L’ ALM vote contre BDS et présente une résolution qui reproche à l’AP et au Hamas les restrictions à la liberté académique des Palestiniens

Lors de la réunion annuelle de l’Association de Lettres Modernes le 7 janvier 2017 à Philadelphie, l’Assemblée des Délégués a voté contre le boycott des universités israéliennes complices du déni….

Lors de la réunion annuelle de l’Association de Lettres Modernes le 7 janvier 2017 à Philadelphie, l’Assemblée des Délégués a voté contre le boycott des universités israéliennes complices du déni de liberté académique pour le peuple palestinien. Une résolution qui ajouterait une insulte raciste au tort subi, en reprochant à l’Autorité Palestinienne et au Hamas, mais pas à Israël, la condition des universitaires palestiniens, a été présentée.

La résolution 2017-1 (résolution Anti-boycott proposée par Russell A. Berman et Martin B. Schichtman) dit :

« Attendu qu’adopter la Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël contredit l’objet de l’ALM qui est de promouvoir l’enseignement et la recherche sur les langues et la littérature,

Attendu que l’interdiction par le boycott de l’évaluation du travail des universitaires israéliens en tant qu’individus s’oppose à la Résolution 2002-1 qui condamne le boycott des universitaires,

Attendu qu’adopter le boycott pourrait restreindre les débats avec les représentants des universités israéliennes, tels que les membres de la faculté, les présidents de département et les doyens, interdisant ainsi un dialogue possible et un large échange universitaire,

Il est résolu que l’ALM s’abstient d’adopter le boycott. »

Il y a eu 101 votes pour et 93 contre cette résolution. Il est clair que les restrictions actuelles sur le dialogue et les échanges scolaires avec les universitaires palestiniens ne posent pas de problème aux 101 délégués
qui ne s’inquiètent que des privilèges des « représentants des universités israéliennes ».

La résolution pro-boycott, Résolution 2017-2, proposée par Rebecca Comay de l’université de Toronto et David Lloyd de la Campagne Américaine pour un Boycott Académique et Culturel d’Israël, déclare :

« Attendu que l’ALM affirme : « Quand la liberté académique est restreinte, l’éducation supérieure est compromise »,

Attendu que les USA soutiennent matériellement les violations continues des droits de l’Homme et du droit international par Israël,

Attendu que ces violations incluent le déni systématique de la liberté académique et du droit à l’éducation pour les universitaires et étudiants palestiniens,

Attendu que les universités israéliennes contribuent à la perpétuation de ces violations,

Il est résolu que l’ALM adopte l’appel de la société civile palestinienne au boycott des institutions académiques israéliennes, et

Il est par ailleurs résolu que l’ALM soutient le droit des professeurs et des étudiants où qu’ils soient à plaider en faveur du boycott des institutions académiques israéliennes, sans craindre de représailles. »

La résolution pro-BDS a été rejetée par 79 pour et 113 contre. Mais ce qui a été encore plus affreux que le vote en faveur de la résolution anti-boycott, c’est ce qui a suivi, la Résolution 2017-3, qui accuse le Hamas et l’Autorité Palestinienne, mais pas Israël, des restrictions à la liberté académique du peuple palestinien en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.

La Résolution 2017-3, proposée par Agnès X. Mueller, dit :

« Considérant que des preuves d’attaques répétées contre la liberté académique des universitaires et étudiants palestiniens par les organisations politiques palestiniennes, dont à la fois l’Autorité Palestinienne et le Hamas, ont été rassemblées,

Considérant que ces attaques contre la liberté académique limitent les activités universitaires dans les universités palestiniennes,

Il est résolu que l’ALM condamne les attaques sur la liberté académique dans les universités palestiniennes, qu’elles soient commises par l’Autorité Palestinienne ou par le Hamas. »

Dans une évolution intéressante, présentée comme une « démarche de conciliation » à la suite de la défaite de la résolution BDS, les parrains de la Résolution 2017-3 ont proposé qu’elle soit présentée. La proposition de présenter la résolution a été acceptée, éliminant ainsi presque toute possibilité de dévoiler qui se trouve réellement derrière les violations de la liberté académique des Palestiniens, c’est-à-dire Israël. On peut trouver sur le site BDS ce débat qui dit, entre autres choses :

« Les attaques incessantes et délibérées d’Israël contre l’éducation palestinienne, que certains ont récemment appelées scholasticide, remonte à la Nakba de 1948, lorsque Israël a pillé et/ou détruit des dizaines de milliers de livres palestiniens.

Pendant la première Intifada palestinienne (1987-1993), Israël a fermé toutes les universités palestiniennes, dont certaines pendant plusieurs années, la totalité des 1.194 écoles palestiniennes et finalement, les jardins d’enfants, poussant les Palestiniens à construire un « réseau illégal » d’écoles clandestines.

Les universitaires et les étudiants palestiniens sont méthodiquement privés de leurs droits fondamentaux, y compris de la liberté académique, et subissent souvent l’emprisonnement, le déni de leur liberté de circulation et même de violentes agressions.

Durant son attaque sur Gaza en 2014, d’après l’UNICEF, Israël a ciblé au moins 153 écoles, dont 90 régies par l’ONU, ainsi que la plus grande université.

Les universités israéliennes ont non seulement gardé le silence, mais ont très souvent directement soutenu ou justifié l’incessante répression de l’éducation palestinienne par l’État. »

Au moment où j’écris, on parle de débrayage à l’ALM, d’une lettre collective de démission et même d’un boycott de l’ALM. Le débrayage ne serait cependant pas immédiat puisque les résolutions doivent d’abord être soumises au vote de la totalité des membres de l’ALM qui se chiffre à près de 25.000 universitaires.