée la semaine dernière, le porte-parole de l’armée a dit que l’armée ne lance pas de grenades assourdissantes ni de gaz lacrymogène dans les écoles.
« Il y a eu des émeutes hebdomadaires dans le voisinage d’écoles, où des pierres sont lancées contre les forces armées et contre des civils. La règle est qu’on n’utilise pas de gaz lacrymogène contre des écoles. Les changements météorologiques doivent néanmoins être pris en compte et une partie de la fumée de gaz lacrymogène peut se disperser au gré du vent dans différentes directions » a dit le porte-parole.
Pour autant, une vidéo prise de l’extérieur de l’école de garçons Al Khalil à Hebron réfute ce qu’a prétendu le porte parole de l’armée. La vidéo, prise le 18 novembre montre un soldat israélien lancer une grenade dans la cour de l’école, suivie de gaz lacrymogènes sortant de cette grenade. De plus, des enseignants ont dit à Haaretz que des soldats lancent quotidiennement des grenades dans l’école.
Le directeur de l’école garde une boîte dans laquelle se trouvent des dizaines de grenades utilisées et de cartouches, dont il dit qu’elles ont été lancées dans l’école au cours des deux derniers mois. Des dizaines de photos sont disposées dans l’école ; elles ont été prises depuis 2015, d’après les enseignants, et elles renseignent sur des arrestations d’élèves et des incidents dus à des capsules lacrymogènes lancées dans l’école.
Une source qui travaille dans la sécurité a dit à Haaretz que des enfants lancent des pierres depuis les toilettes de l’école et a ajouté que l’armée israélienne a été en contact avec l’administration de l’école à ce sujet.
Le porte-parole de l’armée a modifié sa réponse après l’enquête de Haaretz et la récente vidéo. Il a confirmé l’incident mais a dit que c’était inhabituel et qu’on se pencherait dessus. « Dès qu’un jet de pierre crée un danger, les forces armées agissent pour disperser l’émeute avec un matériel de contrôle d’émeute, en fonction des nécessités opérationnelles et des règles » a dit le porte-parole, ajoutant que l’incident documenté dans la vidéo « ferait l’objet d’une enquête et d’une clarification des règles ».
Ron Zaidel, le directeur de recherche de Breaking the Silence, a dit que « tandis que des milliers d’élèves palestiniens suffoquent sous les gaz lacrymogènes, le porte-parole de l’armée essaie de dresser un écran de fumée pour cacher la réalité du terrain au public. Mais les milliers de témoignages que nous avons collectés pendant des années montrent clairement que la violence contre les enfants est inévitablement partie prenante de la dictature militaire qui gouverne une population civile. Quand les faits sont clairs et connus, tout un chacun doit se poser une question simple : cette réalité est-elle acceptable par nous ou non ? »
Le recueil de témoignages de Breaking the Silence inclut le témoignage d’un ancien soldat de Nahal, une branche dans laquelle les soldats combinent leur service militaire avec du travail dans les populations civiles en Israël. En 2013 ce soldat a attesté qu’il avait été témoin de lancers de capsules de gaz lacrymogène sur des enfants devant une école. Haaretz n’a pas pu joindre ce témoin pour des commentaires.